Le gouvernement italien renforce son contrôle sur Telecom Italia, compliquant les perspectives d’acquisition pour des investisseurs étrangers comme Xavier Niel. Poste Italiane, détenu à 64 % par l’État italien, a racheté les 9,8 % de parts de la Caisse des Dépôts italienne (CDP), devenant ainsi le deuxième actionnaire de l’opérateur historique derrière Vivendi. Cette manœuvre stratégique vise à garantir une mainmise nationale sur le secteur des télécommunications et à contrer les ambitions d’Iliad, propriété du milliardaire français.
L’opération, soutenue par Giorgia Meloni, marque une volonté claire de protéger Telecom Italia d’une consolidation avec des acteurs étrangers. Le ministre de l’Économie, Giancarlo Giorgetti, a rappelé que Rome n’hésitera pas à utiliser son « golden power » pour préserver l’intérêt national. Un message adressé directement à Iliad et au fonds britannique CVC, tous deux intéressés par un rapprochement avec TIM. L’État italien a d’ailleurs déjà racheté en 2024 le réseau fixe de Telecom Italia en partenariat avec le fonds KKR pour un montant de 22 milliards d’euros.
Alors que Telecom Italia souffre d’un marché hyperconcurrentiel, le PDG Pietro Labriola avait récemment évoqué la possibilité d’une fusion avec Iliad, y voyant un levier de synergies industrielles. Mais avec Poste Italiane au capital, cette option semble désormais écartée. L’entreprise publique pourrait plutôt favoriser une alliance interne, intégrant sa filiale PosteMobile et accélérant la distribution des services de Telecom Italia.
Cette prise de contrôle de l’État italien sur Telecom Italia illustre la méfiance croissante de Giorgia Meloni vis-à-vis des investisseurs étrangers dans les secteurs stratégiques. L’opération pourrait également fragiliser Vivendi, qui reste le principal actionnaire avec 23,75 % du capital, mais dont l’influence au sein du conseil d’administration s’est considérablement réduite depuis son retrait en janvier 2023.
Dans ce climat de nationalisme économique, Iliad et CVC voient leurs espoirs d’expansion en Italie s’amenuiser. Le cours de Telecom Italia a d’ailleurs chuté de 7,59 % après ces annonces, signe que le marché intègre l’idée d’une consolidation nationale, sous le contrôle étroit de Rome.