Donald Trump président : « Angoisse », « menace fasciste », « enfer » : la gauche française entre tristesse et consternation
Alors que Donald Trump a remporté haut la main l’élection présidentielle américaine, s’assurant même la chambre des représentants et le Sénat, la stupeur règne chez la gauche française, qui digère mal ce triomphe. Sur X, les réactions affluent. En voici quelques unes…
Jean-Luc Mélenchon : « Les USA ne pouvaient pas choisir la gauche : il n’y en avait pas. Quand il n’y a plus de gauche, il n’y a pas de limite à droite. Quand il n’y a pas de bataille de programme, l’élection devient un casting. La victoire de Trump est la conséquence imparable de cette situation. Le monde va monter en tension. Prudence et détermination. La France peut ouvrir un autre chemin. Un contre modèle. Non alignement, droit international, justice sociale, planification écologique. Sinon quoi ? »
Olivier Faure : « Le moment n’est pas aux larmes. Il est à la réaction. Il n’est pas aux leçons de morale mais à l’affirmation d’un projet pour la France et l’Union européenne. L’Union européenne n’est pas le 51e Etat américain. Elle doit désormais prendre conscience de sa propre force et mesurer sa responsabilité dans un monde ébranlé par le réveil des empires, l’obscurantisme religieux, le complotisme, le racisme, le climato scepticisme et le national populisme. Face à la bascule de l’ordre international, la gauche européenne doit y revendiquer son propre chemin. Internationaliste, humaniste, démocratique, écologiste. Il n’y a de fatalité que dans la résignation. »
Clementine Autain : « Les Américains ont choisi un milliardaire de 78 ans, climato-négationniste, condamné au pénal et pour qui les migrants mangent les chats et les chiens. Plutôt qu’une femme, qui alerte sur la menace fasciste, et défend le droit à l’avortement. Le puissant mouvement féministe, principal levier de résistance, n’aura pas suffi. Le choc est immense. C’est une catastrophe planétaire, dont les Ukrainiens et les Palestiniens seront les victimes plus encore. Il faut en tirer des leçons à gauche, même si les conditions de l’élection et les pays diffèrent. La défaite des élites, la rupture des dirigeants avec le peuple, la désinformation et l’essor de médias d’extrême-droite, nous conduisent au fascisme. Le capitalisme et le consumérisme génèrent de l’individualisme, du ressentiment et de l’abétissement. Autant de carburants pour le trumpisme, comme pour ses avatars partout dans le monde. En attendant les analyses plus précises du scrutin, je retire un enseignement : seule une gauche qui offre une perspective de société réellement différente, s’en prenant aux racines du mal, n’ayant pas peur d’assumer la cohérence de ses convictions, peut être à la hauteur du défi. Elle doit allier fierté populaire et bifurcation écologique. Elle ne peut le faire en singeant le populisme d’extrême droite. Elle réussira en cherchant à rassembler sur une base réellement transformatrice. Pour l’heure, je pense aux Américains les plus vulnérables, aux femmes et aux personnes racisées, qui en paieront le prix fort. À la culture et à la vérité qui vont faire un nouveau tour dans la broyeuse.«
Sandrine Rousseau : « Les Etats-Unis sont le théâtre d’un backlash climatosceptique, masculiniste et raciste soutenu et encouragé par les acteurs d’une économie libérale, avides de profit. Angoisse.«
Yannick Jadot : « Grosse grosse gueule de bois ce matin. Tous les pouvoirs fédéraux (présidence sénat cour suprême) aux mains de Trump. Je pense aux futures victimes des délires trumpistes, du fond des États Unis au front ukrainien. Nous, progressistes, ici et ailleurs, attachés à la démocratie, au progrès écologique et social, devons sérieusement nous interroger sur ce résultat, qui nous menace tout autant!
Marine Tondelier : « Cet enfer qui se profile… Courage aux Américaines et aux Américains qui seront en première ligne des politiques de Trump. Courage à nous toutes et tous. »
Aymeric Caron : « Ce n’est pas Trump qui a gagné. C’est Harris qui a perdu, alors qu’elle avait en face d’elle un candidat d’une telle médiocrité qu’il lui garantissait le succès. Sa défaite est d’autant plus impardonnable. Le camp démocrate américain doit s’interroger aujourd’hui sur ses valeurs. Soutenir activement un génocide, permettre la mort et la mutilation de dizaines de milliers d’enfants, rendre possible et défendre le pire de ce que l’humanité peut produire, à savoir l’effacement d’un peuple, après l’humiliation, la torture, l’enfermement, bref oublier ce qui constitue le minimum que requiert une pensée humaniste, mène logiquement à l’échec le camp qui prétend incarner le progressisme. »