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Droits TV, Ligue 1, IPTV, Arabie Saoudite : DAZN en grandes difficultés ?

Serait-ce une nouvelle catastrophe à venir pour le football français ? Le diffuseur DAZN aurait obtenu les faveurs d’environ 100 000 abonnés depuis le début de la saison, mi-août. Un échec terrible, avec des répercussions financières graves.

Devenu diffuseur officiel de la Ligue 1 un peu à la dernière minute, DAZN (« DaZone ») paye le fait que la Ligue de Football Professionnel (LFP) a tergiversé très longtemps pour finalement obtenir de faibles montants de droits TV.

C’est le journaliste Abdellah Boulma qui donne cette inquiétante information pour le football français : DAZN ne compterait qu’un peu plus de 100 000 abonnés. Pour rappel, en pleine crise Covid, MediaPro (producteur de la chaîne Téléfoot) avait décidé de cesser ses paiements alors qu’il totalisait 400 000 abonnés…

Selon le même journaliste, DAZN pourrait quitter les lieux d’ici deux ans, en 2026, sauf aide financière extérieure ou augmentation significative de ses abonnés. Pour information, une clause de sortie a été fixée à 1,5 million d’abonnés en 2026… Un chiffre qui paraît déjà inaccessible tant les débuts ont été laborieux.

Certes, avec le niveau de l’AS Monaco ou de l’OM cette saison, la lutte pour le titre semble un peu moins déséquilibrée mais le manque de stars, l’essor de l’IPTV, le niveau des tarifs d’abonnements et le bazar à la LFP n’ont rien arrangé. L’image du football français auprès du grand public est désastreuse, que ce soit dans les grandes villes ou dans les campagnes. Et ce, même si les stades sont relativement bien remplis et que le spectacle reste agréable en ce début de saison.

Abdellah Boulma rappelle que de l’argent frais en provenance de l’Arabie Saoudite pourrait aider DAZN à poursuivre son chemin. Une donnée qui confirme mes informations révélées dans le Dèj Foot en 2020 et 2021 au sujet du rapprochement très clair réalisé par DAZN avec l’Arabie Saoudite. Les hommes d’affaires saoudiens ne jetteront pas l’argent par les fenêtres. Ils financeront uniquement si la suite du projet est viable.

Qu’est-ce qui pourrait changer la donne ? Une augmentation significative du nombre d’abonnés semble être un mirage actuellement. Les abonnements IPTV sont indétectables. Impossible d’aller faire migrer un abonné IPTV vers un pack DAZN, qui coûte beaucoup plus cher et qui diffuse bien moins de contenus. Les Français, certes hors la loi, ne vont pas payer plus pour obtenir moins.

La seule solution ? Ramener de nouvelles têtes d’affiche en Ligue 1 et mettre en place rapidement le renouveau de la rivalité PSG-OM. Raviver la flamme. Tout cela passe bien entendu par le dénouement annoncé (mais incertain en termes de dates) de l’officialisation de la cession de l’Olympique de Marseille à un consortium d’entreprises mené par l’Arabie Saoudite. Encore eux.

« beIN tue la L2 », match arrêté, balles de tennis : la Ligue 2 va-t-elle perdre son diffuseur ?

Les supporters de clubs de Ligue 2 sont fous de rage depuis le changement de programmation des matchs de 2e division de football, avec un multiplex le vendredi soir. Grève des chants, banderoles hostiles à beIN Sports, tags des cars de production AMP Visual TV, actes de violence, nouveau week-end tristement animé sur les pelouses de L2.

26 minutes d’arrêts de jeu lors de Lorient-Grenoble, ce samedi après-midi… Les téléspectateurs qui se connectaient furtivement sur beIN Sport à cette heure-là n’ont pas dû bien comprendre le pourquoi du comment d’autant de minutes supplémentaires.

Alors que le coup d’envoi du match Lorient-Grenoble devait avoir lieu à 14h30, ce samedi, deux cars de production audiovisuelle aux abords du stade ont été pris pour cible : actes de violence, tags et injures. Le prestataire a donc décidé de réduire la production à la portion congrue, 2 caméras sur 8 et pas de direct d’avant-match.

