Le nombre d’actes antisémites recensés en France pour l’année 2024 devrait atteindre un niveau similaire à celui de 2023, selon Aurore Bergé, ministre de la Lutte contre les discriminations. Lors d’un entretien accordé le 5 janvier à Europe 1-Les Echos-CNews, la ministre a indiqué que, d’après les données disponibles au 30 novembre, près de 1 500 faits d’antisémitisme avaient été signalés.
Une violence ciblée contre les personnes
Aurore Bergé a souligné la gravité de ces actes : « La plupart ne relèvent pas simplement de l’insulte, mais constituent des atteintes directes contre les personnes, soit parce qu’elles sont juives, soit parce qu’on pense qu’elles le sont. » Selon les données collectées par son ministère, ces atteintes physiques ou psychologiques représentent 63 % des actes recensés.
En 2023, la France avait connu une augmentation alarmante de ces faits, avec un nombre multiplié par quatre en un an, atteignant 1 676 cas, d’après les chiffres du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Cette hausse s’explique, selon la ministre, par un contexte où « le simple fait de défendre des positions républicaines ou de soutenir les familles d’otages [israéliens] peut faire de vous une cible ».
Face à cette recrudescence, Aurore Bergé a annoncé la relance des assises de lutte contre l’antisémitisme, initiées en mai dernier. Une nouvelle session se tiendra le 13 février prochain, en hommage à Ilan Halimi, assassiné en 2006.
La ministre a également insisté sur l’urgence d’intervenir dans les universités et les grandes écoles. Elle a dénoncé des « faits intolérables », tels que des insultes, des tentatives d’intimidation et un sentiment d’isolement ressenti par les étudiants juifs. « Certains sont empêchés de suivre leurs cours ou entendent des slogans insupportables juste à côté d’eux », a-t-elle déploré, tout en critiquant un « manque de courage » de la part des autres étudiants.
Un climat de haine alimenté par les tensions internationales
La ministre a regretté qu’après les attentats du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas, une vague d’antisémitisme ait éclipsé toute solidarité envers les victimes. Elle a dénoncé une rhétorique accusant les Français juifs d’être coresponsables de la situation humanitaire à Gaza, créant ainsi « une cible dans le dos de chaque Français juif ».
Cette situation, jugée alarmante, met en lumière la nécessité d’une mobilisation renforcée pour lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes et protéger les citoyens concernés.