« Un ours dans le Jura » : quand Franck Dubosc sort les griffes

Entrevue 1

Après Tout le monde debout et Rumba la vie, Franck Dubosc revient avec un troisième long-métrage radicalement différent. Dans Un ours dans le Jura, il nous entraîne dans une forêt enneigée où rôde un plantigrade improbable. L’apparition de l’animal déclenche un accident de voiture, révélant au passage une valise de billets. Autour de ce butin, tout le village va se déchirer dans une spirale infernale entre mensonges, complots et meurtres.

Un polar à l’humour noir

Loin de ses comédies habituelles, Dubosc ose un film noir, teinté d’humour grinçant et égratignant la bienséance. Le réalisateur assume ses influences : « J’adore le cinéma des frères Coen ou de Tarantino, et je voulais retrouver ce mélange de violence, d’ironie et de tension. » Ici, pas de héros propre sur lui, mais des personnages faillibles, guidés par l’appât du gain ou la peur. Même les gendarmes, pourtant peu habitués à gérer des meurtres dans cette contrée reculée, pataugent allègrement.

Pour interpréter ce ballet macabre, Franck Dubosc s’est entouré d’acteurs à contre-emploi : la survoltée Laure Calamy incarne la moitié d’un couple en crise, Benoît Poelvoorde campe un personnage ambigu, et Joséphine de Meaux surprend en portant un regard acerbe sur ce chaos. « Je tenais à limiter le cabotinage : on est dans un polar, pas dans une comédie franchouillarde », précise Dubosc, qui a canalisé leurs élans pour préserver l’efficacité du récit.

Chocs visuels et ruptures de ton

Neige, sang et tronçonneuse : le film ne rechigne pas à montrer la violence, ni à glisser quelques scènes déroutantes, entre club échangiste et règlements de comptes sans pitié. Mais l’humour, bien que plus sombre, reste la marque de fabrique du réalisateur. « Les spectateurs vont peut-être tiquer, mais j’avais envie de tenter quelque chose de neuf, d’inattendu », confie-t-il.

À 61 ans, Franck Dubosc repousse ainsi les limites de son art et signe un polar décalé qui devrait surprendre autant ses fans historiques que les amateurs de thrillers enneigés. Une mutation audacieuse, où la comédie côtoie un véritable sens du macabre.

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