Par la suite, de façon coordonnée, les supporters des deux clubs se sont mis à jeter des balles de tennis sur la pelouse. Des actes identiques à ceux de la 1ère journée de championnat, comme ici lors de Metz-Bastia.

Déjà vu sur d’autres matchs, des banderoles demandent « le foot, le week-end, à des horaires décents« . Certains supporters ont aussi utilisé des lasers pour viser en permanence les caméras de beIN. La guerre est déclarée entre les supporters des clubs et le duo LFP+beIN.

Mais on se demande aussi comment autant de balles de tennis ont pu passer le seuil des fouilles de sécurité à l’entrée du stade… Le match a donc été arrêté momentanément à la 25e minute de jeu. Triste spectacle.

La LFP et beIN Sports ont rapidement communiqué au sujet de ces incidents. « Bein Sports condamne avec la plus grande fermeté les actes de violence perpétrées ce matin à Lorient , dont ont été victimes notre partenaire de production et nos collaborateurs et qui n’ont aucune place dans le football et dans une société civilisée. beIN Sports soutient les clubs et les communautés à toutes les échelles du football français depuis plus d’une décennie, en fournissant une qualité de diffusion de premier plan et des investissements considérables pour aider à promouvoir et à développer les ligues françaises – souvent lorsqu’il n’y avait aucun autre soutien », estime le diffuseur qatari, qui a investi 40M€ annuels pour toute la L2 (contre 30M€ pour les deux premiers choix précédemment), un montant bien supérieur au dernier appel d’offres.

BeIN poursuit avec une importante mise en garde« belN SPORTS travaille avec les autorités compétentes pour s’assurer que des mesures appropriées seront prises à la suite de ces attaques, tout en étudiant pleinement sa position en ce qui concerne son partenariat de diffusion en cours ».

De son côté, la Ligue a axé sa communication sur la nécessaire sécurité aux abords des stades : « La LFP et Bein Sports ont confirmé vendredi la tenue d’une réunion avec les représentants de l’ANS pour faire le point de la situation. La LFP et Bein Sports sont convaincus que les clubs font le maximum pour veiller à la sécurisation des personnes et des biens afin que les équipes de production puissent travailler dans de bonnes conditions ».

La Ligue 1 pour 11,80€ par mois, c’est possible !

Stupeur pour les fans de football en France. Après le fiasco des droits TV, après le prix choc de DAZN (29,99€) par mois sur un an pour visionner 8 matchs de L1 sur 9 chaque week-end, ils apprennent aujourd’hui qu’il est possible de voir tout le championnat français pour seulement 11,80€ par mois. Explications.

Un épisode de plus dans l’interminable feuilleton des droits TV : « The Ligue 1 Pass« . Vous l’avez compris, cet abonnement et ce tarif avantageux ne concernent évidemment pas les Français.

La Ligue 1 s’exporte et se propose au public britannique, anglais et irlandais plus précisément. Avec ce pass L1, ils pourront bénéficier de la totalité des matchs de première division française contre « seulement » 11,80€. De quoi faire rêver les téléspectateurs français… Contraints de payer au minimum 29,99€ pendant 12 mois pour DAZN, pour 8 matchs sur 9 de L1, la Betclic Elite (basket) et des sports de combat. La note a toujours dû mal à passer… Et le faible nombre d’abonnés estimé pour l’instant chez DAZN France en atteste.

En allant sur le site Ligue1Pass.tv, les Anglais et Irlandais pourront donc regarder 100% de la L1.

Ce tweet, très commenté, fait sourire (jaune) les Français : « Le Pass Ligue 1 : Votre nouveau domicile pour la Ligue 1 McDonald’s au Royaume-Uni et en Irlande ! Regardez 100 % des matches de Ligue 1 McDonald’s et des tonnes de contenu exclusif maintenant », ce sera « gratuit pour la 2e journée puis 9,99 £/mois (environ 11,80 €) à partir de la 3e ».

Telegram, IPTV, DAZN, LFP : La solution d’avenir pour voir du football à prix raisonnable sur tous nos écrans

Après le cataclysme des droits TV français au rabais cet été, c’est toute l’économie du football qui doit se mettre à table et revoir son système de diffusion des matchs. Alors que les audiences s’érodent un peu partout, que les jeunes générations se désintéressent des matchs de 90 minutes, le football est à tournant. Quelles solutions sont possibles ?

