Plus d’un mois après l’effondrement de sa coalition gouvernementale, le chancelier allemand Olaf Scholz doit affronter, ce lundi, un vote de confiance crucial au Bundestag. Cette étape, qui scellera sans doute son départ, ouvre la voie à des élections législatives anticipées prévues le 23 février 2025.
Une coalition brisée
La crise a éclaté le 6 novembre dernier, lorsque Scholz a limogé son ministre des Finances, issu du parti libéral (FDP), sur fond de désaccords profonds concernant la politique économique et budgétaire. Depuis, le chancelier de 66 ans, au pouvoir depuis 2021, dirige un gouvernement minoritaire composé de son Parti social-démocrate (SPD) et des Verts. Une configuration paralysante dans un pays qui était jusqu’ici un modèle de stabilité politique en Europe.
Pour provoquer la dissolution du Parlement et organiser de nouvelles élections, Olaf Scholz pose aujourd’hui la question de confiance aux députés. Compte tenu des rapports de force actuels, il devrait perdre ce vote, ouvrant la voie à un scrutin législatif auquel les partis se sont déjà préparés.
Les sondages donnent peu d’espoir au chancelier pour briguer un second mandat. Avec seulement 15 à 17 % des intentions de vote pour le SPD et 11,5 à 14 % pour les Verts, la coalition sortante semble condamnée. En revanche, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de Friedrich Merz, alliée à la CSU bavaroise, est largement en tête, créditée de 30 à 33 %.
Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), fort de 17 à 19,5 % des voix selon les enquêtes, reste isolé, les autres formations refusant toute collaboration avec lui.
Si Friedrich Merz s’impose, un gouvernement de coalition entre la CDU/CSU et le SPD apparaît comme le scénario le plus plausible. Pourtant, Olaf Scholz a déjà exclu toute participation en tant que vice-chancelier.
Une Allemagne en crise
La campagne à venir s’annonce centrée sur les questions économiques et sociales, dans un contexte de crise profonde pour la première économie européenne. L’Allemagne, qui pourrait entrer dans une seconde récession consécutive, fait face à des turbulences dans son industrie, notamment marquées par des annonces de plans sociaux, et s’inquiète des répercussions internationales, notamment après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Olaf Scholz tente de rassurer en s’appuyant sur son expérience, mais ses promesses – telles que des primes européennes pour les voitures électriques ou une réduction de la TVA sur les produits alimentaires – sont jugées irréalistes par la presse.
Friedrich Merz, de son côté, prône un programme conservateur classique : renforcement de la sécurité intérieure, durcissement des politiques d’asile, et soutien aux familles et aux entreprises par des allègements fiscaux. Il évoque également la possibilité de renvoyer des réfugiés syriens dans leur pays, une idée qui alimente déjà les débats.
Ce vote de confiance et la campagne électorale qui s’ensuit seront les derniers actes du mandat d’Olaf Scholz. Malgré son impopularité, le chancelier espère déjouer les pronostics, comme en 2021. Mais pour Friedrich Merz, une chose est certaine : « L’association Merz-Scholz et Scholz-Merz prendra fin le 23 février, dans toutes les constellations possibles. »
L’Allemagne, autrefois un pilier de stabilité en Europe, s’apprête à tourner une nouvelle page politique dans un contexte de doutes et d’incertitudes.