Soudan : une guerre sanglante et des violations massives des droits humains  

Soudan : une guerre sanglante et des violations massives des droits humains

Depuis la mi-avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre civile dévastatrice entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR), provoquant l’une des plus grandes crises de déplacement interne du pays. 

Ce conflit, qui s’inscrit dans l’histoire longue des guerres et tensions au Soudan, est marqué par des violations massives des droits humains et un mépris flagrant des lois internationales.  

Exécutions sommaires et violations des lois de la guerre

Chaque jour apporte son lot d’atrocités commises contre les civils, en totale violation des conventions internationales. 

Le conflit oppose l’armée soudanaise et ses milices alliées dont certaines sont affiliées à des groupes islamistes radicaux aux Forces de soutien rapide, qui réclament un transfert du pouvoir à un gouvernement civil.  

Au début de l’année 2025, des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux ont révélé des scènes d’exécutions sommaires : des soldats soudanais tirant sur des civils désarmés. Ces images, capturées par les auteurs eux-mêmes, témoignent d’une impunité totale et laissent penser que ces crimes sont commis avec l’aval des commandants militaires. L’association juridique Avocats de l’Urgence a dénoncé ces actes dans un communiqué, qualifiant ces exécutions de « meurtres et arrestations extrajudiciaires ». 

L’organisation rapporte que plus de 13 personnes ont été tuées dans la région de Kombo Taïba par des soldats de l’armée et leurs milices alliées.  L’association précise que ces attaques ont une motivation « ethnique et régionale, ciblant principalement des populations originaires du Darfour.

 Les vidéos montrent des civils soumis à des arrestations arbitraires suivies de tortures brutales et d’exécutions sommaires, certains étant abattus de sang-froid, d’autres égorgés.  

Des crimes de guerre documentés 

Fin février 2025, l’organisation Human Rights Watch a publié un rapport accusant les Forces du Bouclier du Soudan, qui combattent aux côtés de l’armée, d’avoir attaqué délibérément des civils et pillé leurs biens lors d’une offensive menée le 10 janvier 2025 dans le village de Kombo Taïba, situé dans l’État d’Al-Jazirah, au centre du pays.  

Selon le rapport, au moins 26 personnes, dont un enfant, ont été tuées dans cette attaque, et plusieurs autres blessées.

 L’organisation affirme que des habitations ont été incendiées et que des biens, y compris des vivres, ont été systématiquement pillés. Elle estime que ces actes constituent des crimes de guerre, et que certains, tels que les meurtres délibérés de civils, pourraient relever de crimes contre l’humanité.   

L’enquête s’appuie sur des témoignages de huit survivants, ainsi que sur l’analyse d’images satellites, de photographies et de vidéos montrant des cadavres et les destructions causées par les incendies criminels.  

En janvier 2025, le rapporteur national des droits de l’homme au Soudan, Hatim Al-Saïm, a publié un document alarmant sur les massacres perpétrés dans les villes d’Al-Kanabi et de Wad Madani, situées dans l’État d’Al-Jazirah.   Selon ce rapport, des soldats de l’armée soudanaise, reconnaissables à leur uniforme, ont arrêté des civils avant de procéder à leur exécution sommaire par balles. À Al-Kanabi, plusieurs habitants ont été assassinés sous prétexte de leur prétendue affiliation aux Forces de soutien rapide. Le rapport dénonce une stratégie de représailles brutales ciblant des innocents et aggravant leur souffrance.  

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a condamné ces violences, les qualifiant de violations graves de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des principes fondamentaux de la dignité humaine. 

Elle appelle l’Union africaine et la communauté internationale à intensifier leurs efforts pour restaurer la paix au Soudan et assurer la protection des civils.  

Des sanctions internationales contre le régime militaire

Face à ces atrocités, les États-Unis ont imposé des sanctions contre le chef de l’armée soudanaise et président du Conseil de souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan. Washington l’accuse de privilégier la guerre aux négociations, contribuant ainsi à l’ampleur du conflit qui a causé des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.  

Le département du Trésor américain affirme que les forces sous son commandement ont recours à des tactiques de guerre destructrices, notamment des bombardements indiscriminés d’infrastructures civiles, des attaques ciblées contre des écoles, des marchés et des hôpitaux, ainsi que des exécutions extrajudiciaires.  

Malgré l’horreur des crimes commis au Soudan, la communauté internationale reste largement indifférente. L’attention du monde est monopolisée par d’autres conflits jugés plus stratégiques, tandis que les violations des droits humains au Soudan se poursuivent dans l’impunité la plus totale. Cette situation appelle une réponse urgente et ferme de la part des Nations unies et des organisations internationales, afin de mettre un terme aux massacres et d’assurer la protection des populations civiles prises au piège d’une guerre sans fin.

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