La 164e édition de la vente des vins des Hospices de Beaune, un événement prestigieux mêlant luxe et charité, a attiré un public nombreux et quelques grandes célébrités, mais les résultats sont restés loin des records des années précédentes. Malgré la présence de stars comme Eva Longoria, Jean Reno, Dominic West et Zabou Breitman, l’édition 2024 a vu une baisse des recettes, principalement en raison du nombre réduit de lots proposés et des conditions climatiques qui ont impacté la récolte.
Un lot-vedette en deçà des attentes
Le lot vedette, un fût de Beaune Premier Cru destiné à des causes caritatives, n’a été adjugé qu’à 360 000 euros, un prix loin du record de 810 000 euros atteint en 2022. Le montant a cependant été complété par un don de 100 000 euros, portant le total à 460 000 euros. Ce fût a été vendu au profit de Médecins Sans Frontières (MSF) et de la Global Gift Foundation (GGF), une ONG espagnole soutenant les enfants vulnérables.
Malgré les appels à la générosité des célébrités présentes, comme Dominic West qui a incité les enchérisseurs à « sauver des vies », l’enthousiasme n’a pas été suffisant pour dynamiser la vente. Ce prix reste supérieur à celui de l’année précédente (350 000 euros), mais bien en-dessous des attentes, notamment celles des organisateurs et des associations bénéficiaires.
Cette année, le nombre de lots était réduit à seulement 445 pièces, soit l’un des plus faibles chiffres de l’histoire de la vente. Cette limitation a été causée par des conditions météorologiques défavorables, la récolte étant amputée de moitié par rapport à un millésime habituel. Selon Ludivine Griveau, régisseuse du domaine viticole des Hospices de Beaune, 2024 a été le quatrième millésime le plus pluvieux depuis 1959, avec des précipitations dépassant 80% des normales.
Malgré ces contraintes, l’intérêt pour les vins de Bourgogne reste intact, et la vente a généré un total de 13,944 millions d’euros, loin du record de 2022 (29 millions d’euros), mais à peine sous les 23,3 millions d’euros de l’année dernière.
Un marché en mutation
Les prix moyens ont augmenté, avec une hausse de 2,5% par rapport à 2023, atteignant 31 647 euros par pièce. Cette tendance reflète une forte demande pour les grands crus de Bourgogne, bien qu’elle ne compense pas la baisse du nombre de lots. Albéric Bichot, l’un des principaux acheteurs à Beaune, souligne que cette accalmie des prix pourrait attirer de nouveaux clients, notamment en raison de la baisse par rapport aux niveaux de prix records des années précédentes.
Les marchés asiatiques, en particulier, continuent de croître, avec la Corée en plein essor et la Chine qui reste un acteur majeur. La clientèle asiatique représente désormais 42% du chiffre d’affaires des enchères de vins dans le monde, un phénomène également visible à Beaune, où l’intérêt pour les bourgognes ne faiblit pas.
L’Importance des enchères pour les hospices
Les recettes de la vente des vins sont cruciales pour le financement des Hospices de Beaune, qui gèrent plusieurs hôpitaux publics et maisons de retraite en Bourgogne. L’argent récolté sert à l’entretien et à la modernisation des infrastructures, une tâche non financée par l’État. Depuis sa fondation en 1443, les Hospices ont acquis des vignes, constituant aujourd’hui l’un des domaines viticoles les plus prestigieux au monde, avec 60 hectares de vignes, dont 85% sont classés Premiers et Grands Crus.
Guillaume Koch, le directeur des Hospices, a souligné que l’argent des enchères est vital pour les opérations, et même si les résultats financiers de cette édition ne battent pas de records, l’intérêt pour la Bourgogne reste fort, et le marché continue de prospérer, bien que dans un contexte de prix plus modérés.