Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, s’apprête à faire une entrée fracassante au Parlement européen, à Strasbourg, ce mardi. Entre une conférence de presse prévue dans la journée et un discours en séance plénière le lendemain, Orban ne compte pas mâcher ses mots. Le dirigeant hongrois a d’ores et déjà annoncé vouloir « reprendre Bruxelles aux bureaucrates pour la rendre au peuple européen », dans une déclaration qui donne le ton d’une confrontation directe avec l’Union européenne.
Fort du soutien grandissant des droites conservatrices et extrêmes en Europe — avec les victoires électorales en Italie, aux Pays-Bas, en Autriche et en République Tchèque — Orban n’a pas manqué de rappeler que « l’unification de la droite en Europe » est en marche. Ce passage devant les eurodéputés s’annonce tendu, avec de nombreux points de discorde à l’ordre du jour.
Des critiques acerbes envers Bruxelles
Orban n’a jamais caché sa défiance vis-à-vis de l’Union européenne. Déjà en juillet, à l’aube de la présidence hongroise du Conseil de l’UE, il avait lancé une mission de « paix » à Kiev, Moscou et Pékin, provoquant la colère de nombreux dirigeants européens. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, avait en réponse ordonné un boycott partiel des réunions en Hongrie, une première historique.
Les relations sont également tendues sur des questions internes à l’UE. Orban critique ouvertement la gestion de l’immigration par Bruxelles, et menace d’envoyer les migrants directement à Bruxelles, déclarant encore lundi sur X (anciennement Twitter) que « le nombre de migrants en Hongrie est à zéro ». De plus, il fustige les nouvelles taxes douanières que la Commission envisage d’imposer à la Chine.
Un Parlement divisé face à Orban
Au Parlement, les tensions seront palpables. Le groupe centriste Renew prévoit même une manifestation durant la conférence de presse du Premier ministre hongrois. Sa présidente, Valérie Hayer, accuse Orban d’agir en « pyromane de l’idée européenne », dénonçant sa « diplomatie parallèle » et son autoritarisme croissant.
Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban a multiplié les frictions avec Bruxelles, que ce soit sur l’État de droit, la corruption ou encore l’indépendance des médias. Plus récemment, la Commission européenne a saisi la justice au sujet d’une loi hongroise jugée contraire aux principes démocratiques, et elle a annoncé une réduction des paiements à la Hongrie pour non-respect des traités.
Vers un possible compromis ?
Malgré cette atmosphère de confrontation, certains observateurs estiment que Viktor Orban pourrait adoucir son discours, en particulier sur les questions de corruption et de démocratie, dans l’espoir de débloquer 19 milliards d’euros de fonds européens actuellement gelés.
Ce face-à-face à Strasbourg sera un moment crucial pour la présidence hongroise de l’UE, et les prises de parole d’Orban ne manqueront pas de faire réagir les eurodéputés, renforçant le climat explosif qui règne actuellement entre Budapest et Bruxelles.