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Conférence sur le Liban: sert-elle à sauver le Hezbollah ou le pays ? Tous les doutes sont permis…

Ce jeudi 24 octobre à Paris, la Conférence internationale de soutien au Liban s’est tenue. Organisée par Emmanuel Macron, elle a rassemblé plus de 70 chefs d’État, organisations internationales et sociétés civile avec un but officiel : aider ce pays au bord du gouffre. Officiellement, l’enjeu est d’apporter une aide immédiate à la population libanaise, renforcer les institutions du pays, les forces armée libanaises et garantir la stabilité intérieure. Rappelons en effet que les affrontements qui se déroulent dans le pays, notamment à la frontière avec Israël, ont déjà contraint un million personnes à se déplacer, et plus de 2 700 personnes ont été tuées en un mois lors de ces affrontements. L’autre but affiché de cette conférence est de promouvoir une solution diplomatique durable afin d’éviter un embrasement du conflit et éloigner le spectre grandissant d’une guerre civile et d’une Troisième Guerre mondiale.

Si au premier abord, cette conférence semble vertueuse et pleine de bonnes intentions, de nombreuses interrogations se posent. Et les les 1,5 milliard de dollars obtenus, censés soutenir les capacités de défense du Liban et l’aide humanitaire, sont loin d’effacer toutes les zones d’ombre entourant cette conférence. Cette conférence est-elle destinée à sauver le Liban ou bien le Hezbollah ? La question se pose de façon légitime…

Des absents de poids

En premier lieu, l’absence de représentants étrangers de haut rang et de certains acteurs-clés à cette conférence, comme Israël et l’Iran, pose question et soulève des doutes sur l’impact réel de cette conférence. Difficile en effet d’imaginer construire une paix durable sans asseoir autour de la table deux pays totalement incontournables dans la discussion si l’on souhaite véritablement stabiliser les relations diplomatiques dans la région. Autres absents de poids : le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui effectue une dernière tournée au Moyen-Orient avant la présidentielle américaine, et qui s’est fait remplacer, ou encore le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Ben Abdallah Al Saoud.

Le jeu dangereux du président Macron

En second lieu, le président Macron, en accusant Israël, et donc Benyamin Netanyahou, de « semer la barbarie », poursuit son jeu dangereux en flattant ses amis pro-iraniens au Liban. Une telle attaque directe contre Netanyahou n’a rien d’innocent et signifie, dans le système Macron, qu’un deal est en préparation. Cela confirme dans le même temps les ambiguïtés diplomatiques qu’entretient la France avec le Hezbollah ces dernières années. Des ambiguïtés que cette conférence n’a fait que renforcer…

À titre d’exemple, on peut s’interroger sur les représentants libanais présents à la conférence de Paris, à l’image de Najib Mikati, le premier ministre libanais par intérim, et Abdallah Bou Habib, le ministre des Affaires étrangères libanais. Ces derniers n’ont en effet aucune légitimé égale. Démissionnaires depuis deux ans, la constitution libanaise leur interdit de prendre des décisions sans avoir l’accord du parlement. En outre, ces dirigeants, accueillis en amis par Emmanuel Macron, ont été mis à leur poste par le chef du Hezbollah en personne, Hassan Nasrallah, décédé dans une frappe israélienne. Des éléments qui, associés au discours réprobateur contre Israël, sèment un peu plus le trouble.

L’argent du peuple libanais détourné par les dirigeants du pays au profit du Hezbollah

On peut dès lors légitimement se poser la question ce qu’il adviendra des 800 millions d’euros d’aides accordés au Liban. Le pays est en effet toujours contrôlé par le Hezbollah, parti pro-iranien qui dirige tout en sous-main. L’argent va donc atterrir dans les caisses du Hezbollah, qui grâce à la bienveillance du président Macron, voit ainsi une véritable aubaine pour se reconstituer une trésorerie. On rappelle en effet qu’Israël avait réussi à couper les sources d’approvisionnement du Hezbollah en bombardant les infrastructures des banques appartement au Hezbollah et en réduisant en cendres des centaines de millions en cash qui étaient cachés dans des souterrains…

