Une résurrection grandiose des Misérables au Théâtre du Châtelet

Entrevue 1

Cosette, Jean Valjean, Fantine, Javert, les Thénardiers… Ces personnages bien connus du public français revivent avec éclat sur la scène du Théâtre du Châtelet à Paris. Dans cette nouvelle version de la célèbre comédie musicale de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil, le souffle épique de Victor Hugo et les idéaux au cœur de son œuvre que sont la liberté, la justice, et l’amour, résonnent avec éclat. 

Les préoccupations politiques et sociales des années 1815 à 1832 vibrent encore dans le cœur des Français qui, deux cents ans plus tard, applaudissent sans retenue et à tout moment les artistes sur scène. On les sent profondément émus par les interprètes mais aussi par l’amour des idéaux qu’ils défendent. On sent une ferveur générale, un même élan, comme après une longue attente enfin satisfaite d’un public qui n’avait pas eu l’occasion de voir Les Misérables à Paris depuis 1991. Avec plus de 130 millions de spectateurs à travers le monde depuis sa création en 1980, Les Misérables est pourtant la comédie musicale la plus jouée au monde ! Mais pas en France… pays où ce genre ne prend pas autant que chez les mélomanes anglo-saxons. 

La mise en scène signée Ladislas Chollat donne une place au génial auteur : des esquisses de Victor Hugo, projetées comme des tableaux vivants sur les décors, rappellent l’héritage littéraire du spectacle. Cette comédie musicale n’est pas complètement une réécriture. Schönberg et Boublil ont voulu dès le départ rester au plus près de l’œuvre. Ils ont ainsi résumé les 1600 pages des Misérables d’Hugo en 400, version qui a d’ailleurs été publiée chez Folio classique. La comédie musicale évoque dans le même ordre que dans l’histoire originelle les ténèbres du bagne, le chaleureux accueil de l’évêque de Digne, les froides ruelles de Paris, la taverne des escrocs Thénardiers et l’espoir d’une barricade révolutionnaire. 

Les chants, les mélodies, la scénographie et l’énergie des interprètes emportent le spectateur dans l’univers d’Hugo, dans la vie de ses personnages, dans ce moment historique précis, celui du sursaut d’un peuple délaissé mais français et rebelle. Avec Benoît Rameau, dans le rôle de Jean Valjean, on est profondément touché par cet homme déchiré entre son passé de forçat et sa quête de rédemption. Sa profondeur et sa puissance vocale émeuvent jusqu’aux larmes sur le dernier solo « Comme un homme ». On a le cœur brisé avec Éponine qui ne sera jamais aimée en retour par Marius, épris de Cosette. Avec une facilité déconcertante, Océane Demontis magnifie l’air de « Mon Histoire ». Javert, interprété par Sébastien Duchange est tout aussi excellent, sans parler du drôlesque couple Thénardier et de bien d’autres.

Ajoutez à cela les prouesses et la précision de la mise en scène grandiose, les costumes et l’énergie collective des choristes… Les Misérables, au Châtelet jusqu’au 2 janvier 2025, est un véritable événement !

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