« Avec tous les protocoles, je pense qu’il y a quasiment 0% de chances de se contaminer dans une salle de cinéma ! »
Acteur et réalisateur, Florian Hessique sort son nouveau film, L’instant présent, dans lequel il partage l’affiche avec Martin Lamotte. En salles dès le 9 juin, ce long-métrage raconte l’histoire d’un jockey plongé dans le coma pendant 10 ans après une chute de cheval, et qui se réveille sans se souvenir de rien. Une histoire émouvante...
Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)
Jérôme Goulon : Parle-nous de ton film, qui sort le 9 juin…
Florian Hessique : Le film s’appelle L’instant présent. Je suis un grand passionné d’équitation. J’ai toujours voulu écrire une histoire dans ce milieu-là. Cerise sur la gâteau : on a pu tourner avec mes chevaux. Le pitch est assez simple : après une chute de cheval, qui a plongé Joshua dans le coma pendant une dizaine d’années, il se réveille et ne reconnaît personne. Ses amis vont tout faire pour raviver sa mémoire.
C’est un thème assez lourd…
Oui. Je voulais montrer le côté dur pour les personnes qui subissent la dégradation de l’état d’un proche. C’est un peu comme pour Alzheimer, dont mon papa est atteint. Finalement, ce ne sont pas les gens qui perdent la mémoire qui souffrent le plus, mais leur entourage.
Ton film sort au moment où les salles de cinéma rouvrent. Que voudrais-tu dire aux gens pour qu’ils reviennent ?
À un moment donné, il faut vivre ! C’est important de continuer de faire attention, de ne pas se ruer les uns sur les autres, mais avec tous les protocoles, je pense qu’il y a quasiment 0% de chances de se contaminer dans une salle de cinéma ! Donc il faut essayer de reprendre une vie la plus normale possible. Il ne faut plus s’empêcher de vivre.
Comment as-tu vécu cette période ?
J’ai eu la chance de continuer à beaucoup travailler. Il y avait ce film à préparer. J’en ai un autre en préparation pour septembre… Ce qui a été très dur, c’est le manque de perspectives. On peut tous comprendre la situation sanitaire inédite. Mais ce qui a été dur, c’est de ne pas savoir quand tout reviendrait à la normale. J’ai même vu des gens ne plus vouloir bosser…
La culture n’a pas toujours été considérée comme essentielle. C’est justifié ?
Est-ce qu’en cas d’épidémie mondiale, la culture est essentielle, quitte à mettre en péril la santé des gens, non ! Là où c’est essentiel, c’est que les gens ont besoin de faire autre chose. La vie, ça ne peut pas se résumer à métro-boulot-dodo. On a besoin de s’évader de notre quotidien. Et aller dans une salle, ce n’est pas la même chose que de regarder Netflix devant sa télé. Tu croises des gens. Donc pour moi, la culture est essentielle au bien-être.
En tant que professionnel du cinéma, qu’as-tu pensé des César ?
Je suis très partagé sur cette cérémonie des César. Je comprends la colère, l’agacement et la volonté de faire passer des messages. On est dans un secteur où on a accès à la médiatisation assez facilement. Mais la cérémonie des César, ce n’est pas le lieu. Les César, ça doit être la fête du cinéma. Les gens ne sont pas allés au cinéma depuis des mois, les professionnels sont inquiets, et j’aurais apprécié quelque chose de plus léger, de plus drôle, une soirée où l’on ne reste pas sur nos problèmes internes. Le César, ça doit être divertissant.
Le cinéma français bénéficie de subventions. Beaucoup de gens s’imaginent que le milieu baigne dans l’argent facile. C’est quoi, la réalité du terrain ?
Il y a les acteurs « bankables », qui évidemment ramassent le gros du panier, car les programmes sont vendus grâce à eux. Mais ça reste une petite minorité. Il y a ceux qui gagnent bien leur vie, mais qui ne peuvent pas s’arrêter de travailler pour autant. Et puis, il y a ceux qu’on ne voit pas, qui représentent 98% de la profession. Ce sont tous les intermittents du spectacle : les techniciens, les comédiens, les figurants, qui eux doivent faire leur nombre de cachets par an, et courir pour gagner un SMIC par mois. Quand les gens te voient à la télé ou dans les magazines, ils imaginent que notre vie est géniale. Mais ça, c’est 0,1% de notre temps…
Pour finir, tu nous disais préparer un film. Parle-nous de ton prochain projet…
J’attaque le tournage d’un nouveau long-métrage au mois de septembre. Ça se déroulera dans l’univers carcéral et ça parlera de la réinsertion des détenus ayant de longues peines. C’est un vrai sujet de société. Donc à suivre…