Tensions à l’Assemblée : Naïma Moutchou accuse Manuel Bompard de menaces
Le climat à l’Assemblée nationale s’est enflammé jeudi 28 novembre, lors de l’examen de la proposition de loi portée par La France insoumise (LFI) visant à abroger la réforme des retraites. La vice-présidente Horizons de l’Assemblée, Naïma Moutchou, accuse le député LFI Manuel Bompard de l’avoir menacée verbalement pendant une suspension de séance. Une situation qui reflète les tensions croissantes autour de ce texte controversé.
Des propos sous le feu des critiques
Dans un communiqué publié sur X (anciennement Twitter), Naïma Moutchou affirme que Manuel Bompard lui aurait lancé à plusieurs reprises : « Tu vas le payer, tu vas payer ce que tu es en train de faire, tu es complice oui, tu paieras ça oui oui, y compris électoralement ». Une accusation qu’elle qualifie d’inédite depuis son entrée en politique en 2017.
De son côté, le député insoumis confirme avoir évoqué une responsabilité électorale mais dément toute menace directe. Il assure que son intention était uniquement de dénoncer ce qu’il perçoit comme une obstruction au débat parlementaire orchestrée par le gouvernement et soutenue par Naïma Moutchou dans son rôle de présidence.
Cette altercation s’inscrit dans une journée déjà marquée par des échanges particulièrement tendus. La niche parlementaire de LFI, dédiée à leurs propositions de loi, avait placé en priorité un texte visant à revenir sur la réforme des retraites de 2023, qui a repoussé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Cependant, des centaines d’amendements déposés par des députés macronistes et centristes ont empêché le vote du texte avant minuit, échéance fixée pour cette journée.
En marge de cet affrontement verbal, d’autres tensions ont éclaté dans l’hémicycle. Le député MoDem Nicolas Turquois aurait failli en venir aux mains avec des parlementaires de LFI. Celui-ci a reconnu « avoir pété un câble » face à des pratiques qu’il juge inacceptables, notamment la publication par LFI d’une liste nominative des députés ayant bloqué l’abrogation. Antoine Léaument, député insoumis, accuse à son tour Nicolas Turquois de l’avoir menacé lorsqu’il lui demandait de quitter les lieux.
Une controverse qui prend une tournure personnelle
Dans son communiqué, Naïma Moutchou s’interroge sur la virulence dont elle estime avoir été victime, avançant l’hypothèse que son genre et ses origines pourraient avoir joué un rôle : « Pourquoi ceux qui m’ont succédé à la présidence (deux hommes) n’ont-ils pas été la cible de telles intimidations ? ». Elle dénonce des attaques sexistes et racistes, ce que Manuel Bompard qualifie de « calomnies infâmes » visant à détourner l’attention des critiques sur son rôle dans le blocage du texte.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a condamné dans un communiqué les « multiples invectives et altercations » qui ont marqué cette session, appelant à restaurer un débat parlementaire apaisé.
Cet épisode met en lumière l’escalade des tensions au sein d’un hémicycle de plus en plus polarisé. Si les échanges musclés font partie de la vie politique, les accusations de menaces personnelles et les altercations physiques témoignent d’un climat délétère exacerbé par des enjeux de société clivants. Dans un contexte où la réforme des retraites reste un sujet explosif, ces incidents soulèvent des questions sur l’avenir du dialogue démocratique à l’Assemblée nationale.