Violences faites aux femmes : le gouvernement dévoile de nouvelles mesures

25 novembre, 2024 / Entrevue

Le gouvernement français a dévoilé une série de mesures pour intensifier la lutte contre les violences faites aux femmes, à l’occasion de la Journée internationale pour leur élimination. Ces annonces interviennent dans un contexte de forte mobilisation, où associations et citoyens réclament des actions concrètes et un financement à la hauteur des enjeux.

Un dépôt de plainte facilité dans les hôpitaux

L’une des principales mesures est l’élargissement du dispositif permettant aux femmes victimes de violences sexuelles de déposer plainte directement dans des hôpitaux équipés de services d’urgences ou gynécologiques. Salima Saa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, a précisé sur Franceinfo que ce dispositif, déjà en place dans 236 établissements, sera étendu à 377 structures d’ici fin 2025.

Cette procédure, où les forces de l’ordre ou le parquet sont contactés par l’hôpital pour recueillir la plainte, vise à simplifier l’accès à la justice pour les victimes. Cette annonce s’inscrit dans une volonté d’améliorer la prise en charge des violences, comme en témoigne la visite du Premier ministre Michel Barnier ce lundi à la Maison des femmes de l’Hôtel-Dieu à Paris.

Une campagne contre la soumission chimique

Une autre initiative majeure concerne le lancement d’une campagne de sensibilisation contre la soumission chimique, un phénomène qualifié de « nouveau fléau » par Salima Saa. Portée par l’association M’endors pas et le Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances (Crafs), cette campagne vise à informer et guider les potentielles victimes sur les démarches à entreprendre.

Les outils incluent un accompagnement via une plateforme d’écoute et des conseils sur la collecte de preuves biologiques (cheveux, sang, urine), en partenariat avec l’Ordre des pharmaciens. Ces actions font écho au procès des viols de Mazan, affaire qui marque un tournant dans la prise de conscience collective, à l’instar du mouvement #Metoo.

Mise en place en 2023, l’aide universelle d’urgence destinée aux victimes de violences conjugales voit son budget passer de 13 à 20 millions d’euros en 2025. Cette aide, qui varie entre 240 et 1.330 euros selon les situations, a déjà bénéficié à 33.000 personnes et se chiffre en moyenne à 800 euros par bénéficiaire.

Par ailleurs, le budget total alloué à l’égalité femmes-hommes augmentera de 10 %, atteignant 85,1 millions d’euros dans le projet de loi de finances 2025. Toutefois, ces moyens restent loin des 2,6 milliards d’euros réclamés par les associations pour une « loi-cadre intégrale » jugée nécessaire face à une législation actuelle qualifiée de « morcelée et incomplète ».

Une mobilisation toujours forte

Ces annonces font suite à une série de manifestations organisées ce week-end par des collectifs féministes, dénonçant le caractère insuffisant des politiques actuelles. À Paris, Bordeaux et ailleurs, des pancartes clamant « Féminicides partout, justice nulle part » ont illustré l’impatience grandissante face à une réalité alarmante : 93 féminicides conjugaux enregistrés en 2023 et plus de 110.000 victimes de violences sexuelles signalées aux forces de l’ordre.

Depuis janvier 2024, le collectif #Noustoutes recense déjà 122 féminicides, rappelant l’urgence d’agir.

En réaffirmant sa « priorité » sur ce sujet, le gouvernement tente de répondre aux attentes croissantes d’une société mobilisée pour que l’après-Mazan ne soit pas qu’un symbole, mais le début d’une transformation durable.