« Une amie dévouée » : la série sur la fausse rescapée du Bataclan divise les vraies victimes

Entrevue 1

La mini-série Une amie dévouée, prévue sur la plateforme Max le 11 octobre, fait déjà débat. Inspirée de l’histoire de Florence M., surnommée « la mythomane du Bataclan », la série retrace le parcours de cette femme qui a menti en se faisant passer pour une victime des attentats du 13 novembre 2015. Pendant plus de deux ans, Florence M. a convaincu de nombreuses personnes, y compris des associations et des survivants, qu’elle était présente lors de l’attaque au Bataclan, et qu’un de ses proches avait été grièvement blessé. Ces mensonges lui ont permis de toucher 25 000 euros d’indemnisation avant qu’elle ne soit condamnée à quatre ans et demi de prison ferme en 2018.

Réalisée par Just Philippot et adaptée du livre La Mythomane du Bataclan d’Alexandre Kauffmann, la série met en scène Laure Calamy dans le rôle principal. Si la série promet de ne pas romancer les événements, plusieurs victimes réelles de l’attaque du Bataclan expriment leur malaise. « Elle nous a fait énormément de mal. Elle a menti à tout le monde, et remettre cette histoire en lumière, c’est vraiment rajouter de la douleur à la douleur », déplore Sophie Parra, une survivante touchée par deux balles lors de l’attaque.

Catherine Bertrand, autre rescapée, critique également l’attention portée à Florence M. : « Les médias parlent beaucoup des fausses victimes, mais les vraies tombent dans l’oubli. » Elle souligne le peu d’intérêt pour le parcours de reconstruction des survivants : « Qui s’intéresse à ce qu’on est devenus, à la manière dont on essaye de se reconstruire après un tel drame ? »

Arthur Dénouveaux, président de Life for Paris, l’association principale des victimes, adopte une position plus mesurée. Il rappelle que le moratoire de cinq ans demandé par les victimes sur toute fiction liée aux attentats de novembre 2015 a été respecté, et souligne que l’impact de l’événement est désormais gravé dans l’histoire moderne de la France : « On sait qu’on va devoir vivre avec une version virtuelle, romancée, de ce qu’on a vécu. Ce n’est que le début. »

Toutefois, certaines victimes estiment que la série pourrait au moins montrer le personnage de Florence M. sous un jour réaliste. « D’après les retours que j’ai eus, le personnage est vraiment détestable, donc c’est fidèle à la réalité », confie Sophie Parra, soulagée par ce point. Le réalisateur, Just Philippot, a quant à lui assuré vouloir livrer « un récit mesuré et non voyeuriste », selon les témoignages recueillis.

Alice Leroy

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