fbpx

Toujours aucune issue pour les droits TV de la Ligue 1 : Canal+ n’a pas les moyens

Droit dans le mur. La Ligue 1 n’a toujours pas de diffuseur, à bientôt un mois de la reprise du championnat. Plusieurs clubs ont pourtant alerté de faillites potentielles en cas d’échec ou de droits TV accordés à un tarif trop bas. Et comme rien ne va, Canal+, par l’intermédiaire de son patron Maxime Saada, vient de confirmer que le diffuseur historique du football français n’en serait pas à nouveau le sauveur…

Black out, ou presque. La Ligue 1 est déjà enterrée mais creuse encore. Alors que le championnat a perdu toutes ses stars internationales en deux saisons, que le spectacle proposé n’est pas réjouissant et que les clubs sont à la peine en coupe d’Europe, voilà que la Ligue de Football Professionnel (LFP) n’arrive toujours pas à trouver le moindre diffuseur à un tarif intéressant pour l’équilibre financier de tous.

À un tout petit peu plus d’un mois de la reprise du championnat de France de Ligue 1, c’est la crise totale. D’autant que les deux dernières solutions crédibles envisagées n’ont rien de miraculeuses. Si l’offre de l’opérateur de contenus à la demande DAZN venait à être acceptée (375M€), le deal ne permettrait même pas aux clubs de football de gagner autant d’argent que lors du précédent appel d’offres. Qui n’était déjà pas génial. La faute à la faillite (annoncée) de Mediapro puis à CVC, ce fonds d’investissement luxembourgeois, venu en sauveur en 2022, mais qui doit désormais logiquement récupérer petit à petit ses billes.

Si la Ligue optait finalement en urgence pour le lancement d’une chaîne 100 % L1 créée par Ligue elle-même, ce serait là-aussi un fiasco assuré. Le nombre d’abonnés minimum pour être à une rentabilité potentielle ne serait jamais atteint avant des années. Les clubs ne bénéficieraient pas de leurs revenus habituels et plus de la moitié de la L1 coulerait. Dans ces conditions, l’historique diffuseur du football français, Canal+, apparaissait comme un sauveur magnifique. Avec une belle histoire à reprendre.

Le hic, c’est que Canal+ vient de payer au 30 juin l’addition salée des droits de la Formule 1 et doit aussi gérer les droits TV de la moto GP, de la Ligue des Champions de football ou du Top14 en rugby. Des sommes bien moins folles que le football, certes, pour beaucoup moins d’audience, aussi. Mais ces sommes s’additionnent. Et la Ligue 1 ne semble pas être d’un formidable rapport qualité/prix.

Auditionné ce lundi matin par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), Maxime Saada a confirmé les mauvaises nouvelles pour les fans de football en France : « Malheureusement, la situation n’est pas une surprise pour nous, ,ous sommes souvent taxés d’énervement, de rancoeur ou d’amertume, je peux comprendre pourquoi, mais le sujet est essentiellement économique. Canal+ a tenté face à Mediapro puis face à Amazon puis avec DAZN il y a encore quelques mois de revenir dans le jeu de la compétition de la Ligue 1. La LFP ne l’a pas souhaité et Canal+ n’a eu d’autres choix que d’allouer ses ressources, qui restent relativement rares, sur d’autres compétitions, en particulier la Ligue des champions. Donc nous n’avons plus les moyens aujourd’hui d’intervenir dans ce dossier ». Des explications claires ou un énième coup de bluff ? On y croit peu.

Sauf que Canal+ est indirectement lié à la Ligue 1. Sans une L1 forte, pas de parcours intéressant de clubs français en Ligue des Champions ou Ligue Europa. Et donc, moins d’audience. « Nous espérons qu’il trouvera une issue positive pour le foot français car nous restons très investis, notamment dans la Ligue des champions, et nous espérons bien que les clubs français pourront y prospérer », explique encore Maxime Saada.

Alors que le Paris-Saint Germain vient de perdre Kylian Mbappé et que finalement, la star de leur effectif se nomme aujourd’hui Luis Enrique, le coach, que vont vouloir regarder les téléspectateurs français pour vibrer ? Un autre coach ? Roberto De Zerbi, l’entraîneur italien de l’OM, avec son salaire hors normes pour un club non qualifié en coupe d’Europe ?

L’attractivité de la L1 reste faible actuellement, d’où le casse-tête de la LFP. Et finalement, seul un OM surpuissant, apte à concurrencer le PSG sur la durée, peut relancer l’attrait pour ce championnat. Sans cela, le football français s’élance, tête dans le vide, pour plusieurs saisons dans le noir. Les prochains droits TV étant distribués pour les cinq prochaines saisons.

