Surpopulation carcérale : l’Église catholique s’alarme d’une situation intenable

Entrevue 1

Le diacre Bruno Lachnitt, aumônier national catholique des prisons, a tiré la sonnette d’alarme face à une situation de surpopulation carcérale « record » et « contre-productive ». Ces préoccupations interviennent alors que l’Église s’apprête à réunir ses aumôniers de prison à Lourdes du 10 au 13 octobre, pour une rencontre organisée tous les six ans.

Lachnitt a rappelé que, au 1er septembre, 73 établissements pénitentiaires affichaient un taux d’occupation supérieur à 150 %, avec 17 d’entre eux dépassant les 200 %. À cette même date, les prisons françaises comptaient 3 609 matelas au sol, signe criant de la dégradation des conditions de détention. « Jusqu’où cela sera-t-il supportable ? Et pour qui considère-t-on que cela l’est encore ? » s’interroge l’aumônier, évoquant des situations où jusqu’à quatre détenus se partagent une cellule de 11 m².

Lachnitt a aussi mis en garde contre les conséquences de cette surpopulation sur la sécurité. Selon lui, l’accroissement des demandes de répression nuit à l’objectif initial de sécurité, créant au contraire plus d’insécurité : « Réclamer toujours plus de répression et de sécurité produit l’inverse de ce qu’on cherche », souligne-t-il.

Le diacre s’exprime alors que le Premier ministre Michel Barnier, dans une déclaration le 1er octobre, a plaidé pour limiter les possibilités d’aménagement de peine, donnant ainsi le ton d’une ligne pénale plus rigide.

Bruno Lachnitt a insisté sur la mission des aumôniers dans cet « univers absurde », où ils tentent d’apporter un peu de sens et d’espérance malgré les conditions difficiles. À Lourdes, les aumôniers se retrouveront autour de forums et de tables rondes en présence de plusieurs évêques. Lachnitt a souligné que l’objectif de cette rencontre n’est pas uniquement de renforcer la communion au sein de l’aumônerie mais aussi entre celle-ci et le reste de l’Église catholique.

L’Église catholique compte aujourd’hui 760 aumôniers répartis dans 190 établissements pénitentiaires en France, à l’exception de Mayotte. Ces aumôniers, dont 35 % sont des femmes, offrent leurs services à tous les détenus, indépendamment de leur religion. « Notre rôle n’est pas de donner des leçons, mais d’aider les détenus à découvrir qu’il y a en eux quelque chose de plus grand que ce qu’ils imaginent », explique Lachnitt, qui insiste sur l’importance de l’écoute et du silence dans ce travail délicat.

Les aumôniers catholiques, présents dans les prisons depuis 1819, continuent aujourd’hui à jouer un rôle clé dans la réinsertion et l’accompagnement spirituel des détenus.

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