L’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé vendredi qu’au moins 24 personnes ont perdu la vie et plus de 800 autres ont été hospitalisées ces trois derniers jours dans l’État du Nil Blanc, au Soudan du Sud, en raison d’une maladie transmise par l’eau.
Cette flambée épidémique survient après une attaque de drones ayant visé la centrale électrique d’Um Dabaker, située à 275 kilomètres au sud de Khartoum. Cet incident a perturbé l’approvisionnement en eau potable dans la ville de Kosti, dans l’État du Nil Blanc.
D’après MSF, la contamination proviendrait probablement du fleuve, où de nombreuses familles se sont rendues pour puiser de l’eau à l’aide de charrettes tirées par des ânes, à la suite d’une coupure d’électricité massive dans la région.
Face à cette situation, les autorités ont interdit de collecter de l’eau du fleuve et ordonné l’ajout de chlore supplémentaire dans le réseau de distribution d’eau. De plus, la majorité des restaurants locaux ont fermé temporairement à titre de précaution.
Le centre de traitement du choléra de l’hôpital universitaire de Kosti est submergé par un afflux de patients souffrant de diarrhées sévères, de déshydratation et de vomissements, selon MSF.
« La situation est extrêmement préoccupante et risque de devenir incontrôlable », a alerté le Dr Francis Layo Okan, médecin référent du projet MSF à Kosti.
Entre mercredi et vendredi, 800 nouveaux patients ont été admis dans le centre de traitement du choléra.
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit opposant l’armée aux Forces de soutien rapide, une guerre qui a causé des dizaines de milliers de morts, déplacé des millions de personnes et engendré une crise humanitaire majeure.
En janvier, le Comité international de la Croix-Rouge a mis en garde contre la multiplication des attaques ciblant les infrastructures civiles, notamment les centrales électriques, compromettant ainsi l’accès à l’électricité et à l’eau potable pour des millions d’habitants.
L’an dernier, les autorités soudanaises ont signalé une épidémie de choléra, avec 24 609 cas et 699 décès recensés jusqu’en octobre.
Le ministère de la Santé a indiqué avoir mobilisé plus de 100 professionnels de santé, fourni plus de 6 000 solutions intraveineuses et mis en place les équipements nécessaires pour soigner les patients. Une équipe dédiée à la santé environnementale, à la sécurité de l’eau et à la sensibilisation a également été déployée.
Le choléra est une infection bactérienne aiguë qui provoque des diarrhées et se transmet par la consommation d’aliments ou d’eau contaminés, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le conflit armé a gravement affecté un système de santé déjà fragilisé. D’après les chiffres officiels, environ 80 % des établissements de santé ont cessé leurs activités dans les zones touchées par les affrontements.
Cette semaine, l’État du Nil Blanc, où se situe Kosti, a été le théâtre de violences intenses, notamment une attaque de trois jours menée par les Forces de soutien rapide contre des localités situées à 200 km au nord de la ville, causant la mort de plus de 200 personnes.
L’Organisation internationale pour les migrations a rapporté jeudi que plus de 6 500 familles avaient fui la région d’Al-Qutaynah durant les deux premiers jours de l’attaque.