TikTok en sursis : un tribunal américain doit trancher sur son avenir aux États-Unis

16 septembre, 2024 / Entrevue

Ce lundi marque une étape cruciale pour TikTok dans son bras de fer avec le gouvernement américain. Un tribunal fédéral à Washington entend les arguments de l’application vidéo contre une loi promulguée au printemps dernier, exigeant que la populaire plateforme de ByteDance, société mère chinoise, soit vendue à une entreprise non chinoise d’ici janvier 2025. En cas de non-conformité, l’application pourrait être bannie des États-Unis, un marché clé pour l’entreprise avec 170 millions d’utilisateurs.

La loi, signée par le président Joe Biden en avril 2024, vise à limiter l’influence chinoise sur les données personnelles des utilisateurs américains et à prévenir tout risque d’espionnage. Elle fait suite à des préoccupations croissantes sur la sécurité nationale, qui avaient déjà conduit l’administration à interdire TikTok sur les appareils gouvernementaux en 2023. Pour TikTok, cette loi représente une menace existentielle, contraignant la société à envisager une séparation de ByteDance, une option que l’entreprise juge « techniquement et commercialement impossible ».

Un débat entre liberté d’expression et sécurité nationale
ByteDance conteste vigoureusement la législation, soutenant qu’elle viole la Constitution américaine, notamment le Premier amendement qui garantit la liberté d’expression. Selon TikTok, une interdiction nuirait à 170 millions d’utilisateurs américains, notamment ceux qui utilisent la plateforme comme un outil unique de communication. L’entreprise affirme que même si la vente avait lieu, l’application serait dépouillée de sa technologie innovante, la réduisant à une « coquille vide ».

De son côté, le gouvernement américain fait valoir que les risques pour la sécurité nationale surpassent les préoccupations liées à la liberté d’expression. Washington accuse ByteDance de transmettre des données d’utilisateurs au gouvernement chinois et de censurer certains contenus à la demande de Pékin. Des allégations que TikTok nie catégoriquement.

Le sort de TikTok en jeu
Cette affaire fait également l’objet d’un débat politique intense. Donald Trump, candidat républicain à la présidence, s’oppose désormais à toute interdiction, après avoir lui-même tenté de bannir la plateforme en 2020. À l’inverse, Kamala Harris, vice-présidente et candidate démocrate, soutient fermement la loi.

La décision du tribunal fédéral est attendue avec impatience, bien que l’issue soit incertaine. Si la cour statue en faveur de TikTok, cela pourrait poser un défi majeur pour les autorités américaines. En revanche, si elle est défavorable à l’application, l’affaire pourrait être portée devant la Cour suprême, qui devra trancher définitivement.

Avec une décision attendue d’ici la fin de l’automne 2024, cette affaire se déroule dans un contexte de campagne présidentielle, ajoutant une dimension politique au débat déjà tendu entre sécurité nationale et liberté d’expression.