La justice française a inculpé et placé en détention provisoire trois jeunes hommes, âgés de 19 et 20 ans, soupçonnés d’avoir préparé une attaque à l’explosif sur le territoire français. Ces interpellations, survenues mardi et mercredi à Nîmes et à Nantes, interviennent dans le cadre d’une enquête antiterroriste ouverte le 20 novembre dernier, selon des sources proches du dossier et confirmées par le parquet national antiterroriste (Pnat).
Un projet d’attentat contre la mairie de Poitiers
Les suspects, radicalisés autour de thèses jihadistes, auraient envisagé de s’attaquer à la mairie de Poitiers. Cette cible aurait été choisie en raison de la symbolique historique liée à la bataille de Poitiers en 732, au cours de laquelle Charles Martel avait repoussé des troupes arabo-berbères. Selon une source proche de l’enquête, d’autres objectifs, notamment le siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), auraient également été évoqués. Cependant, aucune cible précise n’était consolidée au moment des arrestations.
Deux des suspects sont accusés d’avoir commandé du matériel destiné à la fabrication d’engins explosifs artisanaux. Ils auraient tenté, à plusieurs reprises, de confectionner ces engins dans une chambre d’étudiant. Les trois individus échangeaient principalement via les réseaux sociaux, mais deux d’entre eux s’étaient rencontrés pour travailler ensemble sur ces dispositifs, selon des sources proches de l’enquête.
Les suspects comprennent un étudiant en chimie et un autre en informatique, fils d’un imam travaillant comme aumônier dans une prison. Ils sont tous trois poursuivis pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Deux d’entre eux sont également accusés de « fabrication non autorisée d’engin explosif » et de « détention et transport de substances ou produits incendiaires ou explosifs ».
Une montée en puissance des procédures antiterroristes
Ces arrestations s’inscrivent dans un contexte de vigilance accrue à l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024. Depuis le début de l’année, les services antiterroristes ont déjà déjoué plusieurs projets d’attentats, notamment un visant un stade de football ou encore des établissements autour du stade Geoffroy-Guichard à Saint-Étienne.
Le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait rappelé en septembre que la menace jihadiste représentait 80% des procédures traitées par le Pnat. Par ailleurs, les enquêtes récentes révèlent un rajeunissement des suspects impliqués dans des projets d’action violente. La reconfiguration du groupe État islamique en Afghanistan contribue à l’augmentation de ces procédures.
Les investigations concernant les trois suspects sont maintenant entre les mains de juges d’instruction antiterroristes. Les avocats de la défense n’ont pas souhaité commenter l’affaire.