400M€ de droits TV en moyenne chaque année pour diffuser 8 matchs de Ligue 1 sur 9, voilà le deal obtenu par DAZN, la plateforme de diffusion de contenus sport détenue par Len Blavatnik, l’homme d’affaires (citoyen américain et anglais, né en Ukraine) à la tête d’une fortune d’environ 30 milliards de dollars.

Le hic, c’est que les fans de football en France ne sont pas prêts du tout financièrement et psychologiquement à payer un abonnement de 29,99€ (minimum) sur 12 mois pour voir un tel spectacle, sans émission d’avant, ni d’après match, sans 4K, sans concurrence au PSG, sans star, etc.

Alors quand Shay Segev, le PDG du « Netflix du sport », annonce à L’Equipe dernièrement vouloir « atteindre en 6 mois 1,5M d’abonnés« , désolé mais il rêve. Objectif strictement inatteignable. Un peu comme le milliard de droits TV annoncé par Vincent Labrune, boss de la Ligue de Football Professionnel (LFP) l’an dernier.

Il faut être factuel et connaître le marché français. L’objectif de DAZN n’a rien de réel, en tout cas pas à court terme et en proposant uniquement L1, Ligue des Champions féminine, basket français (Betclic Elite) et sports de combat (MMA-PFL, Kickboxing-Glory).

« J’aimerais pouvoir proposer un prix inférieur si je le pouvais« , poursuit-il, « mais si vous le comparez à un billet de match, combien coûte-t-il aujourd’hui ? Entre 50 et 80 euros en moyenne pour les moins chers« . Les supporters lui répondent volontiers, d’eux-mêmes, via les réseaux sociaux, qu’en s’abonnant à leur club favori de L1, ils payent moins cher à aller directement au stade toute l’année que l’abonnement DAZN sur 12 mois… Difficile de rapprocher les points de vue des deux camps.

Ce qui inquiète, c’est la suite : « Atteindre en six mois 1,5 million d’abonnés, au minimum un million. En prenant en compte les différentes formules, nous avons besoin de 1,5 million d’abonnés, ne serait-ce que couvrir nos dépenses. » DAZN ne rentrera donc jamais dans ses dépenses en un an. Qu’on se le dise. Entre les appels massifs au boycott, la grogne des supporters dans les stades et le triste spectacle proposé, ce n’est pas gagné…

Sans Mbappé, sans Neymar, sans Messi, la L1 ne fait plus rêver. Sans un grand OM pour concurrencer le PSG, aucune histoire à raconter au monde entier. Les droits TV à l’étranger sont d’ailleurs toujours en suspens, non vendus au cas par cas à des diffuseurs. Un cas similaire à la Serie A, le championnat d’Italie a repris samedi mais n’est plus disponible en France. Bein Sport n’ayant pas prolongé le deal. Une aubaine pour étoffer les droits de DAZN en France, mais la plateforme va-t-elle foncer ?

C’est bien de crier contre les pirates, c’est mieux de répondre aux évolutions sociétales

En attendant, les fans de football trouvent des combines illégales pour regarder du football. Où ils veulent, quand ils veulent. C’est le crédo des nouvelles générations. Ces Français, qui s’informent au plus vite, via des notifications et puis c’est tout, veulent faire simple et peu coûteux. Et le plus simple, aujourd’hui, ça s’appelle l’IPTV ou Telegram.

Le football y est disponible dans toutes les langues, à toute heure, en bonne qualité. Et tout est limpide, via un seul compte. Libre à chacun ensuite de regarder sur son smartphone, sa tablette ou sa télé.

Quand on voit dans quelle crise était l’industrie de la musique aux débuts des années 2000, on ne peut y voir que des similitudes avec celle, actuelle, de la télévision. Les majors hurlaient dans les médias contre les pirates, contre le piratage, contre la consommation gratuite de musique. C’est bien de crier, c’est mieux de s’organiser pour répondre aux évolutions sociétales.

Cela ne sert à rien de poursuivre les pirates, ils auront toujours un temps d’avance. La majorité des gens qui regardent actuellement le football français via IPTV ou les canaux Telegram ne sont pas contre le fait de payer un abonnement. Le souci, c’est le prix, et la simplicité pour s’abonner, se connecter. Beaucoup de sexagénaires (et plus) ne comprennent actuellement absolument rien à la façon de faire pour regarder la L1. DAZN (DaZone), ils appellent ça « Dazne » ou ne connaissent absolument pas.

