Violences contre les élus : un maire s’insurge contre la clémence de la justice
Le maire de Montoir-de-Bretagne, Thierry Noguet, a exprimé sa colère et sa déception ce vendredi 22 novembre 2024, après le jugement rendu par le tribunal de Saint-Nazaire concernant un ancien cadre industriel reconnu coupable de l’avoir menacé de mort. Le prévenu, âgé de 49 ans, a été condamné à verser des dommages et intérêts à l’édile et à son épouse, une sanction jugée trop clémente par la victime.
Des menaces d’une rare violence
En novembre 2023, Thierry Noguet avait reçu un courriel particulièrement violent, rédigé dans un style qualifié « d’inspiration Daech », contenant des menaces de mort abjectes et macabres. Ces menaces étaient liées, selon les investigations, aux positions du maire sur l’entreprise d’engrais Yara, où travaillait auparavant le prévenu. Le courrier avait profondément choqué l’élu, qui avait dû modifier son quotidien et bénéficier du dispositif de protection réservé aux élus menacés.
Un an après, l’auteur des faits, un directeur d’usine originaire du Maine-et-Loire, a été jugé dans une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Le tribunal l’a condamné à verser 4 000 euros de dommages et intérêts au maire et 2 500 euros à son épouse, ainsi qu’à régler 973 euros de frais d’avocat. En complément, il s’est vu interdire d’entrer en contact avec Thierry Noguet ou de se rendre à Montoir pendant trois ans.
Pour Thierry Noguet, cette condamnation ne suffit pas. « Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de symbole », a-t-il déclaré. Selon lui, une peine de prison avec sursis aurait envoyé un message plus clair sur l’importance de protéger les élus face aux violences croissantes qu’ils subissent. « C’est un signal catastrophique pour les autres élus de la République », a-t-il affirmé à l’issue de l’audience.
Le prévenu, pour sa part, a reconnu l’« imbécillité » de son geste, expliquant avoir agi sous l’emprise de l’alcool dans un contexte de divorce difficile. Selon l’enquête, il avait usurpé l’adresse mail d’un ancien collègue pour dissimuler son identité. Malgré des excuses « timides », le maire et son épouse n’ont pas accepté ses regrets. « Ce qu’il a fait est abominable », a martelé Thierry Noguet.
Une vie bouleversée
Depuis ces menaces, l’édile a vu son quotidien radicalement changer. Il a dû adopter des mesures de sécurité strictes et reste marqué psychologiquement. Son épouse souffre toujours de stress post-traumatique. « Nous avons vécu sous cloche pendant des mois », confie-t-il, ajoutant que ces événements pourraient influencer sa décision de briguer un nouveau mandat en 2026.
Ce jugement intervient dans un contexte de violences accrues envers les élus locaux. Vendredi, une autre affaire était également jugée à Saint-Nazaire : celle du maire de Saint-Joachim, Raphaël Salaün, dont la maison et la voiture avaient été caillassées en 2023. Comme Thierry Noguet, il espérait une sanction forte pour marquer l’importance de la lutte contre ces agressions.
Pour les élus de la région, ces violences sont le reflet d’un climat délétère. David Samzun, maire de Saint-Nazaire, a rappelé dans un communiqué que « le maire est le premier maillon de la chaîne démocratique » et que ces actes ne peuvent rester impunis.
Malgré le soutien des élus locaux présents en nombre au tribunal, Thierry Noguet repart « déçu et abattu ». Pour lui, ce verdict est un échec dans la lutte contre la violence ciblant les représentants de la République.