Les tensions entre le Brésil et Elon Musk, patron de X (anciennement Twitter) et futur membre de l’administration Trump, viennent de franchir un nouveau cap. Lors d’un atelier sur la désinformation organisé en marge du G20 Social, la Première dame brésilienne, Rosangela « Janja » da Silva, a proféré des critiques acerbes à l’encontre de l’entrepreneur américain, relançant un débat houleux sur la régulation des réseaux sociaux.
Une intervention sous tension
Samedi 16 novembre, au cours d’une prise de parole improvisée, « Janja » s’est exprimée sur la nécessité de réglementer les plateformes numériques pour lutter contre la désinformation, un sujet particulièrement sensible au Brésil. Mais c’est une remarque inattendue qui a marqué les esprits. Interrompue par un bruit de klaxon provenant d’un navire, elle a plaisanté : « Je crois que c’est Elon Musk. » Avant de s’exclamer : « Je n’ai pas peur de toi. Va te faire foutre, Elon Musk ! »
Ces propos, capturés dans une vidéo rapidement devenue virale, ont suscité des réactions contrastées. Les militants présents dans la salle ont applaudi la sortie de la Première dame, mais l’épisode a enflammé les réseaux sociaux et relancé les critiques des opposants politiques du président Luiz Inácio Lula da Silva.
La réponse ironique d’Elon Musk
Elon Musk n’a pas tardé à réagir sur X, publiant un simple « lol » accompagné d’un clip de l’intervention. Il a ensuite ajouté : « Ils perdront les prochaines élections », une pique directe au gouvernement brésilien.
Les relations entre le milliardaire et le Brésil sont depuis longtemps tumultueuses. En juillet dernier, Janja Lula da Silva avait déjà menacé de poursuivre X après le piratage de son compte sur la plateforme, dénonçant une gestion laxiste de la cybersécurité.
Un contexte de tensions diplomatiques et juridiques
Cette nouvelle polémique intervient dans un contexte où X a déjà été confronté à des sanctions sévères au Brésil. En août, la plateforme avait été suspendue pendant 40 jours sur décision de la Cour suprême, pour avoir refusé de bloquer des comptes diffusant des informations fallacieuses, souvent en lien avec des partisans de l’ex-président Jair Bolsonaro.
Alexandre de Moraes, juge de la Cour suprême, avait qualifié la gestion d’Elon Musk de « complicité avec la désinformation ». Musk, de son côté, l’avait accusé de « censure », allant jusqu’à le comparer à Voldemort, l’antagoniste de la saga Harry Potter.
Après une série de concessions, dont le paiement d’une amende de 5 millions de dollars et la désignation d’un représentant légal au Brésil, X avait finalement vu sa suspension levée en octobre.
Une controverse aux répercussions diplomatiques ?
L’insulte de la Première dame pourrait avoir des conséquences diplomatiques. Jair Bolsonaro, ancien président et figure de l’opposition, s’est empressé de commenter : « Nous avons un autre problème diplomatique. » Fabio Wajngarten, avocat de Bolsonaro, a exprimé des inquiétudes sur X, suggérant que ces propos pourraient entraîner des sanctions américaines contre le Brésil.
Alors que le sommet du G20 se poursuit à Rio de Janeiro, cet échange virulent entre Janja da Silva et Elon Musk illustre à quel point les plateformes numériques demeurent au cœur des batailles politiques et des enjeux internationaux. Si certains saluent la franchise de la Première dame, d’autres s’interrogent sur l’impact de ses paroles sur les relations entre Brasilia et Washington.