Terres rares : une usine franco-japonaise pour briser le monopole chinois

Terres rares : une usine franco-japonaise pour briser le monopole chinois

Face à la domination chinoise sur les métaux stratégiques, la startup lyonnaise Carester vient de poser la première pierre d’une usine de recyclage de terres rares à Lacq, dans le sud-ouest de la France. Soutenue par des financements japonais et français, cette infrastructure vise à alimenter des secteurs clés comme l’automobile et l’énergie éolienne, tout en réduisant la dépendance européenne à la Chine, qui fournit actuellement 98 % des besoins du continent.

Baptisée Caremag, l’usine entrera en production fin 2026 ou début 2027 et emploiera 92 personnes. Elle recyclera chaque année 2 000 tonnes d’aimants permanents pour produire environ 800 tonnes de terres rares légères (néodyme et praséodyme) et raffinera 5 000 tonnes de concentrés miniers pour générer 600 tonnes de terres rares lourdes (dysprosium et terbium). Cela représentera environ 15 % de la production mondiale actuelle de ces métaux essentiels.

Le projet bénéficie d’un financement de 216 millions d’euros, dont 110 millions apportés par les partenaires japonais Jogmec et Iwatani, et 106 millions par l’État français sous forme de subventions et avances remboursables dans le cadre de France Relance et France 2030. Caremag ambitionne ainsi de devenir le premier recycleur européen de terres rares et le plus grand producteur occidental de terres rares lourdes séparées.

Afin de sécuriser sa production face au risque de dumping chinois, l’entreprise a signé des accords de long terme avec des acteurs stratégiques. Stellantis a déjà conclu un contrat d’achat, tandis que 50 % de la production sera vendue à un partenaire industriel japonais.

Sur le plan environnemental, l’usine promet des normes strictes : zéro rejet d’effluents liquides, valorisation du nitrate d’ammonium en fertilisant et recyclage de 80 % des rejets directs de CO₂.

Ce projet s’inscrit dans un mouvement plus large visant à renforcer la souveraineté européenne en terres rares. D’autres initiatives industrielles sont en cours en France, comme l’usine-test de MagREEsource en Isère, la production de Solvay à La Rochelle ou encore le projet Magnolia d’Orano pour fabriquer des aimants haute performance. Avec Caremag, la France pose une première pierre décisive pour réduire sa dépendance aux importations chinoises et se positionner comme un acteur clé du recyclage des terres rares.

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