La tension ne faiblit pas en Turquie. En pleine contestation populaire après l’arrestation du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, un photographe de l’AFP, Yasin Akgül, a été placé en détention pour avoir couvert une manifestation. L’Agence France-Presse dénonce une incarcération « inacceptable » et appelle à sa libération immédiate. Le PDG Fabrice Fries a adressé une lettre au secrétaire général de la présidence turque pour exiger que le journaliste soit libéré « au plus vite ».
Yasin Akgül, reconnu pour son professionnalisme et ses dix années de couverture de l’actualité politique turque, se trouvait sur le terrain dans le cadre de son travail de journaliste. Comme lui, six autres reporters ont été incarcérés pour avoir soi-disant participé à des rassemblements illégaux. Une version vivement contestée par Reporters sans Frontières qui fustige une « décision scandaleuse » et une « situation gravissime » pour la liberté de la presse en Turquie.
Un climat de plus en plus inquiétant pour les journalistes
Depuis le 19 mars, plus de 1 400 personnes ont été interpellées dans tout le pays. La répression fait écho au mouvement de Gezi de 2013, point de bascule dans la dérive autoritaire du régime Erdogan. Cette fois, c’est la jeunesse turque qui porte la colère, déclenchée par l’arrestation du principal opposant au président.
La France s’est dite « profondément préoccupée » par les arrestations massives, dont celle de Yasin Akgül. « La liberté de la presse est un principe non négociable », a rappelé une source diplomatique française, soulignant que l’ambassade à Ankara suivait de près la situation pour garantir le respect des droits du photographe. En Turquie, couvrir une manifestation devient désormais un acte risqué. Pour les journalistes, faire leur métier semble de plus en plus assimilé à un acte de dissidence.