Mauvais endroit, mauvais moment. Un refrain qui revient un peu trop souvent à Marseille. Nessim Ramdane, âgé de 36 ans et père de trois enfants, a été abattu d’une balle dans la tête à Marseille par un tueur à gages âgé de 14 ans, recruté sur les réseaux sociaux.
La victime, chauffeur VTC, avait refusé de transporter le criminel et son complice. Les deux jeunes hommes cherchaient à venger la mort d’un trafiquant. Mécontent que le chauffeur ne veuille pas les transporter, le tireur a utilisé un Magnum .357 pour tuer Nessim Ramdane. Une victime de plus des narcotrafiquants, un innocent de plus qui n’avait aucun lien avec le trafic de drogues.
Alors que les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux et dans les médias, le rassemblement pour Nessim Ramdane cet après-midi à Marseille est immense. La foule porte son cercueil. Un dernier au revoir avec une prière mortuaire pour ces dizaines de personnes.
Un grand silence cet après-midi pour cet homme qui n’aurait jamais dû être tué dans ces circonstances. Il n’avait strictement rien à voir avec le trafic de stupéfiants.
Une minute de silence a eu lieu dimanche, à Carnoux, là où Nessim Ramdane jouait au football. Il était notamment capitaine de son équipe et éducateur au club.
C’est une nouvelle affaire de violences et aggressions qui secoue le milieu du catch français. Et fait froid dans le dos. L’ex-catcheuse de la WWE, Amale Dib (« French Hope ») vide son sac concernant des faits de harcèlement et de violences à son encontre. Elle vise nommément l’Amiénois Tristan Archer, preuves à l’appui.
Une longue lettre poignante, qui laisse sans voix. En français et en anglais. Amale Dib ne pouvait plus garder tout ça pour elle. La catcheuse française, passée par la mythique WWE, alerte les autorités plusieurs années après les faits.
La jeune femme de 31 ans parle de « misogynie, menaces, harcèlement, racisme, intimidations, homophobie… » Une plongée terrible dans les coulisses du catch français.
Si ce sport-spectacle est en partie scénarisé, tout ce qui est raconté ici est bien un témoignage réel. Malheureusement.
C’est le catcheur de 38 ans, Tristan Archer, de son vrai nom Clément Petiot, qui est visé par Amale pour ces faits gravissimes.
Amale commence en expliquant que « trop de choses sont restées dans l’ombre, car noyées dans l’incertitude, l’absence de témoignages,et aussi la protection aveugle des workers mal informés ou choisissant de fermer les yeux. Je tiens à jurer que je ne parlerai que de mon expérience. Ces faits dépassent les intérêts directs à court terme du catch français et doivent servir à assainir ce milieu quitte à faire tomber ses figures de proue. »
Elle ajoute : « Je prends la parole, acculée par l’anxiété, la pression, la colère et aussi la peur. Je sais que mon témoignage sera entendu et que les choses pourront enfin changer.«
Amale rentre dans les détails très vite : « J’ai été la victime du comportement extrêmement abusif et décomplexé du catcheur français TRISTAN ARCHER.«
Poursuivant : « Mon seul tort a été de rester silencieuse pendant tout ce temps. Je ne m’exprimais pas par honte, par peur de ne pas être entendue, par peur des représailles, mais j’agis aujourd’hui en ayant accepté que l’ensemble des acteurs de ce milieu sauront résolument se ranger derrière ce qui est juste (…) Cette histoire dépasse de loin le catch et relève de la justice, de la morale et de la conscience humaine.«
Amale Dib espère « que (son) témoignage permettra de libérer les dernières langues qui sont restées liées par la peur ou manipulées par cet homme. »
Le reste de sa lettre relate des moments effroyables.
