À partir de ce lundi 2 décembre, les aides à l’achat de véhicules électriques seront considérablement réduites. Le décret, publié ce dimanche au Journal officiel, entérine une baisse drastique du bonus écologique, marqué par des restrictions budgétaires et un ajustement des conditions d’éligibilité.
Une réduction significative des aides
Pour les ménages les plus modestes, l’aide maximale passe désormais de 7 000 euros à 4 000 euros. Ce montant sera dégressif en fonction des revenus :
- 4 000 euros pour les foyers ayant un revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 16 300 euros (contre 15 400 euros auparavant).
- 3 000 euros pour un revenu fiscal compris entre 16 300 et 26 200 euros.
- 2 000 euros pour les revenus supérieurs à 26 200 euros.
De plus, les véhicules éligibles doivent respecter un plafond de prix de 47 000 euros et obtenir un éco-score favorable, basé sur le bilan carbone de leur production.
Pour les véhicules déjà commandés, une tolérance est accordée, à condition que la livraison ait lieu avant fin février 2025.
Le bonus écologique pour les véhicules utilitaires disparaît entièrement, tant pour les particuliers que pour les professionnels. Toutefois, un nouveau dispositif est prévu pour 2025, bien que ses contours restent flous.
Le gouvernement reconduit le dispositif de « leasing social », permettant de louer une voiture électrique à partir de 100 euros par mois. Financé par les certificats d’économie d’énergie (CEE), ce programme reste destiné aux ménages modestes. Cependant, les subventions publiques par véhicule seront réduites, ce qui pourrait limiter l’accès à des offres avantageuses comme celles à 50 euros par mois disponibles auparavant.
Une transition sous contrainte
La baisse des aides intervient dans un contexte délicat pour l’industrie automobile. Les ventes de véhicules électriques, déjà en recul depuis l’été, risquent d’être encore plus affectées. Avec une enveloppe budgétaire limitée à 690 millions d’euros pour 2025, contre 1,5 milliard en 2024, les constructeurs craignent une chute de la demande.
Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, déplore une décision qu’il qualifie de « coup de massue ». Selon lui, cette réduction compromet les efforts de transition écologique et l’équilibre économique des constructeurs. « Au moment où on veut faire décoller la voiture électrique, on coupe le réacteur. L’avion s’écrase dans ces cas-là », a-t-il déclaré.
Alors que l’Union européenne impose aux constructeurs de réduire significativement les émissions de CO2 dès 2025, ces derniers se retrouvent dans une position délicate. Les ventes de voitures électriques représentent encore une faible part des ventes globales (13 % chez Stellantis, 7 % chez Renault), loin des objectifs de 21 % à 23 % fixés pour éviter de lourdes sanctions.
Si cette politique budgétaire vise à contenir les dépenses publiques, elle soulève des interrogations sur l’avenir du secteur automobile et la capacité des ménages à s’engager dans la transition écologique. Avec la réduction de ces aides, le défi de démocratiser la voiture électrique devient plus ardu. Reste à voir si les nouveaux dispositifs prévus pour 2025 seront suffisants pour relancer une dynamique déjà mise à mal.