Sarkozy au tribunal : “Ces accusations me salissent”

Entrevue 1

Face au tribunal correctionnel de Paris, Nicolas Sarkozy, jugé pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, a une nouvelle fois clamé son innocence. L’ancien président, à la barre depuis le 6 janvier, a dénoncé les accusations portées contre lui comme “grotesques” et profondément blessantes.

Selon l’accusation, c’est lors d’une visite en Libye, en octobre 2005, que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, aurait scellé un pacte de corruption avec Mouammar Kadhafi, obtenant des millions d’euros pour financer sa future campagne présidentielle. Mais l’ancien chef de l’État a balayé cette hypothèse avec vigueur. “Je suis pour la première fois de ma vie en Libye, face à un homme qui ne parle qu’en arabe, avec des interprètes présents à chaque instant. Et on m’accuse de lui demander des millions sous une tente remplie de monde ? C’est absurde !”, a-t-il martelé.

Se décrivant comme “souillé” par ces accusations, Nicolas Sarkozy, 69 ans, a évoqué une “douleur immense” à devoir répondre à de telles allégations. Le parquet national financier, qui porte l’accusation, affirme qu’il aurait promis des contreparties politiques au dictateur libyen en échange de financements occultes, notamment en évoquant une éventuelle amnistie pour Abdallah Senoussi, beau-frère de Kadhafi et chef du renseignement militaire, condamné en France pour son rôle dans l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989.

Sarkozy a fermement nié ces allégations, soutenant qu’il n’avait jamais rencontré Senoussi et qu’il n’avait jamais envisagé de lui accorder une quelconque clémence. “Je n’ai pas un centime libyen dans ma campagne. S’il y avait eu un centime, on l’aurait trouvé !”, a-t-il déclaré avec force.

Cette ligne de défense est également soutenue par Claude Guéant, son ancien directeur de cabinet, qui a affirmé avoir été “piégé” par l’intermédiaire Ziad Takieddine, également impliqué dans l’affaire. Mais pour l’accusation, ce dernier aurait joué un rôle clé dans la mise en place du prétendu pacte de corruption.

Nicolas Sarkozy risque une peine de 10 ans de prison, une lourde amende et une inéligibilité de cinq ans. Si ses avocats insistent sur l’absence de preuves tangibles dans le dossier, les parties civiles dénoncent, elles, des zones d’ombre persistantes. “C’est VOTRE vérité, Monsieur Sarkozy”, a lancé l’un des avocats des parties civiles à l’audience, illustrant le bras de fer entre l’ex-président et ses accusateurs.

Le procès, qui doit se poursuivre jusqu’en avril, constitue un moment crucial dans la carrière de Nicolas Sarkozy. Plus qu’un simple procès, il symbolise pour lui une bataille pour son honneur et sa réputation.

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