Auditionné au Sénat, Vincent Labrune (LFP) a des idées pour sauver le football français

Face à des clubs menacés de faillite en cas d’échecs des négociations des droits TV, et alors que la Ligue 1 reprend le chemin des terrains le 17 août, le président de la Ligue de Football Professionnel (LFP) s’est expliqué aujourd’hui devant les Sénateurs de la commission de la culture, de la communication et du sport.

Le football français à la dérive. Alors que le championnat reprendra après les Jeux Olympiques, le week-end du 17 août, les droits TV ne sont toujours pas décidés. Aucun diffuseur ne propose la somme adéquate pour faire vivre les clubs professionnels de Ligue 1. Car pour certains, la manne financière des droits TV représente jusqu’à 60% de leur budget. Le statut quo actuel ne leur permet donc pas de se projeter sur l’avenir et de mener à bien le mercato d’été.

Ce mercredi après-midi, Vincent Labrune est donc reçu par les Sénateurs de cette commission pour clarifier la situation en tout point. Le Président de la LFP s’est notamment à nouveau expliqué en détails sur le couac des relations entre la Ligue et Canal+, depuis l’échec colossal de MediaPro (Vincent Labrune n’était alors pas en poste) et l’arrivée de Prime Vidéo pour une somme moins élevée que Canal+ mais avec plus de matchs à diffuser.

« Canal+ a une position forte sur le marché français. Il y a du ressenti et une blessure entre la LFP et Canal+. Des émotions fortes. Un sentiment de trahison. On travaille à des solutions alternatives. C’est compliqué mais il y a un chemin, qui sera peut-être moins bénéfique pour les clubs si on n’arrive pas au final à trouver un arrangement avec Canal+, en créant notre propre média. »

Vincent Labrune précise alors qu’« encore une fois », il ne « veut pas accabler Canal+ plus que de raison. » Pas besoin d’offusquer encore une fois Maxime Saada et le candidat idéal aux droits TV.

Pour autant, aurait-il une autre carte dans sa manche ? C’est ce qu’il laisse entendre. Au détour d’une question, il raconte continuer à se battre pour obtenir le meilleur deal pour le football français. Même si le temps presse. Il assure aussi « essayer d’attirer de nouveaux investisseurs et de nouveaux propriétaires ». Voilà qui garantirait plus de moyens, de meilleurs joueurs et plus de spectacle à vendre aux téléspectateurs. Les diffuseurs apprécieraient sans doute. Et augmenteraient leur mise ?

Mais à qui fait référence Vincent Labrune ? Car tous les clubs sont à vendre. Partout. Chacun club possède son prix. L’OGC Nice ? Dont Sir Radcliffe semble se désintéresser suite à l’acquisition (minoritaire) de Manchester United. Peu probable. Puisque depuis le Brexit, les clubs anglais prospectent dans les championnats étrangers afin justement d’acheter des clubs « satellites », aptes à développer de jeunes joueurs. Nice est l’endroit idéal.

Vincent Labrune nous oriente-t-il vers l’AS Monaco ? Dont le propriétaire russe Dmitri Rybolovlev souhaite se désengager. Sauf que le club de la Principauté n’a reçu qu’une poignée de dossiers de candidature et reste qualifié pour la prochaine Ligue des Champions nouvelle mouture. Bref, l’ASM se porte très bien. Sans parler du fait que sur son rocher, l’AS Monaco reste un club à part, avec un vivier de supporters et de développement économique restreints. Pas le candidat parfait pour redresser le football français.

Le seul club capable de rivaliser rapidement avec le Paris-Saint Germain et ainsi recréer un semblant de concurrence en Ligue 1, c’est bien l’Olympique de Marseille. Avec sa ferveur folle, ses supporters impatients de retrouver les sommets et son stade plein. Après une saison catastrophique, le club ne participera à aucune compétition européenne la saison prochaine. Et l’OM doit impérativement diminuer sa masse salariale.

Malgré l’arrivée officielle prochaine de Roberto De Zerbi, coach italien très respecté avec qui il existe un accord de principe, Marseille n’a aucune latitude financière pour embêter Paris. Les deux effectifs sont à des années lumière. L’annonce d’un rachat pourrait changer la donne et sauver la L1.

Le club connaît un bazar total depuis des mois : départs massifs de cadres et membres de la direction, passage de McCourt Europe d’un associé unique à un pacte d’associés sans nommer publiquement les nouveaux associés, recherche à rallonge d’un entraîneur, activité étonnante sur le marché des transferts alors que les droits TV ne sont pas réglés… Festival d’incohérences économiques et sportives. De nouveaux repreneurs arriveraient-ils ? C’est ce qui bruisse encore une fois à Marseille et dans les milieux autorisés. Une nouvelle soudaine qui pourrait raviver l’intérêt pour la Ligue 1.