L’histoire de la Chartreuse est intimement liée à celle des moines chartreux, installés dans le massif du même nom en Isère depuis le XIe siècle. Ces religieux ont mis au point un élixir composé de 130 plantes, dont la recette est aujourd’hui encore tenue secrète. D’abord utilisé à des fins médicinales, cet élixir deviendra une liqueur au XVIIIe siècle et sera commercialisé sous le nom de Chartreuse à partir de 1840. À la différence d’autres boissons à base d’herbes comme le génépi, la Chartreuse se distingue par une complexité aromatique exceptionnelle. Son succès en a fait un incontournable du patrimoine gastronomique français.
Demain mardi 25 février, une bouteille de Chartreuse jaune datant du milieu du XIXe siècle sera donc proposée aux enchères par la maison Aguttes à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Ce flacon d’exception, estimé entre 15 000 et 20 000 euros, est la pièce maîtresse d’une vente réunissant 680 lots de vins et spiritueux.
« C’est une bouteille particulièrement précieuse, confiée par un collectionneur passionné », explique Pierre-Luc Nourry, responsable du département vins et spiritueux chez Aguttes. Son authenticité a été confirmée grâce à plusieurs indices : la forme de la bouteille, le style de l’étiquette et d’autres détails qui permettent de la dater précisément.
Cette bouteille fait partie des toutes premières productions de Chartreuse, issues d’une période allant de 1840 à 1869. Les experts estiment qu’elle pourrait même dater des premières années de cette gamme, ce qui en fait un objet rarissime. Selon les spécialistes, il ne resterait aujourd’hui qu’une vingtaine de bouteilles comparables dans le monde.
C’est principalement dans la région lyonnaise et grenobloise que se concentre la communauté des amateurs et collectionneurs de Chartreuse. « Cette liqueur est un élément du patrimoine culinaire français. Elle attire aussi bien les passionnés de spiritueux que les amateurs de gastronomie », souligne Pierre-Luc Nourry. Certains découvrent la Chartreuse par ses utilisations en cuisine, avant d’être séduits par sa richesse aromatique et son histoire.
Une question demeure : que fera l’acquéreur de ce flacon exceptionnel ? « Pour certains, il s’agit d’une pièce de collection qu’il serait impensable d’ouvrir », estime l’expert. Mais d’autres, plus audacieux, pourraient être tentés d’en goûter le contenu, par pure curiosité ou pour l’expérience unique d’une dégustation historique. Et vous, que feriez-vous ?