Alors quelle est la solution ? Si l’industrie de la musique a réussi à prendre ce tournant il y a 15 ans, via Spotify ou Deezer par exemple, pourquoi la télévision n’y arriverait pas ? La FIFA et l’UEFA doivent mettre tout le monde à table et stopper la course en avant des droits TV. Une course qui va droit dans le mur. Les diffuseurs n’ont plus les reins assez solides pour suivre. Les audiences ne sont pas assez bonnes pour amener un niveau suffisant de revenus publicitaires. Et les téléspectateurs sont lessivés, financièrement et moralement.

Comme expliqué dans mon émission quotidienne, Le Dèj Foot, en direct, il faudrait donc réunir tous ces acteurs. Les Ligues ont la possibilité de créer leur « Spotify/Deezer » du football, certains grands médias aussi. Il faut réunir les droits, simplifier l’accès, ouvrir à des comptes « famille ». Et ce ne sera pas 1,5 millions d’abonnés à viser mais le double. Deux fois moins chers mais deux fois plus d’abonnés, voilà un deal rentable pour tous. Car, oui, les Français sont prêts à payer 15€-20€ par mois pour la L1 (et d’autres contenus sportifs). Une offre pas forcément facile à mettre en place pour un nouvel entrant sur un marché, comme l’est DAZN. Mais en étant accompagné par la Ligue, par l’UEFA et la FIFA, tout est possible.

Le football n’appartiendra jamais à une élite, c’est un sport populaire et ce sont les Ultras qui mettent l’ambiance dans les stades. Aux dirigeants du football de les choyer. Car sans ambiance, pas d’émotion, pas de football.

Le point complet sur la reprise de la Ligue 1 (horaires et diffusions)

La Ligue 1 fait son grand retour ce soir à partir de 20h45 au stade Océane du Havre. Le champion en titre, le PSG, se déplace chez des Havrais, 17e budget de L1. Les détails de ce premier week-end football.

Tout change en Ligue 1, ou presque. Et pas forcément dans le bon sens. Alors que les stars ont fui le championnat, Kylian Mbappé faisant désormais les beaux jours de LaLiga, les téléspectateurs doivent s’abonner à nouveau diffuseur afin de regarder les matchs de leurs clubs préférés.

DAZN (prononcez « DaZone ») est le nouveau venu. Après avoir remporté les enchères (450M€) pour 8 des 9 matchs de chaque journée, le diffuseur s’apprête à passer sous les regards du grand public. Et vu le boycott lancé sur les réseaux sociaux, cela risque de ne pas être tendre.

Pas d’émission d’avant match, ni de débrief, pas de consultant sur 5 des 8 matchs diffusés, la Ligue 1 passe au low cost. Et les téléspectateurs ne semblent pour l’instant pas chauds à l’idée de débourser 29,99€ par mois (engagement d’un an pour un championnat qui se joue sur 10 mois). Les clubs, eux, recevront en moyenne 60% de revenus télé en moins par rapport aux dernières saisons… Une dégringolade financière catastrophique.

Pour cette première journée, Le Havre reçoit le PSG sur DAZN (vendredi, 20h45), puis il faudra zapper sur Bein Sport, samedi à 17h, pour assister à l’affiche Brest-OM. Ensuite, tout sera sur DAZN : Monaco-ASSE (samedi, 21h), Auxerre-Nice (dimanche, 15h), Montpellier-Strasbourg (17h), Toulouse-Nantes (17h), Angers-Lens (17h) et Rennes-OL (20h45).

Droits TV Ligue 1 : Joseph Oughourlian (RC Lens) dégomme l’accord Bein-DAZN

Les clubs de Ligue 1 connaissent enfin le montant des droits TV ainsi que les diffuseurs du championnat. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils en sont satisfaits. Tout comme les téléspectateurs.

Joseph Oughourlian est certainement le président de club de Ligue 1 le plus expert de la finance. Grand patron de fonds d’investissement, il dirige le RC Lens avec succès depuis 2018. Alors, sa parole est d’or quand il s’agit d’aborder l’économie du football professionnel français.

