En avril dernier, un séjour de cohésion du Service National Universel (SNU) organisé dans le Pas-de-Calais a viré à l’émeute, suscitant de nombreuses critiques et la plainte d’un participant, Timéo, un lycéen de Bondy (Seine-Saint-Denis). Ces événements relatés par Le Parisien qui se sont déroulés ont mis en lumière de graves problèmes d’encadrement et d’organisation.
Timéo, 15 ans, s’était inscrit au SNU avec l’espoir de vivre une expérience enrichissante, basée sur la vie militaire et les valeurs républicaines. Cependant, il a vite déchanté. Selon lui et d’autres témoignages, le manque d’organisation et de préparation des encadrants a rapidement engendré un climat chaotique. Des employés recrutés à la dernière minute et des tuteurs trop proches des jeunes, allant jusqu’à consommer des stupéfiants avec eux, ont contribué à la dégradation de l’ambiance.
Un soir, l’alarme incendie s’est déclenchée en raison de la fumée des joints, provoquant la panique. Timéo a été accusé à tort de dénonciation, entraîné sur un parking et frappé violemment par d’autres participants. Il a été hospitalisé avec cinq jours d’incapacité temporaire de travail (ITT) et une oreille blessée. Sa mère, Nathalie, choquée par les événements, s’interroge sur la sécurité et l’encadrement de tels séjours organisés par l’État.
Les témoignages des encadrants comme des participants pointent du doigt une gestion catastrophique du séjour. Des incidents similaires ont été signalés ailleurs, notamment à Vesoul et Châlons-en-Champagne, avec des enquêtes en cours pour harcèlement et agression sexuelle sur mineurs. Dominique, un encadrant, raconte : « Je n’avais jamais vu ça. Il y avait des jeunes qui sifflaient le drapeau, des tuteurs trop proches des jeunes et des cadres ne respectant pas les valeurs républicaines ».
Ces incidents ont ravivé le débat sur l’efficacité et la pertinence du SNU. Barbara Lefebvre, professeur, a exprimé sa colère sur le plateau des Grandes Gueules, qualifiant le SNU de « club de vacances où on fume plus de shit qu’ailleurs ». Elle critique le coût élevé du programme, environ 2 000 euros par participant, soit près de 2 milliards d’euros par an, et appelle à une meilleure utilisation des fonds publics.
Lefebvre propose soit de réformer le SNU en un service civil mieux encadré, soit de réinstaurer le service militaire obligatoire. Elle estime que le retour au service militaire permettrait de renforcer la cohésion nationale et de mieux encadrer les jeunes.
Le ministère de l’Éducation nationale souligne que la majorité des séjours SNU se déroulent sans incident majeur, avec un taux de satisfaction de plus de 96 % parmi les 107 000 volontaires. Néanmoins, les incidents comme celui de Timéo sont pris très au sérieux et font l’objet d’enquêtes administratives pour éviter qu’ils ne se reproduisent.
Le cas de Timéo illustre les défis auxquels le SNU est confronté en matière d’encadrement et de sécurité. Si le programme a pour objectif de favoriser la cohésion nationale, les récents incidents montrent la nécessité de réévaluer son organisation et son encadrement. Les appels à la réforme ou à la réinstauration du service militaire obligatoire mettent en lumière le besoin d’une réponse adaptée pour garantir la sécurité et l’éducation civique des jeunes.