Alors qu’un cessez-le-feu est annoncé entre Israël et le Hezbollah libanais, après deux mois de guerre ouverte, les groupes jihadistes renaissent de leurs cendres dans la Syrie de Bachar al-Assad. Il aura suffi de trois jours pour que la ville d’Alep, deuxième ville du pays, ancien poumon économique et capitale culturelle, tombe de nouveau aux mains des groupes armés, dans une panique totale pour les habitants et l’armée syrienne en déroute.
Nathalie a 25 ans. Originaire d’Idlib, aux mains des islamistes depuis l’avènement de Daesh au Levant, cette jeune syrienne s’est exilée dans la cité voisine d’Alep et voit une nouvelle fois sa vie basculer ce mercredi 27 novembre. Une rumeur gronde : les factions islamistes de Syrie se sont reconstituées et marchent sur Alep. Réfugiée à 140 km au Sud dans la ville de Hama, elle devra fuir trois jours plus tard face à l’arrivée des jihadistes pour finir à Damas.
Ce témoignage est celui de nombreux chrétiens en exil face au retour des factions islamistes au nord-ouest syrien.
« Les communautés chrétiennes historiques se réduisent comme peau de chagrin : avant la guerre il y avait 150 000 à 200 000 chrétiens à Alep, aujourd’hui on en compte 20 à 25 000, mais pour combien de temps ? » alerte le Directeur de l’association SOS Chrétiens d’Orient, Benjamin Blanchard.
Quel avenir pour Nathalie ? Cette hémorragie des chrétiens illustre la souffrance syrienne ces quinze dernières années.
Hier Raqqa et Mossoul, aujourd’hui Alep
« La vie quotidienne à Alep sous le joug des islamistes et des bombardements continuels est régie par la violence. Ce qui attend aujourd’hui les alépins est le silence imposé par l’interdiction de la musique, des libertés ni pour les femmes ni pour les hommes. Après avoir été libérés par les russes en 2017, les habitants vont connaître à nouveau la peur, la faim et l’insécurité. Depuis hier, les premières photos circulent déjà des marchés aux esclaves sexuels instaurés par ces ordures islamistes : ils commenceront avec les kurdes puis ce sera le tour des chrétiennes. » explique le Président de Radio Courtoisie, Pierre-Alexandre Bouclay.
Loin de l’idée que s’en fait l’Occident, loin de la vérité du terrain, nombreux étaient les jihadistes endormis dans la région d’Idlib, hors des geôles tenues par les Kurdes. Pour Benjamin Blanchard, leur réveil soudain est intimement lié au conflit israélo-palestinien :
« Il y a quelques jours, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a mis en garde le gouvernement syrien et dénoncé “un jeu dangereux pour lequel il allait payer”. Deux heures après, l’offensive islamiste s’est déclenchée au nord-ouest du pays : ce n’est pas un hasard. L’instauration possible d’un Califat islamiste en Syrie serait la conséquence directe de l’obsession israélienne à vouloir détruire le Hezbollah libanais, ce même Hezbollah qui a combattu Daesh et Al-Qaïda en Syrie et en Irak. »
Le gouvernement syrien isolé face aux prétendus « rebelles »
Affaiblie par 10 ans de guerre et de lourdes sanctions internationales, la Syrie se retrouve isolée, piégée en son sein face au retour des terroristes. Occupé par le conflit en Ukraine, son allié russe ne pourra déployer des troupes au sol pour leur prêter main forte.
« Des milices irakiennes chiites seraient en route pour soutenir l’armée syrienne, mais on entend que des bombardements américains frapperaient déjà ces convois. L’Occident prétend lutter contre les islamistes mais préfère cibler les alliés de Bachar al-Assad et de l’Iran, en dépit du sort réservé désormais aux populations syriennes, esseulées. » (Benjamin Blanchard).
Malgré la détermination des troupes de Bachar al-Assad sur le front constitué au nord de Hama pour repousser l’offensive, ces derniers progressent dangereusement en les contournant par l’Est : « On observe une avancée rapide et dramatique des groupes armés islamistes en direction du Sud par le désert. S’ils contournent ainsi la ville de Hama reprise par le gouvernement, les islamistes fendront vers Homs et couperont les lignes de communication entre le nord et le sud du pays, entre la zone côtière alaouite et chrétienne et la région de Damas. » (Benjamin Blanchard).
À l’heure où le Levant est en proie au retour de Daesh, l’Occident doit se souvenir que ceux qu’il a nommé -dix ans durant- « rebelles modérés » ou « résistants » sont les mêmes qui ont rafalé les terrasses parisiennes et le Bataclan en 2015. Une chose est sûre, renverser la dynastie al-Assad conduirait inéluctablement à l’instauration d’un État islamique régi par la charia. Qui voudrait s’en rendre complice ?
Émission Ligne Droite à retrouver en intégralité :