fbpx

Reprise Ligue 1 : Pas d’émission, journalistes décriés, prix repoussants, vague de mécontentement contre DAZN

À 48 heures de la reprise du championnat de Ligue 1, l’heure est au mécontentement. Un sport très français, mais quand même… Entre le prix d’abonnement élevé, le départ des stars du championnat, le manque d’argent des différents clubs et le manque de concurrence, le football français vit de sombres heures.

Il est loin le temps des Neymar, Messi et Mbappé. La Ligue 1 ne fait plus rêver. Et s’attire les foudres des fans de football. Car depuis juillet, on le sait (enfin), c’est DAZN (prononcez DaZone) qui diffusera principalement le haut du panier du football français.

L’entreprise se veut depuis dix ans « le Netflix du sport », il faut donc débourser un abonnement pour regarder du sport. Pourquoi pas. Mais en France, leur catalogue n’est pas extensible : des sports de combat (MMA-PFL, Kickboxing-Glory), la Betclic Elite (basket), la Ligue des Champions féminine et donc, la L1.

En clair, vous avez à débourser 14.99€/mois (engagement d’un an) pour un seul match de L1 (19.99€ sans engagement), pour regarder uniquement une rencontre parmi les matchs du dimanche à 17 heures… Ou 29.99€/mois (engagement d’un an) pour tous les matchs de L1 (39.99€/mois sans engagement).

Pour avoir le match phare du dimanche soir, 20h45 ? Il faudra alors posséder l’abonnement à Bein Sport à 15€. Prix minimum, tout compris, 45€, donc, afin de pouvoir regarder un championnat sans star et sans concurrence pour le PSG.

« Quelle arnaque sérieux, une honte« , « les revendeurs d’IPTV se frottent les mains« , voilà ce que l’on peut lire de plus poli sur les réseaux sociaux ou écouter dans les vestiaires de football en cette période de reprise. Un hashtag #BoycottDAZN a même fleuri sur X récemment. La fronde est en marche.

Le problème général vient aussi des annonces de la mise en place de la diffusion de la Ligue 1 : toujours plus low cost. 5 matchs sur 8 seront diffusés sans l’avis de consultants sur place. Pas d’émission debrief, pas de 4K (en 2024 !), pas de multiplex, pas de sonorisation des arbitres. Régression totale à tout niveau.

Pour information, si les Français râlent, à l’étranger, ils pourraient en faire autant : en Espagne, l’abonnement à la Liga coûte 62€ (MovieStar et DAZN). En Allemagne, la Bundesliga est à 65€ par mois. En Angleterre, la Premier League coûte 69€. Oui, chez eux, les stars sont présentes et la qualité de jeu, en quelque sorte garantie…

Les journalistes et consultants qui viennent de rejoindre au compte goutte l’expérience DAZN France en prennent aussi pour leur grade. À commencer par Walid Acherchour, l’éditorialiste de Winamax TV et RMC, avait vivement critiqué le choix du diffuseur DAZN… avant de rallier leurs rangs. Et de supprimer son tweet disponible ci-dessous.

« Si on doit reprendre la saison sans chaîne… » L’étonnante interview de Jean-Pierre Caillot (Reims)

Le football français fonce dans le mur. S’il ne s’est pas déjà encastré dedans. L’interview ce matin de Jean-Pierre Caillot (président du Stade de Reims) dans le journal L’Equipe le confirme. Pour lui, le championnat pourrait même reprendre sans diffuseur…

Une interview surprenante. C’est le moins que l’on puisse dire. Dans les colonnes de L’Equipe, le boss du Stade de Reims analyse la situation des droits TV, lui qui fait partie du collège des présidents de Ligue 1 à la Ligue de Football Professionnel (LFP).

S’il fallait résumer la situation : la Ligue n’a aucune solution concrète, ni viable sur la table. À un mois et 8 jours de la reprise officielle du championnat de France. Peut-on envisager ainsi une décision définitive d’ici la fin de semaine ? « J’espère, mais pour décider, il faudra avoir des choses sur la table. Ce qui au moment où on se parle, n’est pas encore le cas », clarifie Jean-Pierre Caillot.