Dimanche, un accord était enfin trouvé pour apporter une manne de 500M d’euros aux clubs de L1 : 400M d’euros pour diffuser 8 matchs d’un côté (DAZN, nouveau venu qui devrait proposer un abonnement à 34 euros par mois !) et 100M d’euros pour 1 match, celui du dimanche soir de l’autre (Bein Sports).

Mais cet accord bouclé en urgence ne convient pas à tout le monde. Lens, Lyon, Saint-Etienne, Brest et Rennes ont voté contre. En vain. C’est celui qui a été retenu définitivement pour 5 saisons. Une perte nette évaluée à environ 30% selon les clubs par rapport aux dernières saisons. Et un montant global si bas des droits jamais vu depuis plus de 20 ans.

Une catastrophe économique pour la majorité des clubs de L1 (pas les plus riches). Le fossé va se creuser encore plus entre les gros fonds et les plus modestes clubs. Et tant qu’il n’y aura pas un OM fort, apte à concurrencer un peu le PSG, le spectacle du haut de tableau n’attirera malheureusement pas les foules. Il faut être réaliste.

Alors Joseph Oughourlian tape du poing sur la table. Sur LinkedIn, il n’hésite pas à se prononcer avec honnêteté contre ce deal : « Je suis un président inquiet pour ses supporters cherchant à voir les matchs de leur club de cœur. Pour avoir accès à l’intégralité du championnat, il faudra désormais cumuler un abonnement DAZN (8 matchs sur 9) dont le prix avoisinera les 35 euros et un abonnement beIN (pour l’affiche du week-end) à 15 euros par mois. 50 euros mensuellement, entre 500 et 600 annuellement, voici le (cher) prix à payer pour suivre la Ligue 1. Cet élément qui apparaît bien secondaire au moment où mes confrères ne s’intéressent qu’au prix de vente des droits, est pourtant central. Il nous renvoie à un principe fondamental que l’on bafoue : le positionnement prix d’un produit. »

Il poursuit : « Après le tandem Amazon (dont le Pass Ligue 1 coûtait 14,99 euros en sus de Prime) Canal+ (autour de 20 euros par mois), comment peut-on penser qu’une inflation du coût d’abonnement avec un accès à des catalogues moins généralistes pourra soutenir une croissance des téléspectateurs du football français ? Comment songer un instant qu’aller à contre-pied de la tarification attractive des offres plébiscitées du marché (moins de 15 euros par mois pour Netflix par exemple) peut être une voie durable pour le sport le plus populaire qui soit ? »

Une analyse honnête et un triste constat de la situation : « Je suis un Président inquiet pour l’état financier du foot français. 500 millions d’euros valorisés, c’est in fine environ 9 millions d’euros pour le RCL. Jamais les clubs de L1 n’ont touché aussi peu au titre des droits TV. À l’inverse, souscrire à l’offre L1 a rarement représenté pour les fans un tel effort financier. À titre de comparaison, payer l’offre TV cette saison sera plus onéreux que l’abonnement le plus cher à Bollaert (545 euros). Cette tarification ouvre clairement la voie du piratage. » Avec de telles dépenses obligatoires pour suivre seulement le football français, en effet, l’IPTV a de l’avenir. Intraçable et très fonctionnel, la télé piratée va encore faire des adeptes.

Il conclut : « En outre, avec une visibilité des partenaires dégradée, c’est tout un schéma de revenus qu’il faudra réinventer. Je suis un membre du CA de la LFP inquiet. Alors que la contrainte d’absence de diffuseur devait nous amener à saisir l’opportunité d’un pilotage de notre propre offre TV, lisible, plurielle et abordable, cet entêtement à penser montants fixes me renvoie aux mirages du passé. »

« Par ailleurs, alors qu’il y a toujours eu consensus à refuser de vendre l’affiche de la journée à un acteur isolé, céder tardivement à cette tentation crée un revirement où l’économique court-termiste prend le pas sur le stratégique. « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent » disait Einstein, je crains que le pseudo-conservatisme des présidents ne nous y mène tout droit. » Voilà qui est clair.

