Semaine de 36 heures : bosser, mais plus pour quoi au juste ?

Semaine de 36 heures : bosser, mais plus pour quoi au juste ?

Après la réforme des retraites, voici venu le temps de la réforme de la semaine. La CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) a une idée lumineuse : bosser 36 heures au lieu de 35, mais sans être payé tout de suite. Pourquoi ? Pour financer sa retraite (via un régime par capitalisation) et soutenir l’effort de guerre. Oui, oui, vous avez bien lu.

Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, défend cette idée. Son raisonnement : puisque les retraites risquent de baisser, autant travailler plus pour se constituer un complément de pension. Mais attention, cette 36e heure ne sera pas rémunérée immédiatement. Non, elle ira directement dans une cagnotte pour la retraite, qui fonctionnera par capitalisation.

L’autre raison avancée : l’économie de guerre. L’industrie de la défense a besoin d’être boostée, et quoi de mieux qu’un petit coup de collier collectif ? Travailler une heure de plus par semaine, ça représente 3 % de production en plus à l’échelle nationale. C’est censé aider à financer l’augmentation du budget militaire annoncée par Emmanuel Macron début mars.

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, ne décolère pas. Pour elle, c’est une belle arnaque : « jouer à la roulette russe avec nos retraites » en remplaçant le système par répartition par un modèle où les retraites dépendraient des marchés financiers. Traduction : si la Bourse s’effondre, vos années de boulot en rab’ aussi.

Les critiques soulignent aussi que cette mesure profiterait surtout aux assureurs et aux gestionnaires de fonds plutôt qu’aux salariés. Une aubaine pour les banques, un pari risqué pour ceux qui triment.

Cette proposition, qui pourrait bien devenir un cheval de bataille du patronat, pose une question centrale : est-ce que les Français accepteront de travailler plus sans en voir immédiatement la couleur sur leur fiche de paie ? Entre l’inflation, le coût de la vie qui explose et les salaires qui stagnent, on peut légitimement se demander si cette idée ne va pas finir dans le grand cimetière des réformes jamais appliquées.

En attendant, préparez-vous : demain, on vous expliquera sûrement pourquoi bosser 37 heures est la clé du bonheur et de la souveraineté nationale.

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