Un an après l’élection de Milei, l’Argentine séduit à nouveau les marchés financiers

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Un an après son accession à la présidence de l’Argentine, Javier Milei continue de séduire les investisseurs grâce à sa politique économique ambitieuse et austère. Si la situation économique du pays reste tendue, les marchés financiers montrent des signes d’optimisme. Les actions et obligations argentines ont atteint des records, attirant des investisseurs convaincus que Milei pourrait transformer durablement la deuxième économie d’Amérique du Sud.

Des réformes audacieuses pour redresser l’économie

Élu avec la promesse de « tailler dans le vif » des dépenses publiques et de limiter l’impression monétaire, Javier Milei n’a pas tardé à imposer ses réformes. Une loi clé adoptée dès le début de son mandat a permis de réduire considérablement les dépenses publiques. Résultat : le gouvernement a enregistré son dixième mois consécutif d’excédent budgétaire primaire. Par ailleurs, une amnistie fiscale a permis de rapatrier environ 18 milliards de dollars dans les banques locales.

« Les investisseurs ont rapidement adhéré à cette politique d’austérité », explique Graham Stock, stratège senior chez RBC Global Asset Management. « Ce qui surprend, c’est l’adhésion de la population, malgré l’ampleur des coupes budgétaires. »

Malgré une inflation toujours en triple chiffre et une récession estimée à -3,5 % pour 2024, l’indice de confiance dans le gouvernement, mesuré par l’université Torcuato Di Tella, a rebondi en octobre après un léger recul en septembre. Les obligations en dollars ont rapporté près de 90 % cette année, et la bourse locale a progressé de 125 %.

Une popularité résistante malgré les défis sociaux

Bien que la moitié des Argentins vivent en situation de pauvreté, Milei conserve un soutien notable dans les sondages. Sa popularité oscille autour de 50 %, un résultat comparable à celui de Néstor Kirchner et Mauricio Macri à ce stade de leur mandat.

Cependant, des défis subsistent. Les réductions budgétaires ont entraîné des protestations, notamment sur les coupes dans le financement des universités et le blocage de certaines augmentations de pensions. Toutefois, Milei a fait de la lutte contre l’inflation une priorité, et les premiers résultats commencent à se faire sentir. JPMorgan prévoit une inflation annuelle de 29 % d’ici fin 2025, le niveau le plus bas depuis 2017.

Les investisseurs misent sur la continuité des réformes

Les marchés financiers, autrefois échaudés par l’expérience décevante de Mauricio Macri, affichent cette fois un optimisme prudent. « Si un retour à la normalité est possible, c’est probablement avec cette administration », déclare Thomas Haugaard, gestionnaire de portefeuille chez Janus Henderson.

Cet enthousiasme est renforcé par les liens croissants entre l’Argentine et les États-Unis. Lors d’une récente rencontre avec Donald Trump, président élu aux États-Unis, Milei a obtenu un soutien stratégique potentiel, notamment en vue des renégociations avec le FMI. Les besoins financiers de l’Argentine sont immenses : les remboursements au FMI devraient quadrupler en 2025 pour atteindre 3 milliards de dollars, avant de grimper à 9 milliards en 2028.

Vers une épreuve de mi-mandat cruciale

Les élections législatives d’octobre 2025, qui renouvelleront la moitié de la Chambre des députés et un tiers du Sénat, seront un test décisif pour Milei. La capacité de son gouvernement à créer des emplois et à améliorer le niveau de vie d’ici là déterminera s’il peut consolider sa position comme force politique durable.

Pour les investisseurs, l’Argentine reste une opportunité risquée. « On commence à avoir confiance dans la gestion du pays, mais ce n’est pas une situation où l’on peut se reposer sur ses lauriers », prévient Haugaard.

Javier Milei, avec son approche radicale et sa détermination, redéfinit les contours de l’économie argentine. Mais si les marchés applaudissent, l’avenir repose encore sur un équilibre fragile entre réformes, stabilité sociale et capacité à convaincre la population.

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