À la Maison de la culture du Japon à Paris, l’exposition « Tokyo, naissance d’une ville moderne » plonge les visiteurs au cœur des transformations radicales de Tokyo dans les années 1920-1930. Après le Grand tremblement de terre du Kantô en 1923, qui fit plus de 100 000 morts et détruisit 44 % de la ville, Tokyo amorça une reconstruction ambitieuse. Le dossier de presse décrit cette période comme celle où la capitale devint « une ville de béton et d’acier », marquée par la création de parcs, le développement des transports et la fusion avec des villes environnantes pour former le « Grand Tokyo » en 1932. Cette évolution est explorée à travers une centaine d’œuvres prêtées par le Tokyo Metropolitan Edo-Tokyo Museum, dont des estampes, des photographies et des objets du quotidien.
L’exposition met en lumière deux courants majeurs de l’art de l’estampe à cette époque : les shin hanga (nouvelles estampes), qui perpétuent des techniques traditionnelles en sublimant les paysages, et les sôsaku hanga (estampes créatives), où les artistes réalisent eux-mêmes chaque étape de leurs œuvres, inspirées par les mouvements européens. Les œuvres de Kawase Hasui et Koizumi Kishio, par exemple, illustrent cette dualité entre modernisation et nostalgie. Ces estampes capturent un Tokyo en pleine mutation, où « la modernisation côtoie les vestiges d’Edo », comme le souligne le dossier de presse, entre tramways, usines et paysages urbains réinventés.
Au-delà de l’architecture, l’exposition témoigne d’une nouvelle culture urbaine, avec l’émergence des grands magasins, des cafés et des salles de spectacle dans des quartiers comme Ginza et Asakusa. Les « moga » (modern girls) et « mobo » (modern boys) illustrent l’ouverture de la société à la mode et aux influences occidentales. Cependant, comme l’indique le dossier, une enquête menée à Ginza en 1925 révèle que « 99 % des femmes portaient encore des kimonos ». Entre ruptures et continuités, l’exposition révèle une capitale en plein essor, où l’hédonisme et les traditions cohabitent, préfigurant le Tokyo moderne que l’on connaît aujourd’hui.