Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence ce mardi pour discuter de la situation en Syrie, marquée par une offensive éclaire des rebelles qui ont pris de vastes régions du nord du pays. Cette réunion a été sollicitée par le gouvernement syrien, avec le soutien des trois membres africains du Conseil (Mozambique, Sierra Leone, Algérie) ainsi que du Guyana, selon des sources diplomatiques.
Une offensive majeure contre un régime affaibli
Treize ans après les premières manifestations contre le régime de Bachar al-Assad, la Syrie connaît une résurgence des combats. Les rebelles, regroupés sous la bannière de la coalition dominée par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ont pris Alep, deuxième ville du pays, avant de poursuivre leur progression vers Hama. HTS, dirigé par l’islamiste Abou Mohammed al-Jolani, rassemble environ 15 000 combattants et bénéficie du soutien tacite de la Turquie.
En parallèle, l’Armée nationale syrienne (ANS), également appuyée par Ankara, a intensifié ses offensives contre les zones kurdes. Cette alliance de circonstance entre HTS et l’ANS a permis des gains territoriaux rapides mais fragiles, mettant le régime d’Assad sous pression.
Malgré leur progression initiale, les forces de HTS ont dû se replier de Hama, faute de moyens lourds. L’armée syrienne, soutenue par des miliciens chiites arrivant d’Irak et du Liban à la demande de l’Iran, a stabilisé la ligne de front. La Russie, autre allié majeur d’Assad, multiplie également les frappes aériennes pour contenir l’avancée rebelle.
La région de Hama revêt une importance cruciale pour le régime syrien. Elle relie Damas à la côte méditerranéenne, où se trouvent les bases russes de Hmeimim et Tartous, ainsi que le bastion alaouite de Lattaquié.
Une opportunité saisie par les rebelles
L’offensive rebelle survient dans un contexte international favorable. Les tensions au Liban et les bombardements israéliens contre les forces pro-iraniennes en Syrie ont affaibli les soutiens du régime. En Ukraine, la Russie est concentrée sur son propre conflit, limitant son engagement en Syrie.
La Turquie, après avoir échoué à normaliser ses relations avec Assad, a également changé de stratégie. En soutenant indirectement HTS, Ankara cherche à affaiblir le régime syrien tout en poursuivant ses objectifs contre les YPG kurdes, qu’elle considère comme une menace stratégique.
Les YPG, qui tenaient certaines enclaves à Alep et au nord de la ville, ont été pris de court par l’offensive rebelle. Malgré une tentative d’avancer depuis l’est de la Syrie, ils ont perdu plusieurs positions stratégiques. HTS a promis de respecter les minorités, mais des assassinats ciblés de responsables kurdes ont été signalés, impliquant les services turcs et l’ANS.
Cette reprise des combats marque un tournant dans un conflit qui semblait s’être figé ces dernières années. Les répercussions régionales de cette escalade restent incertaines, mais pour le régime d’Assad et ses alliés, la bataille de Hama pourrait bien déterminer l’avenir du pays.