« Si on doit reprendre la saison sans chaîne… » L’étonnante interview de Jean-Pierre Caillot (Reims)

Le football français fonce dans le mur. S’il ne s’est pas déjà encastré dedans. L’interview ce matin de Jean-Pierre Caillot (président du Stade de Reims) dans le journal L’Equipe le confirme. Pour lui, le championnat pourrait même reprendre sans diffuseur…

Une interview surprenante. C’est le moins que l’on puisse dire. Dans les colonnes de L’Equipe, le boss du Stade de Reims analyse la situation des droits TV, lui qui fait partie du collège des présidents de Ligue 1 à la Ligue de Football Professionnel (LFP).

S’il fallait résumer la situation : la Ligue n’a aucune solution concrète, ni viable sur la table. À un mois et 8 jours de la reprise officielle du championnat de France. Peut-on envisager ainsi une décision définitive d’ici la fin de semaine ? « J’espère, mais pour décider, il faudra avoir des choses sur la table. Ce qui au moment où on se parle, n’est pas encore le cas », clarifie Jean-Pierre Caillot.

Le président de Reims pousse le bouchon encore plus loin : « Si on doit reprendre la saison sans chaîne, pendant une ou deux journées, on assumera. Les gens iront au stade pour voir les matches. Et on patientera. Je pense que c’est une erreur de démarrer quelque chose dans la précipitation. »

L’erreur serait de démarrer la L1 sans diffuseur. Le football français paye son manque de spectacle, le départ des stars Messi, Neymar et Mbappé en deux ans, le manque de concurrence pour jouer le titre, le faible niveau de l’OM (seul concurrent crédible au PSG dans les coeurs) depuis des années ou encore le dramatique choix d’offrir les droits à Mediapro en 2018.

Dans cette interview, Jean-Pierre Caillot estime qu’il existe « une option 3 avec BeIN Sports » alors que la chaîne n’a pas fait la moindre proposition depuis novembre. Une option sans offre est-elle vraiment une option ? De même, il considère Canal+ comme un ennemi du football français alors qu’il l’a maintenu sous perfusion pendant des années. C+ a tout à fait réussi sa mue depuis quelques années, se régénérant avec les droits de la F1 ou de la Ligue des Champions.

Parmi les propositions pour réduire la voilure, Jean-Pierre Caillot suggère d’arrêter la coûteuse VAR (arbitrage vidéo). Un retour en arrière. On repasse à vélo après avoir conduit un bolide, c’est dans l’ère du temps. La VAR a pourtant prouvé statistiquement son efficacité, réduisant drastiquement le nombre d’erreurs d’arbitrage dans les situations clés d’un match.

Aucun mea culpa de Jean-Pierre Caillot, notamment concernant la gestion hasardeuse (siège de la LFP, salaires, primes, etc.) de la Ligue, mais en revanche, il rappelle que tout le monde va devoir se serrer la ceinture. Drôle de façon de penser.

Certes, un chef d’entreprise a le droit de restructurer son entreprise comme il l’entend. Là, on parle de restructurer le football français, encadré on le sait par la FFF, donc l’Etat. Bon courage. Les clubs pourraient peut-être déjà s’occuper de leurs masses salariales en rapport à leurs résultats ou au nombre colossal de contrats professionnels ? Imposer un salary cap ne devrait-il pas être à l’ordre du jour puisqu’il faut se serrer la ceinture ?

Enfin, Jean-Pierre Caillot enterre la piste DAZN, la chaîne de contenus en streaming de l’homme d’affaires Len Blavatnik, épaulé par de nombreux investisseurs. « Il faudrait que les garanties soient
beaucoup plus certaines que celles que l’on a aujourd’hui. Il faudrait avoir des garanties de l’actionnaire majeur, ce qui n’est pas le cas. Aujourd’hui, les garanties apportées ne satisfont pas les présidents de club.
»

Si les présidents de club n’ont pas accès à l’actionnaire majeur, à qui parlent-ils depuis des mois ? Puisque DAZN reste une des rares chaînes à avoir réellement déposer une offre intéressante dés 2023.


