À quelques heures de la formation du nouveau gouvernement, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et figure montante de la droite gaulliste, fixe ses conditions pour demeurer à Beauvau. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche (JDD), il explique vouloir poursuivre sa politique de fermeté tout en préservant les principes de sa famille politique. « Face à la tempête, il est hors de question de rester planqué », affirme-t-il.
Une menace terroriste persistante
Interrogé sur l’attentat à la voiture bélier perpétré en Allemagne, Retailleau met en garde contre une menace terroriste toujours présente en France. « Nos services déjouent chaque mois des projets d’attentats, y compris contre des sites olympiques ou des cibles symboliques », explique-t-il. Afin de protéger les rassemblements festifs de fin d’année, il a renforcé les mesures de sécurité, notamment par des contrôles accrus et des restrictions sur les mortiers d’artifice. « La lutte contre le terrorisme islamiste reste une priorité absolue », martèle-t-il.
Concernant la chute de Bachar al-Assad en Syrie, Retailleau exprime un « scepticisme vigilant ». Il alerte sur le risque que des djihadistes français retenus dans des camps puissent s’évader en cas de tensions entre la Turquie et les Kurdes. « Nous devons faire preuve d’une extrême prudence et avancer pas à pas dans nos relations diplomatiques avec le nouveau régime ».
Une crise majeure à Mayotte
Revenant sur la situation dramatique à Mayotte après le passage d’un cyclone, Retailleau décrit une « dévastation sans précédent », avec 70 % des habitations endommagées ou détruites. Il souligne la mobilisation massive de l’État, avec un pont aérien acheminant 50 tonnes de matériel par jour. « Ce que fait la France à Mayotte, peu de pays en seraient capables », déclare-t-il.
Cependant, il pointe l’impact du « chaos migratoire » sur l’île. Avec une population composée à moitié d’étrangers, dont beaucoup en situation irrégulière, Retailleau estime que l’immigration clandestine aggrave les conséquences des crises naturelles. « Reconstruire Mayotte sans régler la question migratoire serait comme bâtir sur du sable », prévient-il.
Les conditions posées à François Bayrou
Alors que les discussions autour du futur gouvernement s’intensifient, Retailleau insiste sur la nécessité de maintenir une politique de fermeté en matière de sécurité et d’immigration. « Je ne participerai pas à un gouvernement où siégerait une gauche otage de Jean-Luc Mélenchon », précise-t-il. Il plaide également pour une réduction des dépenses publiques et des mesures favorisant le pouvoir d’achat. Sur l’immigration, Retailleau annonce plusieurs mesures, notamment l’allongement de la durée de rétention des irréguliers dangereux et le rétablissement du délit de séjour irrégulier. Il prévoit également une circulaire de fermeté remplaçant celle de Manuel Valls.
Face à la crise de confiance envers la classe politique, Retailleau défend une droite qui agit sans compromis sur ses convictions. « La parole publique doit être claire et alignée avec les actes », affirme-t-il. Il critique l’alliance entre La France insoumise et certains élus de droite sur la censure du gouvernement Barnier, qualifiant cela de « jeu politicien au détriment de l’intérêt national ». Malgré les rumeurs sur ses ambitions présidentielles, Retailleau affirme ne pas être « atteint par le virus de la présidentielle ». Il conclut : « Je suis ici pour agir, pas pour préparer le coup d’après. Dans les tempêtes, la droite doit montrer qu’elle est au service des Français, sans jamais renoncer à ses valeurs. »
