Trump capitalise sur le vote anticipé des républicains, Harris en difficulté dans les États pivots

Entrevue 1

À deux semaines du scrutin présidentiel américain, la course entre Donald Trump et Kamala Harris s’intensifie, et une dynamique inquiétante semble émerger pour les démocrates. Alors que le vote par anticipation bat des records, les électeurs républicains, historiquement moins enclins à utiliser cette méthode, y participent en nombre croissant.

Un changement de cap stratégique

Depuis le début de la période de vote anticipé, plus de 22 millions d’Américains ont déjà exprimé leur choix, un chiffre important qui représente près de 10 % des votes anticipés de 2020. Si cette pratique avait été largement dominée par les démocrates lors des dernières élections, les républicains adoptent désormais une nouvelle stratégie. Contrairement à 2020, où Donald Trump avait découragé ses partisans de voter avant le jour du scrutin, l’ancien président a cette fois exhorté ses électeurs à « voter tôt ».

Cette évolution est particulièrement marquée dans des États pivots comme la Caroline du Nord et la Géorgie, où le vote par anticipation a atteint des niveaux records. En Géorgie, près de 2 millions de votes ont déjà été enregistrés, soit la moitié du total des votes anticipés de 2020. Dans certains États comme le Nevada et l’Arizona, les républicains ont même surpassé les démocrates, représentant près de 40 % des votes anticipés.

Une montée en puissance républicaine

Ces chiffres constituent une mauvaise nouvelle pour Kamala Harris, la candidate démocrate à la présidence. En effet, les républicains ne sont plus seulement présents en nombre le jour de l’élection, mais adoptent également la stratégie du vote anticipé. Ce changement de tactique pourrait augmenter la participation des soutiens de Donald Trump, notamment parmi les électeurs qui s’étaient abstenus en 2020, comme les blancs non-diplômés et les hispaniques.

Selon le commentateur politique Mark Halperin, « Si cela continue, Donald Trump ne pourra pas perdre, car les démocrates ne pourront pas faire assez bien le jour de l’élection. » Trump semble également bénéficier d’un regain de popularité dans les sondages. Dans les États clés, comme l’Arizona, il devance Kamala Harris de deux points et la talonne au Nevada.

Un avenir encore incertain

Toutefois, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Bien que les républicains votent plus tôt qu’en 2020, cela ne garantit pas une plus grande participation globale. Kamala Harris compte sur la mobilisation des jeunes et des minorités, qui ont tendance à voter plus tard, voire le jour-même du scrutin. De plus, une partie des électeurs républicains qui votent par anticipation pourrait choisir de se détourner de Donald Trump et soutenir la candidate démocrate.

Selon un sondage du New York Times, 9 % des républicains envisageraient de voter pour Kamala Harris, ce qui pourrait atténuer l’impact des chiffres élevés du vote anticipé chez les républicains.

Pour l’instant, si cette dynamique se poursuit, elle pourrait bien offrir un avantage décisif à Donald Trump. Mais comme le rappelle Michael McDonald, politologue à l’Université de Floride : « Nous ne savons pas encore s’il s’agit d’un déplacement de mobilier ou d’un atout supplémentaire pour les républicains. »

La bataille électorale se jouera probablement jusqu’au dernier jour, avec la mobilisation des deux camps dans les États pivots, et des résultats incertains jusqu’à la fermeture des bureaux de vote le 5 novembre.

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