Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Mehmet D., un jeune homme de 28 ans, à six mois de prison avec sursis pour provocation à la haine raciale. Cette décision intervient après que le prévenu ait été photographié, le 21 octobre dernier, dans une rame de la ligne 13 du métro parisien, portant un maillot floqué du message « anti juif » dans le dos.
Une infraction reconnue
« L’infraction est caractérisée. Vous aviez conscience des mots que vous inscriviez sur le maillot et de leur caractère négatif », a souligné la présidente du tribunal lors du verdict. En plus de la peine de prison, Mehmet D. devra suivre un stage de citoyenneté, une obligation de soins, et verser des dommages et intérêts aux parties civiles.
Les expertises psychiatriques menées n’ont relevé « aucune altération ni abolition du discernement » chez l’accusé, malgré ses déclarations faisant état de troubles bipolaires. Le tribunal a donc jugé que l’acte était pleinement conscient et prémédité.
Durant l’audience, l’accusation a rappelé le caractère intolérable de l’antémitisme. « Le racisme et l’antémitisme ne sont pas des opinions. La liberté d’expression n’est pas absolue, elle est encadrée ! », a déclaré le procureur. Il a également souligné que l’accusé avait commandé et porté ce maillot intentionnellement dans des lieux publics. Les avocats des parties civiles, représentant notamment la Licra et SOS Racisme, ont plaidé pour une sanction exemplaire, rappelant la montée alarmante des actes antémites en France.
Des justifications contestées
Mehmet D., d’origine turco-kurde et résident de Seine-Saint-Denis, a expliqué avoir initialement voulu inscrire « anti Tsahal » (en référence à l’armée israélienne) sur le maillot, mais s’être résolu à « anti juif » faute de place pour les caractères. Il a exprimé des regrets à la barre, tout en attribuant son geste à des épisodes d’instabilité émotionnelle. « Je ne referai plus ce genre de choses », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était sous traitement médical. Ces explications n’ont pas convaincu la cour. Le procureur a insisté sur la préméditation de l’acte, rappelant que la démarche de confection et de port de ce maillot ne pouvait être fortuite.
Le jugement intervient dans un climat marqué par une augmentation significative des actes antémites en France, avec 887 incidents recensés au premier semestre 2024, selon le ministère de l’Intérieur. Les parties civiles ont souligné que ce type d’actes contribue à banaliser une haine historique, rappelant les mémoires tragiques de la Shoah. En condamnant Mehmet D., le tribunal a voulu rappeler la gravité des actes antémites et réaffirmer les limites à ne pas franchir en matière de liberté d’expression.