« Tristan et moi avons eu une relation passée. Celle-ci fut marquée par des abus physiques, psychologiques et émotionnels. Il m’a humiliée, rabaissée, trompée, fait perdre confiance en moi, forcée à arrêter mes études, menacée, menacé ma famille. Il a menacé de dévoiler des photos intimes à ma famille si je ne lui obéissais pas. Quand j’ai eu des pensées suicidaires, il m’a expliqué vouloir que je fasse tout ce qu’il demandait avant, et qu’après je pourrais mourir en paix. Depuis, je vis avec la peur constante qu’il mette ses menaces à exécution. Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.«
Elle détaille des souvenirs de violence ultime : « Il a frappé et poussé sur la route une amie proche qui essayait de me défendre et de me prévenir de son comportement malsain. Il m’a ensuite immobilisée afin que la femme avec qui il entretenait une liaison me frappe, laissant des marques pendant plusieurs mois sur mon visage. J’ai dissuadé mon amie de porter plainte à cette époque, aveuglée par son emprise. Il a accumulé des comportements violents envers moi, envers d’autres femmes, envers des collègues de travail, envers des fans.«
Autre extrait : « J’ai tourné la page lorsque j’ai été signée à la WWE. Pendant toute cette période, il a toujours été aimable avec moi, mais il continuait de m’envoyer des messages pour avoir des nouvelles, même si je ne lui répondais quasiment plus (…) Cependant, son comportement à mon égard s’est intensifié récemment, menant à du harcèlement, des menaces, de l’intimidation, des propos racistes et misogynes, de la diffamation auprès de mes collègues et des promoteurs de catch, ainsi que des tentatives de sabotage de ma carrière. »
« J’ai décidé de rester loin de lui. J’ai commencé à entendre ses diffamations, son obsession, son acharnement sur moi, son désir de m’écarter des shows et de monter les gens contre moi, jusqu’au jour où tout a éclaté sur le chemin d’un show alors que je ne lui adressais plus la parole. Je l’ai entendu dire que sa vie était dure en tant qu’homme blanc et qu’il n’avait jamais eu de privilèges, que la vie était plus facile pour les femmes racisées. Cela m’a fait sortir de mon silence, moi qui ai réellement vécu de la discrimination à cause de mes origines.«
« Il a créé un faux compte pour masquer le fait qu’il avait dit à sa compagne de l’époque qu’il n’allait plus me contacter, et m’a bloquée de son compte principal. Ce compte a été utilisé pour me stalker, stalker mes proches (plusieurs personnes l’ont retrouvé dans leurs stories) et pour perpétuer du harcèlement, des messages insistants non sollicités, et toute sa manipulation pour faire passer pour le gentil ensuite.«
« Il a ensuite découvert que j’étais en relation avec quelqu’un. Il nous a traqués, a tenu des propos insultants à mon égard auprès de mon partenaire dans l’espoir de provoquer une rupture et de saboter jusqu’à ma vie privée. Il a tenu des paroles très violentes, diffamatoires, misogynes.«
« Les menaces et intimidations constantes de sa part ont eu un impact terrible sur ma santé mentale et émotionnelle, me conduisant à chercher de l’aide professionnelle et à organiser ma vie professionnelle et personnelle pour l’éviter à tout prix. J’ai perdu énormément de poids, comme à l’époque où j’étais sous son emprise (45 kg) et traverse quotidiennement des épisodes sévères d’anxiété, de stress, de troubles alimentaires impactant l’intégralité des aspects de ma vie : ma santé physique, mentale, mes relations, mes activités. Je me vois mourir à petit feu alors que je ne souhaitais qu’une chose : qu’on me laisse tranquille. (Photos à l’appui.) Il a osé me diffamer même sur mon physique en disant partout que si j’avais maigri, c’était parce que je prenais de la cocaïne, alors qu’il est le seul responsable de mon état. Tout cela doit cesser, ma vie en dépend. »
Les mots et les preuves en photos semblent accabler Clément Petiot, alias Tristan Archer.
Tristan Archer dépeint comme un « hommenocif » au plus haut point. « Aujourd’hui, je prends la parole en public pour essayer de faire bouger les choses, malgré la peur des représailles. En France plus qu’ailleurs, je pense qu’il est plus qu’important que ces affaires soient ébruitées et révélées au grand public, qui mérite de voir le vrai visage de ses catcheurs et de protéger les femmes et les futures générations. Je sais qu’il essaiera de diffamer et de discréditer mon discours comme il l’a toujours fait. Mais cette fois-ci, les choses seront différentes.«
Amale Dib a rapidement reçu de nombreux soutiens sur les réseaux sociaux. Mais également d’anciens catcheurs. Lui aussi passé par la WWE, bien avant Amale, Tom La Ruffa a posté une vidéo sur son compte X pour témoigner à la jeune femme de son total soutien.
