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Attaque du fourgon : la profonde tristesse d’un père, « j’entends la voix d’Eric Dupond-Moretti, et j’ai compris »

Un drame familial terrible. Suite à l’attaque du fourgon pénitentiaire, mardi matin, dans l’Eure, c’est une famille entière qui a perdu un de ses membres. Un futur père de famille est décédé, abattu par des meurtriers qui avaient prémédité cette évasion.

Pour France Bleu Normandie, Dominique Garcia, le père de l’agent pénitentiaire Arnaud Garcia, témoigne. On apprend notamment que son fils, âgé de 34 ans, allait à son tour devenir père. « Huit ans qu’il attendait cela avec sa femme »… L’épreuve est immense.

Le papa donne les détails de la situation familiale et professionnelle de son fils : « Il avait rencontré des très bons collègues avec qui il s’entendait très bien. Donc il était heureux de vivre, il avait la chance d’avoir une femme agréable, de créer une famille, il habitait à côté de chez nous… C’est notre fils unique, donc je l’ai mis dans une bulle toute sa vie. Et la bulle a explosé. »

Après 39 ans en tant que gendarme, ce monsieur croit fort en la justice. Même si la colère est totale : « Je suis sous le coup de la colère. Il ne verra pas son bébé. On ne saura que dans dix jours si c’est un garçon ou une fille. Je tâcherai de l’élever avec sa maman bien sûr, comme on a fait pour notre fils. Mais, j’ai un déchirement qui fait très mal. »

Une famille détruite. Une femme enceinte forcément « dévastée ». Dominique Garcia témoigne : « J’ai dû l’emmener chez le médecin, parce qu’elle est enceinte et elle refuse de manger, elle n’a pas faim. Je m’occupe de tout, je lui ai dit ‘T’inquiète pas, on est à deux’. Au niveau média, j’ai canalisé un peu tout ça pour éviter qu’elle soit perturbée. On attend les cérémonies, l’inhumation, et après, on verra. »

Un coup de téléphone, le temps qui s’arrête. Mais d’abord l’inquiétude de sa belle-fille, mardi, inquiète. Elle l’appelle : « Elle me dit ‘Dominique, regardez la télé, Arnaud ne répond pas au téléphone’. Je vois deux morts, trois blessés. J’appelle sur son portable, rien. J’appelle le centre qui s’occupe des transfèrements, on me dit qu’on me rappelle. Au bout de dix minutes, mon téléphone sonne et j’entends la voix d’Eric Dupond-Moretti (le ministre de la Justice), et j’ai compris. J’ai fait 39 ans en gendarmerie, j’ai dû annoncer une vingtaine de fois à des familles le décès d’un membre. Donc j’ai compris. Ce n’est pas pour me dire que le gamin était parti ramasser des fraises. »

Et que dire du pressentiment de son fils Arnaud au moment de partir travailler ce matin-là ? Il se confiait alors à sa femme : « Je la sens pas cette journée, je la sens pas »…

Une famille menotté par erreur dans l’Eure

« Je tremblais, je pleurais ». La peur de leur vie. Dans l’Eure, à Val-de-Reuil, un incroyable couac de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) a coûté une incroyable frayeur à un couple de quinquagénaires, ce lundi, avant 6 heures.

« Ils m’ont mise à genoux les mains en l’air et ils m’ont menottée. Je leur ai demandé ce qu’il se passait », témoigne, encore traumatisée, Géraldine à France Bleu Normandie. Cagoulés, casqués, armés, elle raconte comment ces policiers ont réalisé cette intervention par erreur.

« J’étais à demi nue, ils ont tout de suite été très violents et très agressifs. Je leur ai demandé si au moins je pouvais m’habiller et là ça les a rendus dingues. »

Géraldine, sur France Bleu Normandie

Pendant une demi-heure environ, ils sont intervenus dans le cadre de l’interpellation et du placement en garde à vue de 17 personnes, suspectées d’intrusion et de dégradations dans la cimenterie Lafarge à Val-de-Reuil en décembre.

« Les enquêteurs en sont, tout comme moi, désolés », car cette visite surprise n’était qu’une erreur. Qui s’explique par « un changement d’adresse de la personne que les policiers cherchaient à interpeller dans cette commune », selon le procureur de la République d’Évreux, Rémi Coutin. Sur France Bleu, il admet une descente « regrettable ».

« Comme dans un mauvais film ou un mauvais jeu vidéo »

Ils étaient tout de même une vingtaine de policiers au domicile de ce couple. Leur fils, également présent, a lui aussi été menotté. Au deuxième étage, « ils déboulent dans ma chambre, ils tirent ma couette, je suis menotté, je ne comprends pas ce qui se passe en fait », témoigne le jeune homme de 18 ans, étudiant en psycho, incapable de se rendre à un examen le jour-même.

24 heures après les faits, la famille reste sous le choc. Sans explication, la BRI a procédé aux fouilles avant de se rendre compte de sa bévue. « Ils sont partis et ils nous ont dit “bon courage, ça ne va pas être facile” », précise la professeur de danse, « et “excusez-nous du dérangement” ». La famille envisage d’engager une procédure.