L’argent promis au Liban lors de cette conférence servira-t-il les intérêts du peuple libanais? Rien n’est moins sûr… Le tout, encore une fois, sous le regard bienveillant du président Macron, qui semble avoir pris étrangement un virage bien complaisant avec le Hezbollah. En coulisses, la majorité des députés macronistes ne comprennent pas cette position et ont d’ailleurs tenté de dissuader le président de prendre ce virage radical. En vain…

Le pire, c’est que ce ne serait pas la première fois que les Libanais se font ainsi voler. Loin de là. Jusque-là, tout l’argent des aides financières étrangères en faveur du Liban a été détourné par les dirigeants libanais, et notamment les 14 milliards de dollars accordés au Liban pour lui évier la banqueroute, accordées lors des accords de Paris-1, Paris-2 et Paris-3, lorsque Jacques Chirac présidait la conférence internationale des donateurs. Sans oublier le milliard d’euros envoyé par l’Union européenne pour aider les réfugiés syrien au Liban, qui s’est tout simplement évaporé. À tel point que le parlement européen a voté l’arrêt de toute aide au Liban en cash… Mais où est passé ce milliard ? Mystère…

Autre élément édifiant : la France est parfaitement au courant de ces détournements d’argent. Comme le révélait le journaliste Georges Malbrunot, Emmanuel Macron lui-même avait expliqué aux dirigeants libanais, réunis à Beyrouth à l’ambassade de France en 2020, savoir qu’il savait qu’ils avaient volé l’argent des Libanais, notamment en créant une pyramide de Ponzy, précisant même qu’il savait où cet argent était caché, y compris dans certaines banques françaises. Au final, cette mise au point n’aura pas servi à rembourser le peuple libanais, mais permis à la France et au milliardaire Rodolphe Saadé, président de la société de transport maritime CMA CGM, d’obtenir le contrat de la reconstruction du port de Beyrouth suite à la gigantesque explosion de 2020. Ce dernier, nouvellement propriétaire de BFM TV, était d’ailleurs dans l’avion présidentiel, comme l’a aussi révélé Georges Malbrunot. Le tout sous la bienveillance du Hezbollah, passage obligé pour finaliser un tel deal, via le ministre des Transports de l’époque Ali Amieh, proche du Hezbollah, et Ammar Moussaoui, délégué du Hezbollah aux relations internationales. D’autres projets ont suivi…

La colère froide d’Emmanuel Macron

Si Emmanuel Macron entretient des relations troubles avec le Hezbollah, le président goûte peu qu’on le lui rappelle publiquement. Tout le monde a en mémoire cette scène ahurissante qui se déroule en 2020 à l’Élysée, au cours de laquelle Macron s’emporte violemment contre le journaliste Georges Malbrunot, l’un des mieux renseignés sur le Moyen-Orient. En cause : plusieurs articles diffusés dans Le Figaro, dans lesquels le journaliste évoquait les chefs de clans et les mécanismes de la corruption dont souffre le Liban. Le journaliste révélait aussi qu’Emmanuel Macron avait déclaré à Mohammed Raad : « Je veux travailler avec vous pour changer le Liban. » Pour rappel, Mohammed Raad est l’une des principales figures du Hezbollah, et a été le premier député de cette organisation à obtenir un siège de député au Parlement, en 1992″. Cette colère froide, cette remontrance indigne d’une cour de récréation, totalement indigne d’un chef d’État dans un pays démocratique, en dit long sur l’ambiguïté des relations entre le président français et le Hezbollah…

La libération de Riad Salamé, détenu pour corruption, évoquée lors de la Conférence internationale de soutien au Liban

Autre preuve des relations troubles du président français : on a appris que lors de la Conférence internationale de soutien au Liban, la question de la libération de Riad Salamé avait été évoquée. Une énorme surprise, quand on sait que ce dernier, ex-gouverneur de la Banque du Liban, a été placé en détention au mois de septembre suite à une enquête le visant pour des soupçons de détournement de fonds publics pour un montant dépassant les 40 millions de dollars. Présenté par certains comme le sauveur du Liban ou un bouc-émissaire, c’est ce même Salamé qui était en en poste à la tête de la BDL depuis 1993, et qui est soupçonné aujourd’hui d’avoir ruiné le Liban. Il a notamment été soupçonné d’avoir mis en place des systèmes financiers risqués, souvent comparés à une « pyramide de Ponzi ». Depuis fin 2019, l’effondrement de l’économie libanaise a vu la monnaie nationale perdre plus de 98 % de sa valeur, plongeant de nombreux citoyens dans la précarité et leur coupant l’accès à leurs économies. Sa libération anticipée, mises sur le table de la Conférence internationale de soutien au Liban, est donc un véritable scandale démontrant malheureusement qu’une fois encore, l’intérêt des Libanais n’est absolument pas la priorité de ceux assis autour de la table…

