Une équipe de chercheurs internationaux, menée notamment par des scientifiques de l’université Charles Darwin (Australie), vient de développer une IA capable de détecter certains cancers avec une précision dépassant les 99 %. Une avancée majeure dans le domaine du diagnostic médical, saluée comme une possible révolution dans la lutte contre la maladie.
Le modèle, baptisé ECgMPL, a été conçu pour analyser des images histopathologiques – ces coupes de tissus vues au microscope – à la recherche d’anomalies souvent imperceptibles à l’œil nu. Appliquée d’abord au dépistage du cancer de l’endomètre, elle a atteint une précision de 99,26 %. À titre de comparaison, les outils actuels plafonnent entre 78 et 81 %. Une performance qui ne relève plus de la simple amélioration technologique, mais bien d’un changement de paradigme.
Le docteur Asif Karim, chercheur à la CDU et co-auteur de l’étude parue dans Computer Methods and Programs in Biomedicine Update, ne cache pas son enthousiasme. « Ce modèle surpasse toutes les méthodes existantes. Il est plus précis, plus rapide et plus efficient sur le plan du calcul. » Une combinaison rare, qui pourrait rendre son déploiement à large échelle économiquement et techniquement viable.
Ce n’est pas tout. Les chercheurs ont soumis ECgMPL à d’autres jeux de données, issus cette fois de cancers du sein, du côlon et de la bouche. Résultat : la machine a su repérer les signes du cancer du côlon avec une précision de 98,57 %, du sein à 98,20 %, et de la bouche à 97,34 %. Des scores qui frôlent l’infaillibilité dans un domaine où la moindre erreur peut coûter une vie.
L’enjeu est crucial, notamment pour le cancer de l’endomètre. Détecté tôt, il se soigne bien. Tard, il devient beaucoup plus dangereux. En France, ce cancer est aujourd’hui la quatrième cause de cancer chez les femmes. Aux États-Unis, 600 000 femmes en sont atteintes. Un outil capable de dépister rapidement, efficacement et à grande échelle pourrait considérablement améliorer la survie et réduire les coûts liés à des traitements tardifs.
Au-delà des chiffres, cette avancée soulève des perspectives vertigineuses. Un tel système pourrait devenir un assistant diagnostique incontournable dans les hôpitaux, alléger la charge de travail des pathologistes, améliorer la détection dans les zones à faible densité médicale, et réduire les erreurs humaines. Il reste encore des validations cliniques à effectuer, mais le socle technologique est posé.
L’intelligence artificielle, parfois moquée pour ses dérives ludiques ou ses excès dystopiques, trouve ici une application noble et salutaire. Une machine qui voit mieux que nous, plus vite, sans fatigue ni distraction, et qui pourrait, un jour très proche, sauver des milliers de vies.