Taxe sur les billets d’avion : une hausse pour financer la transition écologique

Entrevue 1

Dans le cadre du projet de loi de finances 2025, le gouvernement souhaite augmenter la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), espérant ainsi récupérer près de 1 milliard d’euros supplémentaires. Cette initiative s’inscrit dans la volonté de « verdissement de la fiscalité », avec une accentuation de la contribution des voyageurs fréquents à la transition écologique.

Une augmentation substantielle pour les passagers

Actuellement, cette taxe s’élève à 2,63 euros pour un vol en classe économique à destination de l’Union européenne, et à 7,51 euros pour les destinations en dehors de l’Europe. Pour les passagers en classe affaires, elle atteint respectivement 20,27 euros et 63,07 euros. À partir de 2025, ces montants connaîtront une hausse significative : pour les vols européens, le coût passera à 9,50 euros en classe économique et à 30 euros en classe affaires. Les destinations plus éloignées seront encore plus fortement taxées, avec des tarifs pouvant aller jusqu’à 40 euros en classe économique et 120 euros en classe affaires pour les trajets dépassant 5 500 kilomètres.

L’aviation d’affaires sera également touchée par cette réforme. Actuellement taxée à hauteur de 70 euros, la taxe pour les vols en jet privé pourrait atteindre 3 000 euros par passager, en fonction de la distance parcourue. Cette mesure est perçue comme un effort pour encourager des pratiques plus respectueuses de l’environnement dans le secteur du transport aérien.

Opposition en Corse et dans les territoires d’outre-mer

Cette augmentation de la TSBA suscite des critiques, notamment en Corse. Paul-André Colombani, député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, dénonce une « triple injustice ». Il souligne que, pour les Corses, prendre l’avion est souvent une nécessité, notamment pour des raisons médicales ou professionnelles, en l’absence d’alternatives ferroviaires ou autoroutières. La hausse de la taxe affecterait également la compagnie aérienne régionale, ce qui pourrait fragiliser davantage la continuité territoriale. Colombani a déposé un amendement pour que la Corse soit exemptée de cette augmentation, à l’instar des territoires d’outre-mer, une requête déjà défendue par Stéphane Lenormand, député de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Sur la Côte d’Azur, les acteurs du secteur aérien expriment leurs inquiétudes quant à l’impact de cette hausse sur l’attractivité de la région. Franck Goldnadel, président des Aéroports de la Côte d’Azur, alerte sur les conséquences pour le tourisme et les compagnies aériennes low-cost comme EasyJet, très implantées dans la région. Ils demandent la réalisation d’une étude d’impact avant l’adoption définitive de cette mesure.

Un enjeu environnemental et fiscal

Cette augmentation de la TSBA fait partie d’un ensemble de mesures fiscales visant à générer 20 milliards d’euros supplémentaires pour l’État, dont 1,8 milliard provenant de nouvelles « taxes écologiques ». En alourdissant la fiscalité du transport aérien, le gouvernement espère non seulement augmenter ses recettes, mais aussi inciter à une réduction des vols, particulièrement ceux des classes affaires et des jets privés, pour lutter contre le réchauffement climatique.

Ainsi, bien que contestée dans certaines régions, cette réforme est un levier financier clé pour le gouvernement dans sa quête de ressources pour financer la transition écologique et réduire le déficit public.

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