Alors que le ministère de l’Intérieur veut dissoudre plusieurs groupes de supporters en France, les deux emblématiques groupes ultras de l’AS Saint-Étienne sont convoqués ce mardi matin place Beauvau, devant la commission nationale consultative de prévention des violences lors des manifestations sportives. Une audition décisive pour les Green Angels et les Magic Fans, menacés de disparition par décision gouvernementale.
Un bras de fer très politique
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, justifie cette procédure par la multiplication des violences dans les stades, pointant du doigt une trentaine d’incidents liés aux ultras stéphanois depuis 2020, notamment l’envahissement du terrain en 2022 après la relégation du club. Pour le gouvernement, il s’agit d’un message de fermeté. Mais cette stratégie, jugée « absurde » voire « contre-productive » par de nombreux élus et spécialistes, suscite une levée de boucliers inédite dans tout le pays.
Samedi, jusqu’à 5 000 personnes ont manifesté dans les rues de Saint-Étienne. Le président de l’ASSE, Ivan Gazidis, y a exprimé son soutien : « Ensemble, nous défendrons le Chaudron, il ne se dissout pas. » Une démonstration de force qui s’ajoute à celle des autres tribunes françaises, unanimes contre la méthode Retailleau.
Un dossier explosif et très scruté
Les représentants des Green Angels et des Magic Fans entendent démontrer que les faits reprochés sont le fait d’individus isolés et non d’une organisation incitant à la violence. Leur défense, soutenue par plusieurs élus et associations de supporters, insiste sur leur rôle structurant dans l’encadrement des tribunes. La LFP, la FFF et d’anciens dirigeants du football français seront présents à l’audition.
Ce bras de fer symbolise plus largement une tentative de reprise en main autoritaire du mouvement ultra, considéré comme incontrôlable par le ministère de l’Intérieur. Mais certains observateurs, même au sein des forces de l’ordre, doutent de l’efficacité de cette stratégie : « Dissoudre ne changera rien, ils reviendront sous un autre nom », confie un ancien responsable de la DNLH.
Le sort des deux groupes stéphanois sera tranché en Conseil des ministres. En cas de dissolution, un recours devant le Conseil d’État est possible. Mais d’ores et déjà, certains supporters promettent : « S’ils vont jusqu’au bout, ça va chauffer. »