Télé-réalité en France : le regret d’Alexia Laroche-Joubert pour le service public

Alexia Laroche-Joubert, l’une des productrices les plus influentes de la télévision française, était l’invitée de Léa Salamé dans la matinale de France Inter ce mercredi 16 octobre 2024. Lors de cette interview, elle est revenue sur la naissance de la télé-réalité en France avec des émissions emblématiques telles que « Loft Story » et « Koh-Lanta », et a exprimé ses regrets quant à l’absence de France Télévisions dans ce domaine.

Le rendez-vous manqué de France Télévisions

Selon la productrice, France Télévisions « est passé à côté » de la télé-réalité, un phénomène qui a pourtant capté l’attention d’une large part de la jeunesse à partir des années 2000. « On peut se demander si c’était une bonne décision pour le service public de se couper d’une jeune génération », a-t-elle affirmé. Elle considère que cette décision a privé la chaîne publique d’une opportunité unique de fidéliser un public plus jeune. Laroche-Joubert souligne la diversité des formats de télé-réalité et estime que France Télévisions aurait pu exploiter ce genre pour attirer et maintenir l’intérêt des jeunes téléspectateurs.

En 2004, Alexia Laroche-Joubert exprimait déjà des doutes sur l’avenir de la télé-réalité, affirmant que « montrer des anonymes sans finalité » ne fonctionnerait plus. Pourtant, l’histoire a prouvé qu’elle s’était trompée, comme elle le reconnaît volontiers aujourd’hui. Des émissions comme « Secret Story », exclusivement basées sur la participation de candidats anonymes, ont rencontré un succès phénoménal à partir de 2007, contredisant ses prévisions.

Laroche-Joubert est également revenue sur l’impact de « Loft Story », l’émission fondatrice de la télé-réalité en France. Pour elle, « Loft Story » a marqué le début d’une nouvelle ère, tant pour la télévision que pour la société. Ce programme, qui montrait la vie quotidienne de candidats enfermés dans un loft, a permis une plongée sans précédent dans l’intimité des individus, préfigurant ainsi l’essor des réseaux sociaux où chacun expose sa vie. « C’était le début de ce que va devenir la télé-réalité, mais aussi des réseaux sociaux », analyse-t-elle.

Le regard fasciné sur l’intime

Interrogée sur la notion de voyeurisme, la productrice explique avoir toujours été fascinée par la vie privée des autres. Enfant, elle aimait observer ses voisins, et cette curiosité l’a suivie tout au long de sa carrière. Pour elle, la télé-réalité permet de « rentrer dans la vie des gens », un concept qui, selon elle, captive le public par sa capacité à susciter de l’identification, même dans des scènes banales comme « manger des spaghettis », rappelle-t-elle en évoquant les scènes cultes de « Loft Story ».

À l’occasion du lancement de la série « Culte » sur Amazon Prime Video, Alexia Laroche-Joubert plonge une nouvelle fois dans l’univers de « Loft Story ». Cette fiction retrace les coulisses du lancement de l’émission, les rivalités entre chaînes, les hésitations des décideurs de l’époque, ainsi que les batailles internes pour faire émerger ce nouveau format télévisuel en France. Alexia Laroche-Joubert, décrite à travers le personnage d’une productrice ambitieuse et prête à tout pour réussir, se reconnaît en partie dans cette représentation, affirmant être « opportuniste dans le bon sens du terme » et portée par une « rage intérieure » qui a forgé sa carrière.

Ainsi, près de vingt ans après ses débuts dans la télé-réalité, Alexia Laroche-Joubert continue de marquer le paysage audiovisuel français, tout en réfléchissant à l’évolution d’un genre qui a profondément changé la télévision et la société.

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