Tracteurs en route vers le Parlement européen : les agriculteurs exigent des explications
Les agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté montent au créneau. Ce lundi 25 novembre 2024, un imposant convoi de tracteurs prendra la direction de Strasbourg pour rejoindre le Parlement européen. À l’origine de cette action, une volonté de comprendre et de dénoncer des décisions européennes perçues comme menaçantes pour l’agriculture française.
Une protestation contre des décisions européennes controversées
Florian Dirant, président de la Coordination rurale de Haute-Saône, explique les motivations derrière cette mobilisation : « Nous voulons obtenir des explications sur des mesures qui, bien que rejetées par le Parlement européen, finissent par être validées par la Commission européenne. » En ligne de mire, la récente décision concernant l’importation de semences de maïs OGM, initialement rejetée par les eurodéputés mais finalement approuvée par Bruxelles.
« Comment peut-on accepter que la Commission s’assoie sur un vote démocratique ? » s’indigne Florian Dirant, ajoutant que les agriculteurs comptent rencontrer directement les parlementaires pour clarifier cette situation.
Outre les semences OGM, la ratification imminente de l’accord de libre-échange avec le Mercosur suscite une vive opposition. Les agriculteurs dénoncent une concurrence étrangère qu’ils qualifient de « déloyale », pointant les différences de normes environnementales et sanitaires entre la France et les pays du Mercosur. « Nous avons une agriculture parmi les plus sûres au monde, avec des contrôles rigoureux et une utilisation limitée des produits phytosanitaires. Nous ne pouvons accepter d’importer des produits qui ne respectent pas ces standards, » souligne le président de la Coordination rurale.
Une mobilisation qui s’intensifie en Bourgogne
En Bourgogne, la colère gronde également. Cyril Hoffman, président de la Coordination rurale de Côte-d’Or, annonce le départ d’un autre convoi depuis Échalot, avec des tracteurs rejoignant ceux du Grand Est. « Nous voulons bloquer le Parlement européen pour alerter sur l’urgence de notre situation. Si nous ne sommes pas entendus, la mobilisation risque de monter en puissance », avertit-il.
Hoffman appelle aussi à une solidarité européenne pour contrer la ratification de l’accord Mercosur : « Nous devons rallier d’autres pays à notre cause pour rejeter ce traité qui met en péril nos exploitations. »
Les agriculteurs critiquent par ailleurs les réponses jugées inadéquates du gouvernement face à la crise économique qui touche le secteur. Ils rejettent notamment les prêts bonifiés proposés par le ministère de l’Agriculture pour pallier le manque de trésorerie. « Donner un nouveau prêt à une ferme déjà endettée n’a aucun sens. Ce qu’il nous faut, c’est une année blanche sur les échéances de prêts, sans alourdir notre charge administrative », argue Cyril Hoffman.
Un signal d’alarme pour l’avenir de l’agriculture
Pour ces agriculteurs, cette mobilisation est bien plus qu’un simple cri d’alerte. « Si rien ne change, nous perdrons encore plus d’agriculteurs. Il est temps que le gouvernement et l’Europe prennent la mesure de la situation », conclut Hoffman. Face à l’inaction perçue des autorités, les tracteurs entendent bien se faire entendre à Strasbourg, symbole d’une Europe dont les décisions restent à leurs yeux trop souvent déconnectées des réalités agricoles.