Mais après tout, quand on entend le président Macron parler du Liban actuel comme d’un « miracle » de diversité et d’un modèle politique, alors que le pays est gangréné par la corruption, l’ultra-communautarisme et les islamistes aux ordres de l’Iran, plus rien ne doit nous surprendre dans ce bal hypocrite de barbares et de corrompus…

Christophe Ayad a dû mal à entendre « la comparaison entre Hassan Nasrallah et Oussama Ben Laden »

Le grand reporter du Monde, Christophe Ayad, s’étonne de toutes les comparaisons farfelues qu’il peut entendre en ce moment au sujet d’Hassan Nasrallah, dans les jours qui ont suivi la mort du leader du Hezbollah au Liban.

Dans l’émission C Ce Soir sur France 5, « Iran, la guerre qui menace le régime« , le journaliste et grand reporter Christophe Ayad prend à contre-pied tous ceux qui comparent le leader d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden et celui du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

« J’ai quand même un problème à entendre une comparaison entre Hassan Nasrallah et Oussama Ben Laden« , s’étonne-t-il. « Ce n’est pas une comparaison… Je n’en fais pas une question de morale. C’est juste que c’est ne rien comprendre, mais rien du tout, au Hezbollah et au Liban que de penser que le secrétaire général d’un part qui est globalement le représentant prépondérant d’un tiers des Libanais, au moins, les Chiites, à travers d’élections, est l’équivalent du chef d’une petite organisation terroriste, qui certes a commis le 11 septembre, mais qui ne représentait à ce moment-là, pas plus que 500 ou 5000 personnes.« 

Avant de conclure : « C’est tout le problème que j’ai avec le gouvernement Netanyahu qui ne prend pas en compte les peuples, quels genres de peuples sont voisins d’Israël.« 

Bernard-Henri Lévy juge « infame » l’accusation de crimes de guerre contre Israël, tollé sur les réseaux sociaux

Le procureur de la cour pénale internationale a demandé l’inculpation de Benyamin Netanyahou pour crimes de guerre. Une réalité qui ne plait pas du tout à Bernard-Henri Lévy, invité ce mardi soir sur LCI.

Chez Darius Rochebin sur LCI, Bernard-Henri Lévy fait tout ce qu’il peut pour défendre Israël. Se mettre les réseaux sociaux à dos, il s’en moque. Aller contre l’avis de la cour pénale internationale, aussi.

« Si Netanyahou est inculpé de crimes de guerre dans les jours prochains, est-ce que vous continuez à le soutenir ?« , lui demande Darius Rochebin.

Réponse de « BHL » : « Cette accusation est infâme. L’accusation de crimes de guerre, l’accusation de génocide, elle est infame. J’ai suivi cette guerre à Gaza comme vous, avec le coeur déchiré et avec une grande attention. Je n’ai jamais vu de ma vie une armée au monde qui, avant de frapper, prévient. Qui dit attention on va frapper dans quelques heures ou quelques jours, qui ouvre des corridors pour des civils, qui aide à leur évacuation… C’est ce qu’a fait Israël depuis sa riposte au 7 octobre.« 

Ce à quoi lui rétorque Darius Rochebin : « Vous voyez bien qu’une partie du monde gronde. La proportion d’innocents tués est incontestable : Pour 100 combattants islamistes du Hamas, il y a 1000 civils qui meurent.« 

Des propos qui lui valent une salve de messages négatifs sur X : pour beaucoup, il est « dans le déni absolu des actes barbares du régime« . L’ex-sénateur Yves Pozzo di Borgo estime même que « BHL est bien payé » pour défendre Israël bec et ongles.

Autre message d’appel à la paix et à l’humanité : « BHL ce n’est pas parce qu’une armée prévient qu’elle va frapper et tuer qu’elle ne peut pas être sans crime de guerre. Quand une armée frappe un camp de réfugiés avec des gros missiles, même s’il y avait des terroristes, dans une safe zone c’est un crime de guerre ».