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Haut Karabakh : Un an après l’épuration ethnique, l’Azerbaïdjan s’active pour effacer toute trace des Chrétiens et des Arméniens

Viols, massacres, humiliations, êtres humains décapités, diffusion d’images sordides sur les réseaux sociaux… L’Azerbaïdjan ne s’est arrêtée à rien il y a tout juste un an afin de prendre possession d’une terre ancestralement peuplée d’Arméniens, le Haut Karabakh.

Une République autonome, une démocratie auto-proclamée Artsakh, est tombée dans l’indifférence générale fin 2023. Des terres, des souvenirs, des biens arrachés par la dictature azérie.

Pourtant, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qualifiait en 2022 l’Azerbaïdjan de « partenaire digne de confiance pour l’Union Européenne« . Il fallait oser.

Quelques mois plus tard, la dictature entreprenait des avancées militaires décisives, massacrant civils et personnalités politiques, capturant des otages, commettant aussi ces dernières années de nombreux crimes de guerre et bafouant les lois internationales.

Avec objectivité (l‘opposé de la propagande permanente de l’Azerbaïdjan, dont la diplomatie du caviar fonctionne à merveille avec certaines personnalités politiques françaises), les équipes de France 2 ont réalisé un focus intéressant sur l’exode des Arméniens, une nouvelle fois obligés de fuir. Plus de 100 ans après le premier Génocide du XXe siècle. Que la Turquie continue de nier.

Aujourd’hui, France TV constate comme nous que les journalistes n’ont pas le droit de se rendre dans l’ex-Artsakh. La dictature azérie souhaite tout effacer pour tout reconstruire et refaire l’histoire. Pour rappel, l’Azerbaïdjan est un des pires Etats au monde en termes de droits de l’Homme, droits de la presse, droits des femmes. Loin derrière la Russie ou certains pays du Moyen Orient, pourtant plus souvent pointés du doigt. L’Azerbaïdjan possède l’art de se faire oublier.

Et l’art de faire oublier la présence des Arméniens et des Chrétiens dans cette région. Comme le montrent les images de drones de France Télévision dans ce reportage, on peut voir que tous les noms arméniens ont été rebaptisés : panneaux, villes… Une croix chrétienne a été brisée en deux parties.

Dans le village de Sushi, l’église a été « amputée de ses deux clochers« , puis rasée cette année. D’autres églises ont été transformées en mosquées.

Le Parlement du Haut Karabakh, en fonction depuis 1995, a laissé place à… un terrain vague. Table rase du passé et réécriture de l’Histoire. Un grand classique azéri.

Pour couronner le tout, pour forcer les citoyens azéris à peupler ce territoire « grand comme la Savoie« , le dictateur Aliyev a mis les grands moyens : les étudiants peuvent s’inscrire ici à l’Université gratuitement. De même, les logements leurs sont aussi offerts par l’Etat gazier.

« Toute personne qui fait des efforts est récompensée« , explique une étudiante dont le lavage de cerveau semble avoir fonctionné parfaitement. À moins que la peur de la répression la force à tenir de tels propos.

« Le grand retour« , c’est le nom de code de ce plan pour occuper les terres arméniennes. Le hic, l’Azerbaïdjan est un pays né après la première guerre mondiale, de la seule volonté de Staline, pour qui « diviser pour mieux régner » était un leitmotiv. Ainsi, il créé l’Etat azéri, redessine les frontières arméniennes arbitrairement… et on voit donc beaucoup d’Arméniens, notamment au Haut Karabakh, finalement vivre officiellement en terres azéries.

Après la chute du mur de Berlin, les cartes sont redistribuées, les Arméniens se battent pour leurs terres qu’ils habitent depuis des siècles et remportent les premières guerres d’indépendance, sous la houlette du militaire Monte Melkonian. Le Haut Karabakh proclame son indépendance, devient une République, s’affirme en tant que démocratie dans une région du monde dominée par les Etats autoritaires. Par la suite, pendant plus de 20 ans, l’Azerbaïdjan utilisera chaque année l’équivalent du PIB de l’Arménie pour renforcer son armée. Naïve, l’Arménie ne se souciera pas spécialement de renforcer ses frontières ou son armée.

