Violences faites aux femmes : une mobilisation nationale pour briser le silence

23 novembre, 2024 / Entrevue

En ce samedi 23 novembre, à l’approche de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le collectif féministe #NousToutes mobilise des milliers de personnes à travers la France. Plus de 80 manifestations sont prévues dans l’Hexagone pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles, les féminicides, et les violences de genre. Un appel fort pour interpeller les consciences et réclamer des réponses concrètes de la part des pouvoirs publics.

Un fléau persistant : un féminicide tous les trois jours

Depuis le début de l’année 2024, #NousToutes décompte 122 féminicides en France, soit un toutes les 72 heures. Ces chiffres alarmants rappellent l’urgence d’agir contre ces violences qui continuent de toucher les femmes, dans leur diversité. « Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, plus d’un millier de femmes et filles ont été assassinées. Qui s’en indigne réellement ? », s’interroge le collectif dans son appel à manifester.

Les rassemblements, qui se dérouleront samedi et lundi, visent à mettre en lumière non seulement les féminicides, mais aussi les violences sexuelles, le harcèlement, et les violences subies par les minorités de genre. Parmi les victimes souvent invisibilisées : les femmes trans, migrantes, travailleuses du sexe ou sans domicile fixe.

À Paris, le rendez-vous est fixé à 14 heures à la Gare du Nord. Des rassemblements similaires auront lieu dans toutes les grandes villes : Marseille (11h), Lyon (15h), Lille (14h), Toulouse (14h), ou encore Brest (18h). Ces manifestations coïncident avec le cinquième anniversaire du Grenelle contre les violences conjugales, qui avait promis une « mobilisation générale ».

Pourtant, selon les militantes, les engagements restent insuffisants. En 2023, l’État a alloué 184,4 millions d’euros à cette cause, un budget jugé dérisoire par les associations, qui réclament un financement annuel pérenne de 2,6 milliards d’euros.

Ce mouvement intervient dans un contexte marqué par le procès des viols de Mazan, où Gisèle Pelicot a témoigné des abus qu’elle a subis pendant une décennie, dans l’indifférence de son entourage. « Les auteurs de violences ne sont pas des monstres, ce sont des hommes de notre quotidien », a-t-elle déclaré, invitant à un changement de paradigme : « La honte doit changer de camp. »

140 mesures pour un changement systémique

Dans un effort collectif, 63 organisations ont présenté jeudi une liste de 140 recommandations pour éradiquer toutes les formes de violences sexuelles. Parmi les mesures phares :

  • Une éducation affective et sexuelle renforcée à l’école.
  • L’interdiction stricte de l’accès des mineurs à la pornographie.
  • Une justice spécialisée et des dépôts de plainte simplifiés.
  • Un accès gratuit aux soins psychologiques pour les victimes.

« Les plaintes pour viol ont triplé depuis #MeToo, mais les moyens humains n’ont pas suivi. Les classements sans suite atteignent des niveaux scandaleux », a dénoncé Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes.

En parallèle, des rassemblements prévus lundi rendront hommage aux femmes victimes de violences dans les zones de conflit, notamment en Ukraine, en Afghanistan ou au Haut-Karabakh. « Nous clamons notre solidarité avec nos sœurs du monde entier », a affirmé la CGT, qui s’associe au mouvement.

Alors que des milliers de voix s’élèvent ce week-end, le message est clair : il est temps de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité nationale et mondiale.