L’effondrement du régime de Bachar al-Assad a mis en lumière un vaste trafic de drogue, avec la découverte de millions de pilules dissimulées à travers la Syrie. Chaque jour, les rebelles découvrent dans des entrepôts et bases militaires des quantités croissantes de captagon, cette drogue qui a transformé narco-État, tombé en quelques semaines à la surprise générale après des années d’oppression, de tyrannie et de dictature.
Si Bachar al-Assad a trouvé refuge à Moscou, son frère Maher demeure introuvable. Ce dernier, chef redouté de la Quatrième division de l’armée syrienne, est considéré comme l’un des piliers du trafic de captagon, une industrie qui pèse environ 10 milliards de dollars. Amer Khiti, député et homme d’affaires proche du régime, est lui aussi sous le coup de sanctions imposées par les États-Unis et le Royaume-Uni, qui l’accusent d’être un rouage clé dans ce commerce illicite.
Dans une carrière à la périphérie de Damas, des installations souterraines ont été découvertes. Elles abritaient jusqu’à récemment des millions de pilules dissimulées dans des bobines de cuivre ou des boîtiers électriques destinés à l’exportation.
Sous le régime de Bachar al-Assad, le captagon s’était imposé comme le principal produit d’exportation du pays, surpassant largement toutes les activités légales. Cette drogue représentait non seulement une manne financière essentielle pour un État paria, mais aussi un instrument stratégique.
Le régime aurait utilisé le captagon comme moyen de pression diplomatique, notamment sur les pays du Golfe. Pendant les années de guerre, cette drogue a inondé les marchés régionaux, notamment en Arabie saoudite, le plus grand consommateur mondial.
Dans un pays marqué par quatorze années de guerre civile et un demi-million de morts, la production de captagon était devenue une ressource indispensable, dépassant en valeur toutes les exportations légales réunies. Pour les rebelles islamistes de Hayat Tahrir al-Sham, qui se préparent à gouverner une Syrie post-Assad, le démantèlement de cette industrie représente un défi de taille. Le groupe affirme vouloir éradiquer la production et l’exportation de cette drogue, malgré les difficultés économiques du pays, dont l’industrie est en ruine et la monnaie en chute libre, aggravées par des sanctions internationales toujours en vigueur.
Avec la chute du régime, l’avenir de la Syrie reste incertain, mais la fin de l’empire du captagon s’annonce comme une tâche colossale dans un pays encore marqué par le chaos et l’effondrement de ses institutions.