Le président de Reims pousse le bouchon encore plus loin : « Si on doit reprendre la saison sans chaîne, pendant une ou deux journées, on assumera. Les gens iront au stade pour voir les matches. Et on patientera. Je pense que c’est une erreur de démarrer quelque chose dans la précipitation. »

L’erreur serait de démarrer la L1 sans diffuseur. Le football français paye son manque de spectacle, le départ des stars Messi, Neymar et Mbappé en deux ans, le manque de concurrence pour jouer le titre, le faible niveau de l’OM (seul concurrent crédible au PSG dans les coeurs) depuis des années ou encore le dramatique choix d’offrir les droits à Mediapro en 2018.

Dans cette interview, Jean-Pierre Caillot estime qu’il existe « une option 3 avec BeIN Sports » alors que la chaîne n’a pas fait la moindre proposition depuis novembre. Une option sans offre est-elle vraiment une option ? De même, il considère Canal+ comme un ennemi du football français alors qu’il l’a maintenu sous perfusion pendant des années. C+ a tout à fait réussi sa mue depuis quelques années, se régénérant avec les droits de la F1 ou de la Ligue des Champions.

Parmi les propositions pour réduire la voilure, Jean-Pierre Caillot suggère d’arrêter la coûteuse VAR (arbitrage vidéo). Un retour en arrière. On repasse à vélo après avoir conduit un bolide, c’est dans l’ère du temps. La VAR a pourtant prouvé statistiquement son efficacité, réduisant drastiquement le nombre d’erreurs d’arbitrage dans les situations clés d’un match.

Aucun mea culpa de Jean-Pierre Caillot, notamment concernant la gestion hasardeuse (siège de la LFP, salaires, primes, etc.) de la Ligue, mais en revanche, il rappelle que tout le monde va devoir se serrer la ceinture. Drôle de façon de penser.

Certes, un chef d’entreprise a le droit de restructurer son entreprise comme il l’entend. Là, on parle de restructurer le football français, encadré on le sait par la FFF, donc l’Etat. Bon courage. Les clubs pourraient peut-être déjà s’occuper de leurs masses salariales en rapport à leurs résultats ou au nombre colossal de contrats professionnels ? Imposer un salary cap ne devrait-il pas être à l’ordre du jour puisqu’il faut se serrer la ceinture ?

Enfin, Jean-Pierre Caillot enterre la piste DAZN, la chaîne de contenus en streaming de l’homme d’affaires Len Blavatnik, épaulé par de nombreux investisseurs. « Il faudrait que les garanties soient
beaucoup plus certaines que celles que l’on a aujourd’hui. Il faudrait avoir des garanties de l’actionnaire majeur, ce qui n’est pas le cas. Aujourd’hui, les garanties apportées ne satisfont pas les présidents de club.
»

Si les présidents de club n’ont pas accès à l’actionnaire majeur, à qui parlent-ils depuis des mois ? Puisque DAZN reste une des rares chaînes à avoir réellement déposer une offre intéressante dés 2023.


À lire aussi sur Entrevue.fr concernant les droits TV de la Ligue 1 :

Aucune issue pour le football français ?

Max (Warner Bros), la surprise ?

Chaîne de la LFP : droit dans le mur ?

La faillite du football français ?

Droits TV Ligue 1 : Droit dans le mur ? Les détails de la chaîne L1 de la LFP

Le football français coule-t-il ? Alors que le calendrier de la Ligue 1 vient d’être dévoilé, reprise le 17 août, aucun diffuseur n’a obtenu les droits TV. La Ligue de Football Professionnel (LFP) a détaillé aujourd’hui son plan de secours. Alarmant.

Le président du FC Nantes, Valdemar Kita, ne comprend pas. « Comment on va faire au niveau de la trésorerie ? Les abonnement vont venir petit à petit, il n’y aura pas 2 millions d’un coup, comment on va faire ? » Vincent Labrune, le président de la LFP, ne sait quoi dire : « Je n’ai pas de réponse précise à vous faire. On verra d’ici la fin du mois. »

On verra. C’est la réponse que l’on entend dans les couloirs de la Ligue depuis environ un an. La décision concernant le prochain diffuseur de la Ligue 1 en France est sans cesse repoussée. Jusqu’à en arriver à cette fin juin, la fin de l’entonnoir. Une L1 prise en étau.