Dans l’indifférence générale, la dictature procédera alors à une épuration ethnique immonde en 2023, forçant par la violence et la haine vieillards, femmes et enfants à fuir sur les routes. Environ 700 000 exilés, sans la moindre sanction internationale.

Nouvelle-Calédonie : l’Azerbaïdjan manœuvre pour déstabiliser la France

Un climat de guerre civile, un gendarme décédé et plusieurs villes de Nouvelle-Calédonie méconnaissables. Triste bilan après quelques jours de tentatives de déstabilisations. D’abord surprenante, cette situation devient plus lisible désormais pour les autorités françaises.

L’Azerbaïdjan est principalement visée. Mais aussi la Turquie. Les deux gouvernements sont soupçonnés d’avoir instrumentalisé les indépendantistes calédoniens pendant des mois. La DGSI en a les preuves, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur a fini par en parler publiquement.

Profondément « choqué », il explique clairement que « l’Azerbaïdjan essaye d’utiliser le dossier calédonien pour répondre à la défense des Arméniens et du massacre des Arméniens par la puissance azerbaïdjanaise ». L’Arménie, petit pays de 3 millions coincé entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, a fait face à l’épuration ethnique de sa population arménienne basée en Artsakh l’année dernière. 130 000 habitants déplacés de force, sans que la communauté internationale ne lance de représailles envers l’Azerbaïdjan. La France a décidé d’aider militairement cet allié de longue date.

Quid des relations Nouvelle-Calédonie et Azerbaïdjan/Turquie ? Le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan ont signé un mémorandum de coopération mi-avril. De quoi faire réagir là-aussi Gérald Darmanin, soucieux de défendre les intérêts de la France : « Il ne m’avait pas paru évident que l’Azerbaïdjan avait un intérêt dans le Pacifique Sud ».

Devant la commission des lois de l’Assemblée Nationale, il a évoqué « l’ingérence extrêmement néfaste » de l’Azerbaïdjan du dictateur Alyiev. Pays qui a encore chuté dramatiquement cette année dans le classement RSF des droits de la presse et de la liberté d’expression.

Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur a annoncé que cinq « radicaux et violents » sont placés en résidence surveillée, tous membres de la CCAT, une organisation indépendantiste.

À ce sujet, une manifestation organisée par la CCAT a vu flotter un drapeau de l’Azerbaïdjan récemment. L’organisation est née quelques mois après la création du « Groupe d’initiative de Bakou », qui lutte contre le colonialisme…

À ce sujet, le député de la Vienne Sacha Houlié se montre ferme sur France Info : « Ne soyons pas aveugles face aux ingérences. En Nouvelle-Calédonie, l’Azerbaïdjan soutient, notamment financièrement, des activistes violents. Ces ingérences étrangères visent à déstabiliser la France en Indo-Pacifique et appellent une réponse implacable. »

Dans le même ordre d’idées, le 1er mars dernier, des représentants indépendantistes se sont rendus à une conférence internationale sur la décolonisation à Istanbul (Turquie). Les frais de transport de la délégation kanak ont même été payés par les services secrets de l’Azerbaïdjan. De cette réunion, une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron dénonçant les « dérives colonialistes de la France » a même été lue.

Autre épisode clé, à l’automne dernier, le contre-espionnage français a déjoué une opération menée par Bakou contre la visite du ministre français des Armées à Nouméa. Sans parler des multiples attaques d’armées numériques orchestrées par Bakou et Ankara.

Affaiblir l’État français ou simple réponse au soutien de la France à la démocratie chrétienne arménienne ? Guerre politique, de religion ou sociétale ? Priorité au retour à l’ordre côté français. Le Premier ministre Gabriel Attal a jugé grave la situation, suite à un « déchaînement de violence inouïe ».