Donald Trump a ouvert un nouveau front commercial en imposant, dès samedi, des droits de douane de 25 % sur tous les produits importés du Canada et du Mexique, et une surtaxe de 10 % sur ceux provenant de Chine. Ce coup de force du président américain, qui vise ses trois principaux partenaires commerciaux représentant 40 % des importations américaines, a immédiatement suscité des réactions indignées et des promesses de riposte.
L’administration Trump justifie ces mesures par la nécessité de lutter contre le trafic de fentanyl et l’immigration clandestine. Selon le président, la Chine fournit les ingrédients nécessaires à la fabrication de cette drogue aux cartels mexicains, qui l’exportent ensuite vers les États-Unis. La Maison Blanche affirme également, sans preuve, que le Mexique et le Canada n’en font pas assez pour stopper ces flux.
Les réponses des pays visés ne se sont pas fait attendre. Claudia Sheinbaum, la présidente mexicaine, a dénoncé des accusations “calomnieuses” et promis des mesures de rétorsion. Justin Trudeau, Premier ministre démissionnaire du Canada, a annoncé des droits de douane de 25 % sur 155 milliards de dollars canadiens (environ 102 milliards d’euros) de produits américains, touchant notamment le bourbon, les électroménagers et les plastiques. La Chine a également réagi avec fermeté, promettant des “contre-mesures proportionnées” et annonçant le dépôt d’une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce.
Les impacts économiques s’annoncent lourds des deux côtés de la frontière. Pour le Mexique, qui exporte 85 % de ses produits vers les États-Unis, ces sanctions pourraient entraîner une contraction de 3,6 % du PIB. Mais les États-Unis eux-mêmes risquent d’être fortement affectés. Selon Gregory Daco, économiste chez EY, ces tarifs douaniers pourraient réduire la croissance américaine de 1,5 % en 2025 et 2,1 % en 2026, en raison du ralentissement de la consommation et des investissements. L’inflation, déjà sous tension, pourrait également grimper de 0,7 point au premier trimestre.
Les secteurs automobile et énergétique seront en première ligne. Le Canada et le Mexique fournissent 22 % des véhicules vendus aux États-Unis, et leurs hydrocarbures alimentent massivement l’industrie énergétique américaine. Une flambée des prix à la pompe et une hausse du coût des véhicules ne sont pas à exclure.
Donald Trump ne semble pas prêt à reculer. Vendredi, il a déjà laissé entendre que l’Union européenne pourrait être la prochaine cible de sa politique protectionniste. “L’UE a très mal traité les États-Unis”, a-t-il martelé. Ce nouvel accès de tension commerciale risque de faire basculer l’économie mondiale dans une ère d’incertitude accrue, à quelques mois seulement de l’élection présidentielle américaine.