Ursula von der Leyen propose des « crédits nature » pour récompenser les gardiens de la planète
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé une initiative ambitieuse visant à instaurer des « crédits nature » pour rémunérer ceux qui œuvrent à la préservation et à la restauration de l’environnement. Inspiré du succès du marché du carbone européen, ce nouvel instrument financier pourrait révolutionner la manière dont l’Union européenne aborde la protection de la biodiversité.
Un nouvel outil pour soutenir les agriculteurs et la biodiversité
Lors d’une conférence sur l’environnement à Munich, Ursula von der Leyen a souligné la nécessité de « nouveaux outils financiers pour dédommager les agriculteurs des coûts supplémentaires liés à la durabilité ». Elle a déclaré : « Il est temps de récompenser ceux qui sont au service de notre planète. »
Les « crédits nature » seraient conçus pour créer un marché dédié à la restauration de la planète. Les entreprises qui bénéficient d’un environnement sain, comme les compagnies des eaux ou les sociétés horticoles dépendant des pollinisateurs, pourraient ainsi rémunérer les communautés locales et les agriculteurs pour leurs efforts en matière de conservation.
La présidente de la Commission a établi un parallèle avec le système d’échange de quotas d’émissions de carbone de l’UE, qu’elle a qualifié de « marché du carbone incroyablement efficace ». Ce système a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % au cours des 20 dernières années et de générer 180 milliards d’euros réinvestis dans des projets verts.
« Nous savons qu’avec les bonnes normes, cela peut fonctionner, car nous l’avons déjà fait », a-t-elle affirmé. L’idée est de transposer ce modèle au domaine de la biodiversité, en créant un marché où la protection de la nature a une valeur économique tangible.
La Commission européenne travaille déjà sur des projets pilotes pour soutenir ce processus. Des efforts sont également en cours au niveau international, notamment aux Nations unies, pour définir une norme mondiale pour ces crédits biodiversité.
Ursula von der Leyen a insisté sur l’importance de collaborer avec les États membres pour développer ces initiatives, visant à attirer des investissements vers des projets de régénération de la nature.
Une réponse aux défis agricoles et environnementaux
Cette proposition intervient après une année marquée par le mécontentement des agriculteurs et la conclusion du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture. Les « crédits nature » pourraient offrir une nouvelle source de revenus aux agriculteurs, en récompensant leurs pratiques durables et leurs contributions à la préservation des écosystèmes.
« Nous pouvons créer un véritable marché pour la remise en état de notre planète », a déclaré Ursula von der Leyen. Elle envisage également une réforme en profondeur de la politique agricole commune (PAC), afin de mieux soutenir les agriculteurs dans leur transition vers la durabilité.
Cependant, la mise en place d’un tel système n’est pas sans défis. Des questions techniques se posent quant à la définition des unités de biodiversité, la fixation des prix et la mise en place de garanties réglementaires solides.
Des experts mandatés par la Commission européenne ont souligné la nécessité de s’assurer que les crédits ne soient attribués qu’à des projets offrant des bénéfices environnementaux additionnels, et non à ceux qui auraient eu lieu de toute façon.
Vers une finance verte européenne
Si ce projet voit le jour, il pourrait positionner l’Europe comme leader mondial en matière de finance verte. « Au cours de la vie de mes petits-enfants, nous pouvons rétablir l’équilibre et permettre à la nature de se rétablir. C’est l’histoire de l’humanité », a conclu Ursula von der Leyen.
Cette initiative reflète une volonté de transformer la manière dont l’Europe aborde les défis environnementaux, en créant des synergies entre économie et écologie, et en offrant de nouvelles perspectives aux agriculteurs et aux protecteurs de la nature.