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Droit dans le mur. La Ligue 1 n’a toujours pas de diffuseur, à bientôt un mois de la reprise du championnat. Plusieurs clubs ont pourtant alerté de faillites potentielles en cas d’échec ou de droits TV accordés à un tarif trop bas. Et comme rien ne va, Canal+, par l’intermédiaire de son patron Maxime Saada, vient de confirmer que le diffuseur historique du football français n’en serait pas à nouveau le sauveur…

Black out, ou presque. La Ligue 1 est déjà enterrée mais creuse encore. Alors que le championnat a perdu toutes ses stars internationales en deux saisons, que le spectacle proposé n’est pas réjouissant et que les clubs sont à la peine en coupe d’Europe, voilà que la Ligue de Football Professionnel (LFP) n’arrive toujours pas à trouver le moindre diffuseur à un tarif intéressant pour l’équilibre financier de tous.

À un tout petit peu plus d’un mois de la reprise du championnat de France de Ligue 1, c’est la crise totale. D’autant que les deux dernières solutions crédibles envisagées n’ont rien de miraculeuses. Si l’offre de l’opérateur de contenus à la demande DAZN venait à être acceptée (375M€), le deal ne permettrait même pas aux clubs de football de gagner autant d’argent que lors du précédent appel d’offres. Qui n’était déjà pas génial. La faute à la faillite (annoncée) de Mediapro puis à CVC, ce fonds d’investissement luxembourgeois, venu en sauveur en 2022, mais qui doit désormais logiquement récupérer petit à petit ses billes.

Si la Ligue optait finalement en urgence pour le lancement d’une chaîne 100 % L1 créée par Ligue elle-même, ce serait là-aussi un fiasco assuré. Le nombre d’abonnés minimum pour être à une rentabilité potentielle ne serait jamais atteint avant des années. Les clubs ne bénéficieraient pas de leurs revenus habituels et plus de la moitié de la L1 coulerait. Dans ces conditions, l’historique diffuseur du football français, Canal+, apparaissait comme un sauveur magnifique. Avec une belle histoire à reprendre.

Le hic, c’est que Canal+ vient de payer au 30 juin l’addition salée des droits de la Formule 1 et doit aussi gérer les droits TV de la moto GP, de la Ligue des Champions de football ou du Top14 en rugby. Des sommes bien moins folles que le football, certes, pour beaucoup moins d’audience, aussi. Mais ces sommes s’additionnent. Et la Ligue 1 ne semble pas être d’un formidable rapport qualité/prix.

Auditionné ce lundi matin par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), Maxime Saada a confirmé les mauvaises nouvelles pour les fans de football en France : « Malheureusement, la situation n’est pas une surprise pour nous, ,ous sommes souvent taxés d’énervement, de rancoeur ou d’amertume, je peux comprendre pourquoi, mais le sujet est essentiellement économique. Canal+ a tenté face à Mediapro puis face à Amazon puis avec DAZN il y a encore quelques mois de revenir dans le jeu de la compétition de la Ligue 1. La LFP ne l’a pas souhaité et Canal+ n’a eu d’autres choix que d’allouer ses ressources, qui restent relativement rares, sur d’autres compétitions, en particulier la Ligue des champions. Donc nous n’avons plus les moyens aujourd’hui d’intervenir dans ce dossier ». Des explications claires ou un énième coup de bluff ? On y croit peu.

Sauf que Canal+ est indirectement lié à la Ligue 1. Sans une L1 forte, pas de parcours intéressant de clubs français en Ligue des Champions ou Ligue Europa. Et donc, moins d’audience. « Nous espérons qu’il trouvera une issue positive pour le foot français car nous restons très investis, notamment dans la Ligue des champions, et nous espérons bien que les clubs français pourront y prospérer », explique encore Maxime Saada.

Alors que le Paris-Saint Germain vient de perdre Kylian Mbappé et que finalement, la star de leur effectif se nomme aujourd’hui Luis Enrique, le coach, que vont vouloir regarder les téléspectateurs français pour vibrer ? Un autre coach ? Roberto De Zerbi, l’entraîneur italien de l’OM, avec son salaire hors normes pour un club non qualifié en coupe d’Europe ?

L’attractivité de la L1 reste faible actuellement, d’où le casse-tête de la LFP. Et finalement, seul un OM surpuissant, apte à concurrencer le PSG sur la durée, peut relancer l’attrait pour ce championnat. Sans cela, le football français s’élance, tête dans le vide, pour plusieurs saisons dans le noir. Les prochains droits TV étant distribués pour les cinq prochaines saisons.