La première journée de L1 se tiendra le week-end du 17 août, avec un choc Rennes-Olympique lyonnais. Les matchs auront bien lieu, mais sur quelle(s) chaîne(s) ? Tour à tour, DAZN (« Dazone »), Canal+ et BeIn Sports ont été sondés. Sans succès. Des négociations de gré à gré infructueuses, démarrées sur des bases élevés (800M€). Personne ne souhaite payer plus de 500M d’euros pour un tel spectacle. Avec un PSG qui caracole en tête et qui écrase tout depuis plus de 10 ans.

Alors, en attendant une meilleure solution, la LFP, réunie en Conseil d’administration, a décidé de détailler aujourd’hui « son Plan B ». Rien que le nom, ça ne sent pas bon. Ce plan, c’est une chaîne 100% Ligue 1, produite par la Ligue. Et distribuée par sept diffuseurs : « Free, Orange, Bouygues, Amazon Prime Video, SFR, Molotov et Google TV ». Sans exclusivité. Et sans Canal+, donc. L’habituel sauveur des droits TV du football français.

Le fiasco de Mediapro (Téléfoot la chaîne) est passé par-là. Pour faire simple, Vincent Labrune et Maxime Saada (patron de Canal+) n’ont pas fait cause commune, Maxime Saada se sentant trahi lorsque la LFP a revendu/bradé les droits de Mediapro à Amazon Prime Vidéo…

Alors à quoi ressemble le deal posé actuellement sur la table ? Un abonnement à 30 euros par mois (TTC), disponible à peu près partout. Pour voir la Ligue 1. Oui, c’est énorme. Il était possible de la regarder pour bien moins cher la saison dernière. Bonne remarque. Drôle d’inflation. D’autant que le départ de l’immense star Kylian Mbappé au Real Madrid justifierait plutôt une baisse du prix de l’abonnement…

Avec un tel tarif, comment penser que les fans de football vont affluer ? Les estimations de la LFP sont surprenantes, pour ne pas dire plus : « De plus de 2 millions d’abonnés en année 1 à 3,37 millions en 2028-29 », détaille Sacha Nokovitch, le journaliste spécialiste médias du journal L’Equipe.

Alors qu’Amazon Prime Video (dernier détenteur des droits en date, avec BeIn, qui avait rétrocédé ses 2 matchs à Canal+) ne communiquait même pas ses audiences, ni son nombre d’abonnés football, comment espérer 2 millions d’abonnés la première saison ? Sans star du foot dans notre championnat, on le rappelle. C’est ubuesque et dangereux de faire de telles projections et de vouloir imposer cela à des présidents de clubs stupéfaits. Ou tout du moins dubitatifs.

Des droits TV dépendent les budgets des clubs professionnels. Parfois, comme à Montpellier, les sommes perçues via les droits TV représentent 60% du budget total du club ! Alors imaginez une baisse de 20-30-40% de ceux-ci à partir du mois d’août… Le Titanic. Une catastrophe pour bon nombre d’entreprises. Voire même la clé sous la porte, à terme. Avec des milliers d’emplois perdus.

Le football français court-il à sa perte si personne ne raisonne Canal+ ? Ici, chez Entrevue, on n’ose y croire. Déjà parce que la LFP est sous délégation de service public. Et sous une sorte de tutelle de la FFF (Fédération française de football). Comprenez, l’Etat n’a aucun intérêt à laisser le football français couler. Emmanuel Macron a multiplié les rendez-vous et discussions dans ce sens. Egalement parce que plusieurs grands clubs amorcent leur renouveau pour concurrencer le PSG dans un avenir proche.

Si l’AS Monaco prend le chemin d’une cession à court ou moyen terme, les derniers éléments financiers et juridiques autour de l’Olympique de Marseille montrent aussi qu’une officialisation de cession devrait finir par arriver. Enfin. Et malgré les (obligatoires) démentis de la direction. Avec un richissime consortium d’entreprises mené par l’Arabie Saoudite à sa tête, information confirmée directement au Royaume, Marseille pourrait retrouver bien vite les sommets. Et la Ligue 1 retrouver du grand spectacle. En attendant, on s’ennuie ferme. Et on a très peur pour l’avenir du football français.