En attendant les avancées des procédures judiciaires, Entrevue rappelle que Tristan Archer bénéficie tout de même de la présomption d’innocence.
Une conférence de presse particulièrement suivie. Le procureur des Landes s’est présenté cet après-midi devant la presse. Quatre jours après « l’affaire Kendji Girac », ce coup de feu venu terrasser le chanteur, au beau milieu d’une aire d’accueil de gens du voyage, en pleine nuit.
Le procureur de la République de Mont-de-Marsan (Landes), Olivier Janson, a rapidement expliqué que d’après les premiers éléments de l’enquête, l’hypothèse d’« un tir qui aurait été réalisé par un tiers est écartée ». Aucune rixe, pas de guerre entre deux camps, pas de règlement de comptes. « Aucun élément de l’enquête ne va en ce sens. »
Le chanteur est tout de même revenu sur sa première version. Et il a finalement déclaré avoir « simulé un suicide » pour faire peur à sa compagne, qui menaçait de partir s’il ne réglait pas son addiction à l’alcool. Kendji Girac a d’ailleurs été contrôlé à 5 heures du matin avec 2,5 grammes d’alcool par litre de sang. Et avec des traces de cocaïne.
Plus trop de doutes, selon le procureur, sur le déroulé de la soirée. Le témoignage du chanteur met enfin la lumière sur cette histoire si médiatisée.
Touché par balle dans la nuit de dimanche à lundi, Kendji Girac avait alors avancé la thèse de l’accident. À 27 ans, le jeune homme pensait bien faire en expliquant aux secours avoir acheté l’arme, un Colt 45, dans une brocante et s’être blessé accidentellement en la manipulant à l’intérieur d’une caravane. Le tout, en présence de sa femme et de leur fillette.
Or, la réalité est toute autre. Plusieurs disputes, des cris, des larmes. Et finalement, l’impensable. D’après le témoignage de Soraya M., cité par le procureur, de vives discussions au sein du couple avaient lieu au sujet de la consommation d’alcool de Kendji Girac.
Ce soir-là, une nouvelle fois énervée à cause de l’état d’ébriété du chanteur et du bruit qu’il faisait en pleine nuit, Soraya M. lui annonce qu’elle va partir. Kendji fouille alors dans les placards du salon puis appuie sur la gâchette. « Ce dont je suis absolument certaine, c’est qu’il n’y avait personne d’autre. Ce ne peut être que lui qui s’est tiré dessus, volontairement ou accidentellement », a-t-elle répété aux enquêteurs.
Kendji Girac aurait été jusqu’à lui faire un terrible chantage : prétextant qu’il allait « se mettre une balle ou s’ouvrir la gorge ». Les traces d’alcool et de cocaïne retrouvées dans le corps du chanteur permettent d’imaginer le contexte de la scène. La thèse d’un tir accidentel a été bien vite écartée par les enquêteurs, les différents crans de sûreté et de sécurité de l’arme utilisée étant fonctionnelles.
Le chanteur voulait « faire peur à sa femme, l’impressionner », détaille le procureur. « Un moment de panique », « simuler un suicide » pour l’empêcher de partir.
Avec le recul et face à l’ampleur des retombées médiatiques, Kendji Girac « regrette profondément » son geste. Il évacue également toutes les rumeurs d’un tir provenant de sa compagne : « En aucun cas ma femme m’a tiré dessus. Quand j’ai vu qu’elle allait partir, j’ai eu peur. J’étais saoul à un point de ne pas savoir trop quoi faire. »
Que ce soit un « suicide simulé ou d’un véritable suicide », les deux faits ne sont pas pénalement répréhensibles. Kendji Girac va déjà mieux, il est doublement tiré d’affaire.