Sommet des BRICS en Russie : Vladimir Poutine défie l’isolement occidental

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Le président russe Vladimir Poutine s’apprête à accueillir une vingtaine de dirigeants étrangers à Kazan pour le sommet annuel des BRICS, qui se déroulera jusqu’à jeudi. Ce rendez-vous crucial intervient alors que Moscou renforce ses alliances avec des adversaires majeurs des États-Unis, tels que la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. Le Kremlin veut faire de cet événement un signal fort, démontrant que la Russie n’est pas isolée malgré la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales.

Renforcer l’alliance avec l’Asie

Les mesures de sécurité ont été intensifiées à Kazan, une ville située sur les rives de la Volga, qui a récemment subi des attaques de drones ukrainiens. Poutine prévoit un marathon diplomatique avec des entretiens bilatéraux impliquant notamment le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre indien Narendra Modi, et le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier, bien que membre de l’OTAN, a exprimé son intérêt à rejoindre les BRICS, un fait symbolique dans un contexte où la Turquie cherche à maintenir un équilibre stratégique complexe entre ses alliances avec l’Occident et ses nouvelles ouvertures vers l’Est.

Démontrer une alternative à l’Occident

Le Kremlin présente ce sommet comme le plus grand événement diplomatique jamais organisé en Russie, une réponse aux efforts des Occidentaux pour isoler Vladimir Poutine depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022. « Il est crucial de montrer qu’il existe une alternative aux pressions occidentales », explique Konstantin Kalatchev, un analyste politique russe. Pour Moscou, le sommet des BRICS, qui regroupe le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, et l’Afrique du Sud, représente un moyen de prouver l’existence d’un « monde multipolaire ».

En plus des discussions sur l’Ukraine et la montée des tensions au Moyen-Orient, une des priorités du Kremlin sera de promouvoir la création d’un système de paiement international alternatif au réseau SWIFT, dont les banques russes ont été exclues après l’invasion. Le sommet abordera également des sujets de portée mondiale, comme la dédollarisation des échanges économiques, un objectif essentiel pour Moscou.

Une présence remarquée, mais des absents de taille

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, initialement prévu pour être présent, a annulé son déplacement en raison d’un accident domestique, et interviendra en visioconférence. En revanche, l’absence notable du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane alimente les spéculations sur des tensions possibles entre ces deux géants énergétiques.

Avec l’intégration récente de quatre nouveaux membres (Éthiopie, Iran, Égypte, et Émirats arabes unis), les BRICS élargissent leur influence sur la scène mondiale. Le bloc représente désormais 35 % du PIB mondial et près de la moitié de la population globale, des chiffres qui dépassent ceux du G7. Pour le Kremlin, les BRICS construisent « brique par brique » un nouvel ordre mondial, éloigné de l’hégémonie occidentale. Un objectif qui attire de nouvelles candidatures, comme celle de la Turquie, cherchant elle aussi à redéfinir sa place dans cette nouvelle dynamique globale.

Ce sommet est un moment crucial pour Vladimir Poutine, qui veut prouver que, loin d’être un paria international, il continue de tisser des alliances solides avec des partenaires influents.

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